Un cholangiocarcinome est un cancer des voies biliaires. Le professeur Jean-Frédéric Blanc, chef du service d’Hépato-gastro-entérologie et d’oncologie digestive au CHU de Bordeaux nous explique quels sont les facteurs de risque, les symptômes et comment soigner ce cancer.

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Cholangiocarcinome : qu’est-ce que c’est? 

« Il s’agit d’un type de cancer qui touche les voies biliaires« , explique le professeur Jean-Frédéric Blanc, chef du service d’Hépato-gastro-entérologie et d’oncologie digestive au CHU de Bordeaux. « Les Cholangiocarcinomes sont des tumeurs cancéreuses qui se développent à partir des cellules qui forment les canaux billiaires ».

Le mot « Cholangio » est un terme qui renvoie à ces « canaux » qui conduisent la bile dans le tube digestif. 

Pour bien comprendre ce type de cancer, il est important de comprendre le rôle des voies biliaires. Ainsi, l’expert rappelle que la bile est produite dans le foie et est ensuite « stockée » dans la vésicule biliaire, puis conduite dans le tube digestif via ces canaux, lors de la digestion. « Il faut imaginer le système biliaire comme un arbre : les branches sont dans le foie et le tronc est le canal principal qui conduit la bile dans le tube digestif. »

On peut distinguer trois grands types de cholangiocarcinomes :  

  • dans le premier cas, la ou les tumeurs apparaissent au niveau des petites voies biliaires, au bout des petites branches, c’est-à-dire dans le foie prenant l’aspect d’une tumeur du foie.
  • dans le deuxième cas, la tumeur peut se développer à partir du tronc, c’est-à-dire au niveau de la partie du canal qui sort du foie pour aller dans le tube digestif 
  • enfin, il peut s’agir d’un cancer de la vésicule biliaire (endroit où est stockée la bile)

Cholangiocarcinome : les facteurs de risques

Les facteurs de risques varient selon le type de cholangiocarcinome.

Si la tumeur se développe dans le foie (donc dans les petites voies biliaires), les facteurs qui accroissent l’apparition d’un cancer sont les maladies chroniques du foie. Il peut s’agir d’hépatites virales, de maladies liées à une consommation trop importante d’alcool ou une cirrhose. « Ce type de tumeurs peut aussi apparaître sur des foies trop gras », prévient le professeur Blanc. « Ainsi, la maladie NASH peut être un facteur de risque ».

Si la tumeur apparaît au niveau de la vésicule ou des voies biliaires, hors du foie, cela peut être dû à une inflammation chronique des voies biliaires. « Cela peut aussi être causé par une maladie rare : la cholangite sclérosante primitive ». 

Pour éviter de contracter ce type de maladies, qui peut accroître le risque de cholangiocarcinome, le professionnel conseille :

  • de ne pas consommer d’alcool « ou alors de boire très raisonnablement ». 
  • mais aussi de se faire dépister en cas d’hépatite
  • il préconise de « faire attention à ce qui entraîne les foies trop gras, c’est à dire une alimentation trop riche et une mode de vie  trop sédentaire ». En somme : tout ce qui favorise l’obésité. 
  • le tabac est également déconseillé par l’expert 

Cholangiocarcinome : quels sont les symptômes à reconnaître ? 

Tout dépend du type de cholangiocarcinome. En effet, si la tumeur apparaît au niveau des voies biliaires se situant dans le foie, les symptômes ne sont pas très probants. « La présence d’une tumeur peut alors se transcrire par une fatigue et des douleurs, toujours dans le côté droit sous les côtes », explique l’expert. Si la tumeur prend place au niveau des voies biliaires en dehors du foie, alors elle fait obstacle au bon écoulement de la bile. Quand la bile ne s’écoule pas, elle se traduit par la jaunisse. « Cette maladie peut donc être un symptôme d’un cholangiocarcinome, mais ce n’est pas toujours le cas ». 

S’il s’agit d’une tumeur au niveau de la vésicule, les symptômes peuvent également être des douleurs et une grande fatigue. « On découvre parfois ce type de cancer un peu par hasard lors d’une opération de la vésicule biliaire pour calculs ». Quand la tumeur prend de l’ampleur, la personne peut alors également constater douleurs et une perte de poids importante. Les calculs de grande taille peuvent causer une irritation de la paroie de la vésicule et peuvent parfois provoquer des cancers. « Néanmoins, ce cas de figure reste très rare et la présence de calcul dans la vésicule est fréquente, et le plus souvent sans conséquence », rassure le Professeur Blanc. 

Comment soigner un Cholangiocarcinome? 

« Comme beaucoup de cancers du tube digestif :  l’opération est le seul traitement pouvant permettre une guérison », constate l’expert. « On propose l’opération, mais il existe toujours un risque important de récidive« . Pourquoi ? Ce type de cancer ne se soigne pas toujours bien. « Il fait partie du top 5 des cancers qui ont le plus fort taux de mortalité avec le pancréas notamment« . Le professeur constate également une forte augmentation des cholangiocarcinomes : « le nombre de cholangiocarcinome développés dans le foie a quasiment doublé ces vingts dernières années ». Mais à contrario, il précise que les cancers de la vésicule biliaire sont moins fréquents. 

Pour soigner un Cholangiocarcinome, il y a plusieurs solutions principales: 

  • une chirurgie seule
  • une chirurgie associée à un traitement médical (chimiothérapie anticancéreuse)
  • une chimiothérapie anticancéreuse seule permettant de freiner l’évolution de la maladie et de limiter les symptômes

« Aujourd’hui, il y a également de nouvelles pistes intéressantes, surtout si la tumeur est dans les voies biliaires du foie », commence le professeur.  « On fait une analyse (biopsie) grâce à laquelle on peut mettre en évidence des anomalies moléculaires qui rendent la tumeur sensibles à de nouveaux médicaments plus efficaces et moins toxiques que les chimiothérapies classiques ». 

Merci au Professeur Jean-Frédéric Blanc, chef du service d’Hépato-gastro-entérologie et d’oncologie digestive au CHU de Bordeaux, pour ses conseils.

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