• Samedi, les téléspectateurs du monde entier pourront suivre le couronnement du nouveau roi d’Angleterre Charles III à l’abbaye de Westminster.
  • Pour l’occasion, TF1, France 2 ou encore BFMTV bousculent leurs antennes et consacrent à l’événement des « éditions spéciales ».
  • Mais comment se préparent les télévisions françaises pour cette journée historique ? Deux mots d’ordre : anticiper et se démarquer.

Samedi, toutes les caméras du monde entier ou presque seront tournées vers l’Angleterre. Car près de huit mois après le décès d’Elizabeth II, la monarchie britannique couronnera son nouveau roi, Charles III, lors d’une cérémonie qui se déroulera à partir de 11 heures (12 heures en France) à l’abbaye de Westminster. Parmi ces caméras, les télés françaises comptent bien évidemment se frayer une place de choix pour suivre ce couronnement hyper calibré et ses à-côtés. Les grands moments de la famille royale passionnent toujours autant les téléspectateurs et permettent aux chaînes de réaliser des audiences non négligeables. A l’automne dernier, près de quatre milliards de personnes à travers la planète faisaient leurs adieux à la reine selon des estimations du Daily Mail, plus de 7,5 millions en moyenne en France, rapportaient Les Echos.

Pour Charles III et Camilla, TF1, France 2 ou encore BFMTV, bouleversent de nouveau leurs programmes du week-end pour consacrer au couple royal leurs fameuses « éditions spéciales ». Bye bye les classiques JT du samedi midi, place au direct, aux duplex et aux spécialistes de la couronne dès le petit-déjeuner jusqu’au tea time. Mais comment se préparent les chaînes pour capter au mieux cette séquence historique ? Et comment sortir du lot face à la concurrence ? Deux mots d’ordre : anticiper et se démarquer.

« Le contraire de l’improvisation »

Ce couronnement, les rédactions s’y préparent depuis longtemps. « Nous sommes dans la prolongation de ce qui s’est passé autour de la disparition de la mère de Charles, explique à 20 Minutes Philippe Corbé, directeur de la rédaction de BFMTV. Le jour où elle décède, on est déjà en capacité de faire la matinale et des heures d’antenne sur place depuis Londres.

Mais ça faisait plusieurs années qu’on le préparait, on avait identifié un lieu, un plateau, chacun savait exactement ce qu’il avait à faire. Il y avait un plan, c’était le contraire de l’improvisation. » Et ça l’est encore moins pour un tel événement qui, lui, est prévisible. « On sait depuis les obsèques de la Reine qu’il va y avoir un couronnement. C’est moins difficile de le faire en pouvant anticiper des mois à l’avance », affirme-t-il. Même son de cloche chez TF1.

« Au début, on ne savait pas à quelle période allait avoir lieu ce couronnement, plein de questions se posaient encore mais on s’est tout de même mis en ordre de bataille dès la mort de la reine, en mode commando », précise Antoine Guélaud, directeur des opérations spéciales. Pour l’occasion, il a notamment été décidé de mutualiser les trois rédactions (TF1, LCI et TF1info) et de codiffuser en simultané sur les deux chaînes.

Pour être prêt pour le grand jour, il faut aussi réfléchir aux différents lieux de reportages, aux différents enjeux, aux invités présents pour commenter les images. Cela nécessite également une anticipation d’un point de vue technique, accréditer les journalistes et leur réserver des emplacements près des points stratégiques (comme sur l’avenue The Mall où défilent les cortèges royaux), ou encore des créneaux satellitaires. Du côté de France 2, la clé de la réussite passe aussi par l’anticipation.

« On a la chance de pouvoir s’appuyer sur des gens de la production en interne et monter avec eux ce dispositif, comme bloquer des positions duplex un peu partout, surtout à Buckingham et Wesminster, précise Caroline Thébaud, rédactrice en cheffe des opérations spéciales de France 2. Si vous voulez avoir des positions de duplex aux bons moments et aux bons endroits, il faut réserver auprès de la BBC ces créneaux que toutes les télés s’arrachent. »

« C’est un énorme défi »

Le jour J, il faut ainsi pouvoir alimenter des heures et des heures de direct. Les chaînes seront sur le pont dès 6 heures du matin samedi, puis lanceront toutes leurs dispositifs aux alentours de 9 heures, qui dureront jusqu’à la fin de la cérémonie en milieu d’après-midi. Soit six sept heures d’antenne… « C’est un énorme défi de forme et de fond », reconnaît Antoine Guélaud pour TF1. Pour lui, il faut « donner envie aux téléspectateurs » mais aussi « décrypter et décoder tous les codes de la cérémonie. Ce n’est pas juste un spectacle, c’est un événement d’informations et on doit apprendre un maximum ».

Sur place, TF1 mise sur un dispositif « tout en mouvement » avec quinze envoyés spéciaux qui sillonneront les rues de Londres à bord d’une Rolls, d’un taxi ou encore d’un side-car. « On sera aux côtés des Anglais qui vont vivre ce couronnement comme une fête. On a aussi envie de faire de cette émission un happening permanent autour de ce qui intéresse les Français dans la capitale britannique à l’occasion de ce couronnement », ajoute le directeur des opérations spéciales du groupe. Près de 80 personnes ont été mobilisées pour suivre cet événement historique.

Autre challenge, se différencier de la concurrence, sachant que toutes les chaînes du monde entier vont se partager les mêmes images. Car seule la BBC filme la cérémonie du couronnement, qui fournit ensuite un « signal international ».

« Ce qui compte pour nous c’est d’apporter quelque chose en plus, explique Philippe Corbé pour BFMTV. Il y a des choses qu’on a préparées un peu à l’avance, des thèmes, des angles, mais on ne va pas faire des sujets papier glacé qui seraient froids et un peu éloignés de la force de l’événement du moment. On va traiter cet événement-là comme on les traite tous : avec la force de l’image en direct, ce qu’on sait faire au quotidien. » Samedi, plusieurs dizaines de personnes de la chaîne d’infos seront déployées pour couvrir au mieux cette cérémonie royale, parmi elles des reporters, des journalistes reporters d’images ou encore des techniciens. Jean-Baptiste Boursier, le présentateur de cette édition spéciale, sera quant à lui en plateau délocalisé à Londres, sur la même terrasse que pour les funérailles d’Elizabeth II.

Sur France 2, une dizaine de journalistes et d’envoyés spéciaux seront déployés dans les rues de Londres – comme Louise Eckland à bord d’un taxi électrique –, mais aussi à Melbourne en Australie, pays membre du Commonwealth. « On essaye d’être au plus près de l’événement. Cela veut aussi dire être en direct, le conducteur peut bouger, le déroulé peut amener à être décalé. On va s’adapter à ce qu’il se passe et être le plus réactif possible », assure Caroline Thébaud.

« Le meilleur plateau possible d’invités »

La chaîne mise aussi sur un plateau de choix. Julian Bugier, le maître de cérémonie, animera cette journée spéciale depuis Paris. « L’objectif est d’avoir le meilleur plateau possible d’invités et c’était trop compliqué de le monter à Londres. On pense qu’on aurait perdu en intervenants et en expertise », estime la rédactrice en cheffe des opérations spéciale. « Ce qui nous intéresse c’est de comprendre ce couronnement, ce que ça implique pour le roi, pour la grande Grande-Bretagne, quels sont les défis qui les attendent. Comprendre comment les Britanniques vivent cet événement et essayer de donner le maximum d’informations sur ce que l’on vit », développe-t-elle.

« On a cette chance d’avoir des invités et des experts très fidèles à la chaîne et on pense que c’est aussi ce qui plaît aux téléspectateurs. Cette fidélité s’entretient car il y a une concurrence sur le marché pour avoir les meilleurs, c’est donc quelque chose qu’il faut travailler toute l’année », ajoute-t-elle. Les fidèles de la chaîne retrouveront bien évidemment Stéphane Bern mais aussi Adélaïde de Clermont-Tonnerre, directrice de la rédaction de Point de Vue, ou encore Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste politique de France Télévisions et Etienne Leenhardt, rédacteur en chef du service Etranger.

Du côté de la première chaîne, qui opte aussi pour un plateau parisien plus pratique à organiser, une dizaine d’invités commenteront les images du couronnement. Des experts qu’Antoine Guélaud nomme la « famille royale de TF1 ». « Ce sont des gens avec lesquels nous travaillons depuis longtemps, on entretient des relations, on les rencontre régulièrement y compris en dehors des spéciales », précise-t-il. Les téléspectateurs de la chaîne retrouveront Samantha de Bendern, chercheuse associée à l’Institut royal des affaires internationales, Philip Kyle, biographe de Charles III mais aussi les biographes royaux Isabelle Rivère et Marc Roche. Une vraie réunion de famille donc, pour la couronne royale et pour les journalistes français.

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