À l’approche des vacances d’été, certains Français commencent à réserver leurs billets de train pour voyager. Mais en ces temps de coronavirus, ce moyen de transport est-il réellement sûr ? Selon un rapport de l’inspection du Travail révélé par Médiapart, l’air dans les TGV n’est pas suffisamment filtré. Ces trains sont ainsi présentés comme des « clusters ambulants ». Face à ces accusations, la SNCF s’est défendue. Explications.
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Quels sont les risques de transmission de la Covid-19 dans un train ? C’est la question à laquelle avait répondu une étude publiée en juillet 2020. Elle indiquait que le respect des gestes barrières était important lors d’un trajet en train car l’emplacement du siège et la durée du voyage avec une personne infectée par le coronavirus pouvaient augmenter le risque de contracter le virus.
Ces travaux ne sont pas les seuls à semer le doute sur le risque de transmission de la Covid-19 à bord de ce moyen de transport. Un rapport de l’inspection du Travail du Rhône révélé par Médiapart le 3 juin, laisse craindre que les TGV soient des « clusters ambulants ». Selon le document, adressé la direction de la SNCF le 21 mai, la concentration de CO2 dans les trains est supérieure au seuil limite recommandé.
Covid-19 : l’air n’est pas assez filtré et renouvelé dans les TGV
D’après les conclusions de l’enquête, réalisée sur la ligne TGV qui relie Lyon à Montpellier, les niveaux de CO2 dans les trains, qui dévoilent la qualité de l’air et son renouvellement, étaient à 1.380 ppm (soit parties par million), avec un pic à 3.994 ppm en gare de Valence. Or, pour rappel, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) avait recommandé, dans son avis publié le 28 avril, de ne pas dépasser les 800 ppm dans les lieux clos recevant de nombreuses personnes.
Selon le site d’investigation, la concentration en CO2 se situe bien au-delà du seuil de 800 ppm dans les trains à cause de la performance insuffisante du « système de ventilation et de filtration de l’air des TGV. » En clair, l’air dans ces trains ne serait pas suffisamment filtré et renouvelé. Médiapart a précisé que l’air neuf ne constitue que « 40% de l’air respiré dans les TGV ». Les 60% restants correspondent à de l’air recyclé via le système de climatisation.
La SNCF n’est pas équipée de filtres HEPA (High Efficiency Particulate Air), présentés comme les plus efficaces car ils assurent un recyclage de l’air sans laisser passer les petites particules virales, dont la Covid-19. Ceux utilisés par la société ferroviaire, qui sont de type gravimétrique, ne capteraient que 20% au mieux des particules susceptibles de favoriser les contaminations par aérosols.
« Sans filtre HEPA, les TGV sont des contaminoirs », a déclaré à FranceInfo Bruno Andreotti, professeur à l’École normale supérieure (ENS), spécialiste de la physique de la dispersion du virus et de la ventilation.
Le syndicat Sud Rail, qui avait réalisé ses propres relevés sur la ligne Paris-Lyon, avait déjà mis en garde, le 16 avril dernier, sur le risque de transmission de la Covid-19 dans les TGV. « Nous avons constaté des taux de CO2 très inquiétants sur les TGV ! Avec de tels taux, le risque Covid est particulièrement élevé », peut-on lire dans son communiqué.
Covid-19 : les TGV sont-ils des « clusters ambulants » ? La SNCF se veut rassurante
Après la publication de ce rapport, la SNCF a tenu à se défendre. « Les recommandations du Haut Conseil de la santé publique d’un seuil de taux de CO2 de 800 ppm ne concernent pas le transport ferroviaire mais ne visent que les seuls établissements recevant du public (ERP) non ventilés », a répliqué la société ferroviaire.
La SNCF a également assuré qu’elle appliquait « avec la plus grand rigueur (…) la réglementation en vigueur dans le transport ferroviaire ». « La sécurité dans les trains est par ailleurs assurée par le port du masque » et ces derniers font « l’objet d’une désinfection au moins quotidienne », a-t-elle affirmé. L’entreprise a aussi ajouté que « l’air recyclé subit en permanence un traitement mécanique, hygrométrique et thermique qui permet de diminuer le taux de particules virales diffusées par aérosolisation ».
Le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, s’est également voulu rassurant. « Les chiffres que nous avons, sur maintenant plus d’un an et demi, montrent que les transports en commun (…) ne sont pas des lieux de propagation prioritaires », a-t-il déclaré sur CNews le 4 juin. « C’est un sujet que nous avons pris très au sérieux, nous menons actuellement des études avec le Commissariat à l’énergie atomique qui a des capacités de modélisation très fines », a-t-il poursuivi.
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