• La sixième et dernière saison de Silicon Valley débarque sur HBO (et lundi sur OCS).
  • La comédie de Mike Judge se termine en beauté en s’attaquant aux dérives des Gafa.
  • La série est toujours aussi drôle mais beaucoup plus politique et c’est tant mieux.

Un clap de fin politique pour Silicon Valley. La délirante comédie
HBO créée par Mike Judge (Beavis & Butthead, Idiocracy), qui tire sa révérence à la fin de cette ultime saison, en profite pour faire la leçon aux leaders américains du numérique. Les aventures de Richard et de sa start-up Pied Piper reviennent ce dimanche en forme de grosse claque -pour ne pas dire f**ck- aux dérives éthiques et démocratiques des géants de la tech.

Depuis ses débuts, Silicon Valley n’a eu de cesse de faire des clins d’œil à l’actualité de la vallée californienne : 
Sophia le robot et son créateur Ben Goertzel, l’intelligence artificielle et ses détournements comme on a pu le voir avec le
chatbot «Tay» de Microsoft, la rivalité avec les Chinois à travers le personnage de Jian Yang, les inquiétudes autour des objets connectés… La saison 6 s’engage un peu plus en s’attaquant à un sujet très politique : l’exploitation des
données personnelles et l’enregistrement des conversations.

Le remake de Zuckerberg au Congrès

Dès le premier épisode, la série met les pieds dans le plat en singeant l’audition de Mark Zuckerberg devant le Congrès américain en avril 2018. Souvenez-vous, le fondateur de
Facebook a témoigné pendant plus de 10 heures sur deux jours, répondant à des sénateurs fâchés par le scandale
Cambridge Analytica. Silicon Valley fait le remake. Richard Hendricks (Thomas Middleditch), le CEO de Pied Piper, un algorithme de compression révolutionnaire, prend la place de « Zuckie » pour s’en prendre aux Big Tech qui s’enrichissent sur le dos de leurs utilisateurs.

Le jeune entrepreneur -aux faux airs de Mark Zuckerberg- s’adresse à son pays pour prôner un Internet décentralisé, c’est-à-dire sans pare-feu, sans réglementation gouvernementale, sans espionnage. Plus habituée aux impairs de son président qu’à une allocution inspirée, l’équipe de Pied Piper, scotchée devant la retransmission à la télévision, ne cache pas son enthousiasme. Cette scène d’ovation serait d’ailleurs inspirée de la réalité. Les employés de Facebook auraient applaudi à la fin de l’audition de leur boss, indique The Verge.

Le problème des données

Le comique de la série repose bien souvent sur les gaucheries consternantes de son héros qui a le don de se mettre dans des situations inextricables. A nouveau, ça ne loupe pas. Alors que Pied Piper a réussi à s’imposer comme une entreprise majeure de la Silicon Valley, Richard découvre qu’il a menti sans le vouloir aux sénateurs du Congrès américain. Colin (Neil Casey), l’un de ses développeurs, lui avoue qu’il collecte les données pour améliorer l’expérience utilisateur.

« Peut-être que ce sera comme Google qui dit « ne soyez pas méchant » ; ou Facebook qui dit « je suis désolé, nous ferons mieux » ; ou moi qui dit « je n’utilise pas votre casque pour enregistrer tout ce que vous dites » », lance Colin avec ironie. Ça nous rappelle vaguement le scandale qui a éclaboussé Amazon, Google et
Apple cet été. Ces derniers ont admis écouter les internautes via leurs assistants virtuels tandis que Facebook a payé des
centaines de sous-traitants pour transcrire des extraits sonores de conversations de certains usagers.

Les dernières affaires apportent sur un plateau d’argent tous les ressorts du comique : un système vicié qui utilise les données personnelles à des fins commerciales et qui se sert des activités numériques pour influencer les internautes. Il était temps qu’une série populaire se fasse l’écho de ces dérives. Mais il aura fallu pour cela attendre sa toute dernière saison.

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