Le chanteur et poète post-punk australien, Nick Cave, 65 ans, a été imité dans son art et à son insu par une application qui crée des contenus grâce à une intelligence artificielle. Une application que connaissent bien les enseignants puisqu’elle est, à leur grand désarroi, de plus en plus utilisée par les élèves pour rédiger leurs devoirs. Elle s’appelle ChatGPT et elle répond à tout, en anglais, en français, elle peut écrire une dissertation, une analyse de texte, un poème, et même une chanson dans le style Nick Cave, il suffit de lui demander. Et c’est ce qu’un fan du chanteur a fait.

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Mark, habitant de Christchurch en Nouvelle-Zélande, a envoyé à son idole le texte inventé par ChatGPT à partir de tout ce qu’il a créé en cinquante ans de carrière. Ce qui donne, en version traduite : « Je suis le pêcheur et le saint, je suis l’ombre et la lumière, le chasseur et la proie, je suis le diable et le sauveur ». Un refrain qui comme tout le reste de la chanson exaspère Nick Cave. « Mark, pardon, écrit-il sur son blog, mais cette chanson est merdique (…) cette technologie nous emmène soit vers un futur utopique, soit vers notre totale destruction, et à en juger par cette chanson, ça se présente mal, Mark. L’apocalypse est en chemin. Cette chanson est pourrie. « 

L’intelligence artificielle ne produira jamais qu’un travestissement de chanson, à la limite du grotesque, tout simplement parce qu’un algorithme n’éprouve rien.

sur son blog

C’est écrit avec une pointe d’humour grinçant, mais Nick Cave explique ensuite que, « certes, l’intelligence artificielle peut rédiger un discours, un sermon, un éloge funèbre, mais elle ne peut pas créer une chanson originale », qu’elle ne produira jamais qu’un « travestissement de chanson, à la limite du grotesque, tout simplement parce qu’un algorithme n’éprouve rien ». Il dit que les chansons, les vrais textes poétiques, naissent d’une douleur, d’une lutte intérieure, d’obsessions et de pulsions que ne peut absolument pas expérimenter ChatGPT, ChatGPT qui ne dépassera jamais le stade du pastiche d’humanité.

Et l’on comprend en lisant sa réponse que ce qui le déprime, ça n’est pas tant l’intelligence artificielle que l’admiration que lui manifestent ses utilisateurs. Que veut-on faire de cet outil ? Quel crédit est-on en train de lui donner ? Veut-on vraiment déléguer l’imagination à un vulgaire réseau d’algorithmes ? Et au fond, quelle valeur mettons-nous dans l’acte de créer ? Faites plaisir à Nick Cave, ne posez pas ces questions à ChatGPT.

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