Blues hivernal, problèmes de sommeil, décalage horaire… Et si une lampe LED bien ciblée effaçait ces soucis qui plombent notre quotidien ? Les récentes avancées scientifiques autour de la lumière thérapeutique ouvrent grands les horizons de la médecine et du bien-être. On en profite !
Saviez-vous qu’une horloge interne fait pulser votre organisme ? Située dans l’hypothalamus – une petite glande cérébrale, elle donne le tempo à votre fréquence cardiaque, aux variations des sécrétions hormonales, de la température ou de la tension artérielle… sans oublier les périodes de veille et de sommeil. Ces cycles complexes sont automatiquement calés sur… la lumière ! « Depuis 4 milliards d’années, l’homme est branché sur le soleil ; l’alternance obscurité et clarté a façonné nos gènes d’espèce diurne : on dort la nuit, dans le noir, et on est actif le jour », pose François Duforez, médecin du sport et du sommeil.
L’ancien chef de clinique des Hôpitaux de Paris travaille autour des thérapies d’exposition à la lumière artificielle au Centre Européen du sommeil de l’Hôtel Dieu Paris.
Véritable filtre émotionnel appliqué à notre vie intérieure, la lumière joue sur l’humeur et la sensation de bien-être mais aussi sur la mémoire, les performances cognitives, la vigilance, les réflexes, la capacité à prendre des décisions. Sans surprise, la luminothérapie fait l’objet de nombreuses recherches médicales et technologiques. Ce booster de performance suscite aussi l’engouement des grands sportifs et des chefs d’entreprises.
Contrairement aux écrans de nos smartphones et tablettes, la lumière LED utilisée dans les lampes de photothérapie réveille notre énergie profonde tout en aidant, le moment venu, à nous endormir. En bref, elle re synchronise notre organisme. On peut toutes s’y adonner une demi-heure par jour, à la maison, ou au bureau. Simplissime !
Des bienfaits sur les maladies de peau, Parkinson, le baby blues…
Comment ça marche ? L’idée de la thérapie par la lumière remonte aux années 80. Une équipe de recherche israélienne découvre que la lumière module l’horloge biologique humaine via deux zones situées derrière nos yeux. Ces deux centres de perception appelés noyaux suprachiasmatiques (NSC), sont reliés à l’hypothalamus. Dans les années 2000, on s’aperçoit que le mécanisme de synchronisation ne dépend pas de ce que l’œil voit mais de ce que la rétine perçoit. Inutile de regarder la lumière en face. La simple exposition à 30 centimètres de la personne permet de faire passer le message au cerveau via les cellules rétiniennes périphériques.
Pratique et redoutablement efficace : une équipe américaine a même démontré les bénéfices d’une exposition lumineuse biquotidienne sur les patients atteints de la maladie de Parkinson. La photothérapie soulage aussi les personnes atteintes de psoriasis. La lumière LED bleue ralentit la prolifération des plaques et atténue l’inflammation. Les lampes aident à lutter contre les troubles alimentaires ou encore le baby blues. Des arguments qui poussent à s’équiper ! Sur le marché, dominé par les géants Philips et Beurer, deux options sont disponibles : la lumière blanche et la lumière bleue.
Une demi-heure de lumière le matin pour se sentir mieux
L’effet de la lumière sur l’horloge biologique dépend de son intensité, de sa durée, de sa composition spectrale (couleur et température de couleur) et du moment d’exposition. La technologie actuelle reproduit une lumière blanche – la plus utilisée en photothérapie – à partir des longueurs d’ondes de trois couleurs seulement, au lieu de sept pour la lumière naturelle. Très énergétique, le photon bleu est 100 fois plus puissant que le blanc. La lumière bleue stimule les zones de la mémoire, améliore les tâches cognitives d’apprentissage et le temps de réaction. « Elle est très efficace mais peut abimer la rétine ; il faut une prescription médicale », prévient François Duforez.
Le bémol : le corps médical français compte peu de professionnels formés à la luminothérapie. « Les recherches sont récentes ; les médecins formés avant l’an 2000 sont dépassés », pointe le professionnel. En l’absence d’ordonnance, optez pour une lampe de lumière blanche dont l’intensité lumineuse oscille entre 2 500 et 10 000 lux et exempte d’UV (gare aux marques méconnues dénichées sur internet). « Une demi-heure le matin suffit ; au delà, le cerveau est saturé » cadre le médecin.
Autres conseils pour se recaler : s’exposer le matin à la lumière du jour ; limiter l’exposition aux écrans d’ordinateurs ou tablettes le soir, faire du sport ou une marche énergétique avant 18h, idéalement en matinée. François Duforez souligne que la capacité à « recaler » son horloge biologique n’est pas la même pour chacun. Certains sont très sensibles aux changements de rythmes, d’autres moins. « Tout le monde n’est pas réceptif à la luminothérapie. »
Les femmes et les ados plus concernés
Bon à savoir : le cycle de veille-sommeil (dit circadien) varie d’un individu à l’autre. « Il existe des chronotypes du matin : l’horloge biologique de ces personnes est plus courte que l’horloge terrestre. Ceux du soir, au contraire sont plutôt en retard de phase : leur horloge interne dépasse les 24 h », expose le médecin. Les femmes ont 2,5 fois plus de chance que les hommes d’avoir un cycle circadien inférieur à 24h. D’où leurs problèmes d’insomnies plus fréquents.
Autre cas particulier : l’adolescence. Quelque soit son chronotype, la jeune fille traversera une zone de fortes turbulences quant à ses rythmes internes : à partir de 13 ans, la quantité de sommeil lent profond diminue de 35% au profil d’un sommeil plus léger. Les jeunes vivent alors une sorte de décalage horaire permanent. Au moment de se coucher à 23 heures, l’horloge biologique interne de l’ado sonne 20 heures ; le sommeil est loin. Le lendemain, quand le réveil sonne à 7 heures, son corps affiche le métabolisme de 4 heures du matin. Etat semi somnolent la journée, difficultés d’endormissement, dette chronique de sommeil… « les jeunes ont tout intérêt à s’exposer à des lampes à haute intensité avant de commencer leur journée, par exemple pendant leur petit déjeuner », détaille-t-il.
Une monde moderne qui favorise la désynchronisation de masse
Plus on vit au nord de la France, plus on devrait utiliser la photothérapie en hiver, parce que « toutes les lumières naturelles ne se valent pas ». Plus on monte vers les pôles, moins la lumière est chargée en lux (l’unité de mesure des rayons lumineux). A fortiori en hiver, où la durée du jour peut chuter à 3 ou 4 heures dans les pays scandinaves, une région du monde passée championne dans les applications à grande échelle de la luminothérapie. En France, le 21 juin au zénith, l’œil perçoit plusieurs dizaines de milliers de lux. « L’hiver, quand le ciel est bas, on est à 500 lux grand maximum, à l’intérieur comme à l’extérieur. Or, l’horloge interne est entrainée à partir de 1000 lux. De plus, les gens sortent moins, d’où l’épidémie de problèmes de sommeil », explique François Duforez.
Sans lumière suffisante, le corps ne se réveille pas vraiment. Et le soir, quand l’organisme a besoin d’obscurité pour produire sa dose de mélatonine – l’hormone du sommeil-, on veille à la lueur des ampoules électriques et on consulte les écrans au lit… « le monde moderne engendre une désynchronisation de masse. Cela crée des nouvelles pathologies. » La dépression saisonnière en est une ; 5 % des Français en souffrent.
Les LED pour une exposition collective
Heureusement, l’évolution de la technologie Led devrait permettre à terme d’instaurer un réseau de luminothérapie collective, à l’instar des « Bright Light » cafés où les Scandinaves ont l’habitude de se retrouver avant d’aller au travail. L’idée : illuminer en mode thérapeutique plutôt qu’éclairer simplement les espaces publics. En France, des salles de classes sont déjà équipées. A la station parisienne de RER Châtelet, on reproduit des éclairages qui se rapprochent de la lumière du jour. La société Lucibel, spécialisée dans l’éclairage Led pour les entreprises, travaille sur des luminaires de bureaux chronobiologiques diffusant un éclairage imitant le cycle du soleil, tout au long de la journée.
Certains aéroports internationaux proposent des salles pour atténuer le décalage horaire. « A terme, on peut tabler sur une forte baisse de la consommation de somnifères et de psychotropes », se réjouit François Duforez. Nous aussi.
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