Un drame qui aurait pu être évité. La Pologne, pays de tradition catholique, possède l’une des lois les plus restrictives en matière d’avortement parmi les pays européens. En janvier 2021, la Cour constitutionnelle s’était rangée du côté du gouvernement nationaliste, en déclarant les interruptions de grossesse pour malformation fœtale « inconstitutionnelles ».

Une loi aux conséquences désastreuses pour les femmes polonaises, qui peuvent tourner au drame. C’est ce qui est arrivé à Dorota Lalik.

La mort du foetus a causé une septicémie mortelle

Âgée de 33 ans, Dorota Lalik a été admise le 21 mai 2023 dans un hôpital de Nowy Tar, une ville située dans le sud de la Pologne. Elle venait de perdre les eaux. Une septicémie provoquée par la mort dans son ventre de son fœtus de 20 semaines l’a emportée, trois jours plus tard. « Les infirmières lui ont dit de se coucher les jambes par-dessus la tête pour récupérer les eaux, a déclaré son mari au quotidien polonais Gazeta Wyborcza, le 9 juin 2023. Personne n’a suggéré d’interrompre la grossesse pour sauver Dorota, puisque les chances de survie du bébé étaient réduites », a-t-il rajouté.

En théorie, la loi anti-IVG n’empêche pas les médecins de pratiquer un avortement si la vie de la femme est en danger. Malheureusement, dans la pratique, elle est tellement restrictive que de nombreux médecins ont peur de le faire. Ce drame a provoqué la colère de nombreuses personnes, qui sont descendues dans la rue à travers tout le pays pour protester contre cette législation.

Une grande majorité de Polonais·es en faveur d’une libéralisation

« Ils provoquent en Pologne la mort de jeunes femmes, de jeunes mères, car ils ont peur des conséquences ou ont une vision particulière du monde », a déclaré à l’AFP Julia Cieslak, une manifestante de 40 ans. Députée du parti Nouvelle Gauche, Katarzyna Kotula y va du même son de cloche. « Tout est politique quand vous êtes une femme en Pologne, en particulier si vous êtes une femme enceinte. En raison de décisions politiques, des femmes meurent dans les hôpitaux polonais ».

La répression contre les pro-IVG avait atteint un niveau sans précédent en mars 2023, lorsqu’une activiste polonaise avait été condamnée par un tribunal de Varsovie à des travaux d’intérêt général pour avoir aidé à un avortement. D’après un sondage réalisé début mars, 83,7 % des Polonais·es sont favorable à une libéralisation de la loi sur l’avortement. Seules 11,5 % des personnes interrogées voudraient maintenir le statut légal actuel. 

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