Pour démarrer son potager, mieux vaut viser petit. Avec seulement 15m2, il est possible de faire des miracles.
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A l’écouter, tout est possible. Du haut de ses 19 ans, Arthur Motté a déjà une belle expérience du jardinage, qu’il documente depuis 2016 sur son blog lepotagerdarthur.com. Dans son mini potager de trois mètres par cinq, le jeune Belge récolte à la belle saison en moyenne 10 kg de légumes tous les trois jours. De quoi susciter des vocations autour de lui! Initié par son voisin Alphonse de 78 ans quand il avait tout juste 7 ans, Arthur est un passionné aux mains vertes. Et pour lui, aucun doute : en jardinage, il vaut mieux voir petit! « Les débutants commencent souvent par un immense potager qui demande beaucoup d’entretien, raconte le jeune Belge, auteur de Mon petit potager bio (éd. Ulmer). Ils se retrouvent débordés par les mauvaises herbes et délaissent leur potager qui demande trop de travail. Commencez petit! Plus votre expérience grandira, plus vous pourrez l’agrandir si vous le désirez. » Au fil des années, il a développé une connaissance fine de sa terre, des combinaisons idéales et trouvé de nombreuses astuces pour optimiser son espace de culture. Il estime ainsi que son potager – qui ne fait que 15m2 au sol – permet en réalité d’accueillir l’équivalent d’un potager de 40m2 !
Délimiter l’emplacement
Pour démarrer, il faut trouver le bon endroit. Deux critères essentiels : du soleil, avec un minimum de 6 à 7h d’ensoleillement par jour en été et à l’abri du vent. Choisissez un endroit abrité, contre un mur ou entouré d’une haie (sans que celle-ci ne fasse d’ombre non plus !). Arthur Motté conseille de placer une clôture tout autour pour éviter que les animaux indésirables ne viennent grignoter les plantations.
Dessiner son potager
C’est l’étape la plus importante. Commencez par lister vos plantations et « classez-les par catégorie selon leur hauteur, leurs besoins en exposition, c’est-à-dire plein soleil, mi-ombre ou ombre, et leur couleur. Ce dernier critère est important pour que le potager soit esthétique », précise le jardinier. Vous êtes prêt pour dessiner le plan détaillé. N’oubliez pas de garder un petit chemin de 50 cm de large environ pour accéder à toutes les plantations sans les écraser. Arthur Motté regroupe alors les plantations par grandes familles : les choux, les légumineuses, les légumes-fruits (potirons, concombres, tomates, aubergines, courgettes, maïs, poivrons …), les légumes-feuilles (laitues, poireaux, épinards…), les légumes racines et tubercules (carottes, radis, panais, oignons, pommes de terre…) et les plantes vivaces (romarin, thym, sauge, lavande …). « Cela permet ainsi de faire les plantations par famille et d’assurer une rotation des cultures. D’une année à l’autre je plante chaque famille dans un autre espace du potager pour ne pas épuiser les sols », précise Arthur.
Faire les bonnes associations
C’est l’un des grands principes de la permaculture : combiner des plantations soit parce qu’elles vont avoir des effets positifs les unes sur les autres, soit parce qu’elles ont des modes de croissance différents. Par exemple leurs racines vont puiser à différentes profondeurs ou elles ne vont pas avoir les mêmes besoins en nutriments. Dans son potager, Arthur plante au même endroit maïs, haricots et potirons. « Le maïs fait office de tuteur pour les haricots, alors que les potirons vont courir au sol. On peut aussi ajouter des betteraves. Comme les plantes ne vont pas utiliser les mêmes nutriments, il n’y a pas vraiment de concurrence entre elles. » Autre association qui fonctionne très bien : des tomates, du basilic et une vigne. La vigne créée de l’ombre aux tomates et dégage de l’humidité qui va stimuler leur croissance. Le basilic, quant à lui, repoussera les insectes nuisibles des tomates et des vignes.
Serrer les plantations
Voilà une astuce qui permet de gagner beaucoup de place. Dans son potager, Arthur plante plus serré qu’il est conseillé dans les livres ou sur les sachets de graines. « Cela permet d’ajouter environ 25% de plantes en plus », estime le jeune homme. Et d’avoir une végétation foisonnante aux allures de jardin d’Eden !
Chercher l’espace dans la hauteur
Bambous, tipis, branches de noisetiers… tout est bon pour aider les haricots, les pois, les tomates, les courgettes ou même les potirons pour grimper à la verticale. « En plus de gagner de l’espace, cela soulage le dos pour la récolte », s’amuse le jardinier.
Utiliser les barrières comme tuteur
Les barrières de votre potager peuvent aussi servir de tuteurs pour certaines plantations (des pois de senteur, des courges) ou même des fleurs grimpantes. Arthur a choisi de faire pousser des tomates cerises à cet endroit : « Au lieu de couper les gourmands, ces tiges que l’on coupe habituellement, tissez-les dans la barrière pour créer un mur de tomates cerises. »
Ajouter des plantations en pots
S’il n’y a plus de place, vous pouvez faire pousser des salades dans des pots en terre, suspendus à votre clôture. C’est joli et en plus cela protégera vos salades des limaces trop gourmandes. Attention toutefois à l’arrosage, vos salades en pot auront besoin de davantage d’eau.
Contrôler les mauvaises herbes
La règle d’or : ne jamais laisser de la terre nue! Plantez des fleurs ou des herbes aromatiques dans les recoins inexploités et recouvrez votre petit chemin avec des copeaux de bois par exemple. Enfin grattez la terre autour de vos plantes à l’aide d’une griffe pour éviter que des graines ne germent.
Choyer les pollinisateurs
Un potager en bonne santé est un potager habité! En plus de proscrire l’usage de pesticides, Arthur recommande de prendre soin des insectes en confectionnant un hôtel à insectes, même dans un si petit espace : « Si l’écosystème est perturbé, c’est la porte ouverte aux maladies et parasites. Et plus vous aurez d’insectes, meilleure sera la pollinisation et donc meilleure sera votre production de fruits et légumes. » En plus d’un hôtel à insectes, le meilleur moyen de les attirer est de planter des fleurs sauvages comme des coquelicots, des cosmos, des bleuets ou encore des pavots.
Planter des capucines
Arthur en a fait sa meilleure alliée contre les pucerons. La capucine s’adapte à tous les types de terre, attire les pucerons (qui n’iront pas envahir vos plantations) et surtout résiste aux assauts des insectes en tous genres. Enfin, détail qui a son importance pour Arthur, elles peuvent recouvrir rapidement des coins délaissés du jardin de leur orange vif et apporter ainsi du peps à votre potager.
Récolter ses semences
Au moment des dernières cueillettes, pensez à récolter les semences des plantations que vous voulez replanter à la saison suivante. « Chaque année, les plantes s’habituent un peu plus aux conditions climatiques locales, au sol de votre potager, à l’emplacement, à l’ensoleillement etc., détaille Arthur Motté. Donc plus vous récoltez vos propres semences, plus celles-ci seront adaptées à votre jardin. » Mais la récolte des graines est tout un art et le jeune jardinier a ses astuces : pour les choux, les légumes-feuilles et les légumes-racines, il faut laisser la plante monter en semences, c’est-à-dire lui laisser vivre son cycle et ne pas empêcher sa floraison. Lorsque les fleurs commencent à faner, placez un sachet autour de celles-ci pour récupérer les graines. Pour les plantes fruitières comme les tomates, les potirons, les piments, laissez les fruits bien mûrs sur la plante, pour laisser le temps aux graines de bien se développer. Coupez les fruits, récoltez les graines et laissez-les sécher. Enfin pour les haricots, les lentilles et les petits pois, il faut les laisser sur la plante jusqu’à ce qu’ils deviennent bruns. Vous n’avez plus qu’à les ouvrir pour récupérer les graines.
Dernier test : pour séparer les bonnes graines des mauvaises graines, laissez-les tremper dans un verre d’eau une journée. Les graines qui restent au fond du verre sont les meilleures. Conservez vos graines (une fois séchées) dans des enveloppes en papier dans un endroit frais.
Pour aller plus loin
Mon petit potager bio sur 15 m2, de Arthur Motté, éd. Ulmer.
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