Alors que le Journal du Dimanche révélait ce samedi 23 janvier qu’un reconfinement devrait être annoncé aux Français dans la semaine par Emmanuel Macron, de plus en plus de professionnels de la santé appellent le gouvernement à prendre des mesures plus restrictives.

Selon eux, non seulement « le reconfinement apparaît irrémédiable », mais il doit être instauré « sans attendre », comme l’a confirmé Karine Lacombe, infectiologue et chef de service à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, invitée du Grand Jury sur LCI ce dimanche 24 janvier.

Faire face à la menace des variants

Face à la menace du variant anglais de la Covid-19, plus contagieux, le président du Conseil scientifique, invité de BFMTV ce dimanche 24 janvier, a indiqué avoir préconisé au gouvernement de reconfiner les Français. « On est le pays d’Europe actuellement, avec l’Italie, dans la meilleure situation sanitaire », mais « c’est une fausse sécurité, la situation ne va pas pouvoir perdurer » à cause des variants qui se répandent et entraînent « l’équivalent d’une deuxième pandémie », a-t-il indiqué.

« Alors qu’on est dans une situation apparemment relativement stable, si nous continuons sans rien faire de plus, nous allons nous retrouver dans une situation extrêmement difficile, comme les autres pays, dès la mi-mars », a-t-il prévenu « Les mutants et variants changent complètement la donne depuis trois semaines. Ils apparaissent de façon multiple, ont des facteurs de transmission plus élevés, et accélèrent la transmission », note-t-il.

Jean-François Delfraissy a par ailleurs annoncé que l’enquête flash menée par Santé Publique France et destinée à mesurer la circulation des variants parmi les cas positifs détectés début janvier, devait être renouvelée « mardi et mercredi ». Mais d’ores et déjà, « une série de données » moins importantes que l’étude flash montrent « que le virus anglais est à des niveaux de 7, 8 ou 9 % dans certaines régions françaises », contre 2% début janvier.

En ce qui concerne le variant sud-africain, Jean-François Delfraissy indique qu’on « est peut-être autour de 1%, ces deux virus sont bien entrés en France. » Quant au mutant brésilien, il représente également un risque puisqu’on « a un point d’entrée avec la Guyane. »

Pour Karine Lacombe, « toutes les modélisations montrent que d’ici le mois de mars ce variant anglais sera majoritaire dans plus de 95% des cas, a-t-elle précisé sur LCI. Il est plus contagieux et des données très récentes montrent que, peut être, il y a un surcroît de mortalité, d’où la nécessité de confiner avant que ce variant ne submerge la France ».

De son côté, le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué, samedi 23 janvier au journal Le Parisien que « si les variants commencent à se diffuser partout, alors on prendra des mesures supplémentaires. Et cela s’appelle le confinement. Si on voit que le virus se remet à progresser fortement, on ferme. On le fera que si on n’a pas le choix ». 

Des hospitalisations en hausse

« Plusieurs indicateurs laissent penser qu’on est très proche d’une situation extrêmement dangereuse », a expliqué Karine Lacombe à LCI. Tout d’abord, le nombre d’hospitalisations : « Je vous rappelle que dans les deux périodes qui ont précédé le confinement, celui de mars et celui d’octobre, on était à 30 000 personnes hospitalisées. Nous approchons de ce seuil là », a-t-elle détaillé.

Autre indicateur : le nombre de personnes hospitalisées en réanimation. Et là aussi les indicateurs ne sont pas bons : « A l’occasion du premier confinement, on était entre 7 000 et 8 000 personnes hospitalisées dans ces services, là nous atteignons le seuil de 3.000 ». Si ce chiffre s’avère beaucoup moins important à l’heure actuelle, « lors du premier confinement, la quasi intégralité des places de réanimation en France était occupée par des patients Covid, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. »

Ce qui l’amène à conclure que le seuil de saturation du milieu hospitalier va être bientôt atteint : « On a commencé à déprogrammer cette semaine en Île-de-France », a-t-elle précisé.

« Est-ce qu’on prend les mesures au mois de mars, avec tous les inconvénients que ça peut avoir (…) ou un peu plus tôt, pour faire en sorte de baisser le nombre de cas pour passer finalement l’hiver sans avoir une submersion totale des hôpitaux », s’est ainsi interrogé le Pr Renaud Piarroux, de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, cité par France Info le 21 janvier. 

Pour Catherine Hill, épidémiologiste et biostasticienne, « ce qui est important dans une épidémie, c’est la dynamique : la vitesse de circulation du virus et le rythme d’augmentation des hospitalisations », disait-elle auprès des Echos le 28 octobre. Selon elle, il faudrait donc « confiner pour tester massivement », a-t-elle martelé dans un entretien accordé le 24 janvier dernier à La Dépêche.

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