C’est sur le toit de la Tour Montparnasse qu’Arnaud Vaillant et Sébastien Meyer ont dévoilé le tout premier défilé physique de cette Fashion Week parisienne printemps-été 2021. Rencontre.
Partenaires dans leur vie privée comme dans leur vie professionnelle, Arnaud Vaillant, 30 ans, et Sébastien Meyer, 31 ans, ont lancé leur label parisien chic Coperni en 2013. Ils décrochent alors le prix des Premières Collections de l’ANDAM, ainsi qu’une place très prisée parmi les finalistes du prix LVMH. En 2015, ils sont nommés directeurs artistiques de la maison Courrèges, un poste qu’ils occupent jusqu’en 2017, et pour lequel ils mettent de côté leur propre marque. Aujourd’hui, Coperni est de retour sur le calendrier de la Fashion Week de Paris avec une gamme de prix plus abordable, et un focus axé sur la portabilité et l’innovation. Créateurs de véritables it-bags, ils ont notamment fait un carton avec leur sac Swipe, aperçu au bras de Dua Lipa cet été. «Nous voulons créer des vêtements chics, mais qui possèdent des éléments technologiques surprenants », explique Sébastien Meyer. «Pendant cette période, nous avons réalisé à quel point le corps était fragile, c’est pourquoi notre collection printemps-été 2021 est douce et protectrice », précise Arnaud Vaillant. Au programme : silhouette décontractée, textiles tridimensionnels, formes biomorphiques, et couleurs vives rappelant les iPods du début des années 2000. Le tissu en jersey technique utilisé dans toute la collection pour le tailoring est souple et confortable, mais aussi antibactérien, hydratant, et offre une protection contre les UV. Coperni a présenté le premier défilé physique de la Fashion Week de Paris, sur le toit de la Tour Montparnasse, devant un nombre restreint d’invités. Quelques jours avant l’événement, les créateurs ont discuté avec Vogue de leur optimisme pendant la pandémie, de l’importance de comprendre sa communauté, et de l’avenir de la mode avec les tissus intelligents.
D’où venez-vous et comment vous êtes-vous rencontrés ?
Sébastien Meyer : “Nous venons tous les deux du sud de la France, et nous nous sommes rencontrés à l’école de mode Mod’Art International à Paris. Arnaud étudiait le management et moi le design. Nous sommes ensemble depuis 12 ans.”
Arnaud Vaillant : “Nous avons créé Coperni de manière très spontanée. Instagram venait d'apparaître et nous avons posté seulement trois photos, mais cela a suffit pour que Clara Cornet, alors acheteuse chez Opening Ceremony, nous contacte. Peu de temps après, nous avons remporté le prix de l’ANDAM et fait partie des finalistes pour le prix LVMH. À cette époque, cela faisait près d’un an que nous étions en discussion avec les propriétaires de Courrèges, et nous avons intégré la maison en tant que directeurs artistiques.”
Quels enseignements avez-vous tirés de votre travail chez Courrèges, et comment cela a-t-il influencé le nouveau lancement de Coperni ?
AV : “Nous avons énormément appris sur la manière de créer une collection complète, de produire un défilé, et de gérer toute la communication. Nous devions aussi travailler avec l’ADN de Courrèges. Quand nous avons relancé Coperni, nous avons puisé dans notre expérience chez Courrèges, mais cette fois-ci nous voulions faire les choses de façon plus intelligente et plus agréable.”
D’où vient le nom de la marque, et comment décririez-vous l’ADN de Coperni ?
SM : “Le nom Coperni vient de Nicolas Copernic, l’astronome qui a avancé que le Soleil était au centre de l’univers (et non la Terre). Nous mettons la femme et son corps au centre de notre travail.”
AV : “Nous adorons le progrès, l’innovation, et la science. Coperni est un mélange du futur et du passé.”
Comment votre équipe et vous-mêmes avez-vous géré le travail pendant la pandémie ?
AV : “Nous sommes des individus optimistes, alors nous avons profité de cette période pour réfléchir à l’ADN de la marque et parler à notre communauté. Découvrir ce que les gens pensaient de Coperni était très inspirant. Puis nous avons créé une collection capsule qui a été lancée en juin et qui s’est bien vendue. Sébastien peut créer une collection rien qu’avec un iPhone et un iPad.”
SM : “Compte tenu de l’état actuel du monde, nous voulions essayer d’améliorer les choses. C’était un bon défi. Nous avons aussi la chance de vivre près du bureau, ce qui nous a facilité la tâche.”
Qu’est-ce que vous préférez dans la collection printemps-été 2021 ?
AV : “La silhouette. C’est un mélange de veste cintrée mais douce et souple, avec un pantalon ample et architectural.”
SM : “Les nouveaux sacs, car j’ai pris énormément de plaisir à les concevoir. Cette saison, nous allons lancer le sac Bluetooth.”
Vous créez un nouveau sac chaque saison – était-ce votre intention de produire un It-bag ?
AV : “Non, ça s’est fait naturellement. Sébastien a les idées, et nous avons trouvé le fabricant idéal en Italie qui utilise les meilleures matières. La forme des sacs s’inspire de symboles technologiques, comme le Bluetooth, Swipe, ou Wifi.”
Pourquoi teniez-vous absolument à organiser un défilé physique en cette période ?
SM : “Nous avons fait un "vrai" défilé de mode en février chez Station F, et c’était un moment incroyable. Quand on réunit la musique, les mannequins, et les vêtements, c’est extraordinaire, et nous ne voulons pas perdre cette expérience. Nous allons organiser notre défilé sur le toit de la Tour Montparnasse, c’est un espace ouvert, ce qui est parfait pour respecter les mesures sanitaires.”
Les réseaux sociaux sont un outil marketing essentiel pour Coperni. Qu’est-ce qui fait le succès d’une campagne numérique ?
AV : “Nous sommes des designers geeky. Nous avons réalisé de nombreux projets numériques sur Instagram pour nos collections, qui sont toujours ludiques. Le premier était un jeu d’aventure personnalisable qui s’appelait "Copernize Your Life", et le deuxième, "Coperni Arcade" se jouait via les stories Instagram.”
SM : "Nous rendons les choses interactives car nous avons l’impression que la plupart des marques utilisent Instagram de manière très passive. Cet été, nous avons lancé "Coperni Summer Camp", qui comprenait également plein de jeux."
Pensez-vous que la mode doive se concentrer davantage sur la technologie ?
SM : “Oui, sur la technologie portable, mais de manière subtile. Nous voulons créer des vêtements chics, mais qui possèdent des éléments technologiques surprenants, pas quelque chose qui ressemble à un gadget. Et pour notre génération, il est également important que le vêtement soit durable.”
Qu’espérez-vous pour l’avenir de l’industrie de la mode ?
SM : “J’espère que les gens ne continueront pas de faire du numérique sans raison. Si vous n’êtes pas passionnés par le numérique ou la vidéo, n’en faites pas. Nous voulons continuer de créer de beaux moments humains avec des défilés physiques et mélanger tout cela à des projets numériques ludiques qui parlent à notre communauté. C’est l’avenir.”
AV : “Le système de la mode doit changer en profondeur, il n’a plus aucun sens. L’industrie a peut-être du sens pour ceux qui travaillent dedans, mais pas pour le client. Le client est la priorité.”
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