Vérifier sa pression artérielle grâce à un appareil d’automesure est un geste simple qui devrait devenir un réflexe… pas seulement réservé aux personnes hypertendues. Choix de l’appareil, procédure, préconisation… Voici tout ce qu’il faut savoir pour mesurer sa tension à la maison et assurer un suivi santé.

Pourquoi est-ce utile ?

L’hypertension n’entraîne le plus souvent aucun symptôme, mais induit inévitablement des complications cardiovasculaires (de type AVC) à terme. Il est donc nécessaire de la dépister. Mais pourquoi effectuer les contrôles à domicile ? « La tension varie constamment : elle augmente avec l’activité physique ou sous l’effet des émotions et diminue avec le repos », explique le Dr  Sylvain Le Jeune, qui exerce dans le service de médecine interne et d’hypertension artérielle de l’hôpital Avicenne à Bobigny (93). Une tension « limite » ou même élevée chez le médecin peut ainsi être liée au fameux effet « blouse blanche », induit par le stress, et ne pas refléter la tension habituelle. L’automesure chez soi est alors recommandée. L’objectif ? Etre certain du diagnostic en renouvelant les contrôles sur plusieurs jours. Si un traitement antihypertenseur est instauré, l’automesure est utile pour en vérifier l’effcacité. A savoir : une personne sur deux traitées pour une hypertension aurait une tension mal contrôlée.

Dans quel cas est-ce recommandé ?

L’automesure se révèle nécessaire chez les personnes à risque élevé d’hypertension. Comme celles qui ont des parents proches (père, mère, frères ou sœurs) traités pour cette pathologie avant 50 ans. « Dans ce cas, la surveillance doit commencer dès l’âge de 30 ans », recommande le Pr  Xavier Girerd, cardiologue et président de la Fondation de recherche sur l’hyper-tension artérielle. Quand on prend 4 ou 5 kilos aux alentours de la cinquantaine – que l’on a du mal à perdre ! –, il est également temps de débuter un contrôle. D’autant plus si l’on est fumeur, que l’on mange salé (régulièrement du fromage, de la charcuterie ou des plats asiatiques) ou que l’on a du cholestérol ou un diabète. Les femmes sous pilule sont aussi à risque. « Or le renouvellement de la contraception se fait parfois sans aucune mesure de tension », déplore le Dr  Nicolas Postel-Vinay, du centre d’hypertension artérielle de l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris. Enfin, les artères perdant leur souplesse avec l’âge, ce qui augmente la pression dans les vaisseaux, « il faudrait prendre sa tension au moins une fois par an à partir de 60 ans, même si l’on est apparemment en bonne santé », conseille le Pr  Girerd.

Quel type d’appareil choisir ?

On trouve dans le commerce des auto-tensiomètres qui se mettent au poignet et d’autres qui se posent autour du bras. Les premiers peuvent toutefois induire des erreurs de mesure lorsqu’ils sont mal mis en place ou parce que le poignet n’est pas à hauteur du cœur : trop haut, la pression est minorée, et inversement ! Les autotensiomètres « bras » sont donc préférés et recommandés par les médecins. Seul impératif, vérifier la taille du brassard, mentionnée généralement sur l’emballage, qui doit être adaptée à la circonférence du bras. Si besoin, certaines marques vendent, à part, des brassards de très grande taille. Attention aussi à ne pas utiliser un brassard de marque différente de l’appareil de mesure. Côté fiabilité, il est prudent de choisir une marque connue comme Omron, Hartmann, Spengler, Microlife, Exacto ou encore Cooper (en pharma-cies et/ou dans les magasins spécialisés de type Darty, Boulanger…). Parmi les nombreux modèles électroniques disponibles, tous affchent, en plus des chiffres de la tension, la fréquence cardiaque. « Un bon appareil d’entrée de gamme est suffsant et coûte entre 30 et 40 € », estime le Pr  Girerd. De multiples options font ensuite rapidement grimper les prix. Parmi elles, on peut retenir les capteurs de mouvement, de mauvais positionnement du brassard ou d’arythmie induisant de fausses mesures. Les appareils connectés, eux, sont surtout intéressants pour archiver les résultats et les partager avec son médecin.

Le coup de pouce des nouvelles technologies

Il existe des sites Internet et des applis qui aident à analyser les résultats et le degré d’urgence d’une consultation. Ils prennent en compte non seulement les valeurs tensionnelles, mais aussi d’autres paramètres comme l’âge, le poids, l’état de santé… Certains sont validés scientifiquement, comme DepistHTA, une appli téléchargeable ratuitement sur un mobile, ou Hy-Result (hy-result.com).

Comment l’utiliser ?

En démarrant l’appareil, le brassard se gonfle tout seul, puis se dégonfle en captant la pression artérielle. Chaque mesure doit se réaliser en position assise après cinq minutes de repos, jambes non croisées, sans parler ni avoir fumé pendant les trente minutes qui précèdent. L’idéal est de reposer son bras sur une table ou un accoudoir pour éviter de le bouger. Si l’on utilise un tensiomètre poignet, à placer avec l’écran côté paume de la main, la bonne position est de mettre les bras croisés sur la poitrine en se tenant les coudes. « On estime qu’il faut de douze à dix-huit mesures réparties sur deux ou trois jours pour avoir une idée de la “vraie” tension d’une personne », indique le Pr  Girerd. En pratique, on réalise trois mesures à une minute d’intervalle environ, le matin, avant le petit déjeuner et, éventuellement, la prise des traitements, et trois mesures le soir après le dîner et, le cas échéant, la prise des médicaments. Et ce, deux ou trois jours de suite. Si l’on est suivi par un médecin, on réalise ces mesures les jours précédents la consultation. En auto-dépistage, un ou deux contrôles par an suffsent tant que la tension est normale. Attention à bien noter et à rapporter au médecin tous les chiffres indiqués par l’appareil : par exemple, 138/88 et non 13/8, trop imprécis !

Des appareils connectés pour archiver les résultats et les partager avec son médecin

Comment interpréter les résultats ?

La « tension » reflète la pression exercée par le sang sur les artères. Elle est définie par deux valeurs : la pression systolique, la plus forte, lorsque le cœur expulse le sang, et la pression diastolique, la plus basse, lorsque le cœur se relâche. En automesure à domicile, le diagnostic d’hypertension est posé si l’une des deux valeurs (ou les deux !) est trop élevée : le seuil est établi à 135/85 mm de mercure (Hg). Inutile de se précipiter chez le médecin pour un résultat isolé de 140/90  mmHg. En revanche, si ce chiffre est confirmé par plusieurs mesures, on prévoit un rendez-vous. Lorsque la tension est très élevée (180/110 mmHg, par exemple), il faut s’allonger et rester au calme cinq minutes avant de reprendre les mesures. Elles restent identiques ? On consulte dans les vingt-quatre heures. Elles diminuent ? Il s’agit d’une poussée de tension qui nécessite un avis médical dans la semaine. En revanche, si l’hypertension est associée à des troubles de la parole, une baisse brutale de la vision, une douleur dans la poitrine ou une diffculté respiratoire, là, il y a urgence : appelez le 15 ! « En aucun cas les patients sous antihypertenseur ne doivent modifier leur traitement par eux-mêmes », met en garde le Dr  Postel-Vinay. Seul le médecin a la capacité d’interpréter réellement les résultats, en prenant en compte les autres facteurs de risque cardio-vasculaires (surpoids, tabagisme, diabète…).

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