• Le GHB, un stupéfiant versatile
  • Euphorisant ou inhibiteur
  • Une élimination rapide qui rend la détection difficile
  • Des séquelles à long terme possibles

Le mouvement #balancetonbar, né il y a quelques mois en Belgique, se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux français pour dénoncer des agressions sexuelles commises sur de jeunes femmes ayant absorbé des stupéfiants involontairement.

La majorité des témoignages sont concordants : elles sont entrées en état second après avoir bu juste quelques gorgées d’alcool et se réveillent souvent avec une impression de trou noir le lendemain.

Même si beaucoup de molécules psychoactives différentes ont pu être versées dans leur verre – Stilnox, Valium, Xanax…-, le GHB est systématiquement cité comme arme probable de soumission chimique. Cette drogue fait en effet particulièrement peur car elle est inodore, incolore et rapidement éliminée par le corps, d’où la difficulté de porter plainte quelques jours après. 

Le GHB, un stupéfiant versatile

Le GHB – ou Gamma HydroxuButyrate – se répand vite dans le corps et pénètre facilement dans le cerveau.

Cinq à quinze minutes à peine après avoir été ingéré, il se fixe déjà sur des récepteurs spécifiques – en particulier les récepteurs Gaba B – présents à la surface des neurones, notamment au niveau de la région cérébrale impliquée dans le plaisir et la récompense.

Une fois ces cibles atteintes, il module à sa guise l’activité du cerveau, avec des effets différents selon la quantité de drogue absorbée. 

Euphorisant ou inhibiteur

À faible dose (prise de 1g maximum), le GHB bloque l’action du GABA, un neurotransmetteur qui inhibe l’activité du système nerveux central. On se sent donc un peu étourdi mais surtout plus ouvert aux autres et plus enjoué. La motivation est également accrue car la synthèse de dopamine – l’hormone cérébrale du bien-être et du plaisir – se retrouve immédiatement boostée. C’est l’effet recherché par les personnes qui prennent sciemment du GHB en rave party pour se désinhiber et ressentir la musique plus fortement.

À plus forte dose (à partir de 2g), le GHB exerce un effet inverse : il renforce la production de GABA, ce qui diminue la fabrication de dopamine et ralentit l’activité de nombreux circuits cérébraux. Le cerveau étant engourdi, la somnolence gagne. La force musculaire s’amoindrit, ce qui empêche de se défendre en cas d’agression. Le système digestif patine, d’où l’apparition possible de nausées et de vomissements.

« Les vaisseaux sanguins par ailleurs se dilatent, ce qui réduit la tension artérielle, ainsi que l’oxygénation du corps et du cerveau », constate le Pr David Nutt, neuro-pharmacologue à l’Imperial College de Londres. En cas de surdosage, des difficultés respiratoires, des convulsions ou un coma peuvent également survenir.

Le GBL (gamma-butyrolactone), un solvant industriel, occasionne aussi les mêmes effets car une fois absorbé, il se transforme dans le corps en GHB. Son association avec l’alcool peut être mortelle. Une bière suffit à décupler ses méfaits. 

Une élimination rapide qui rend la détection difficile

Le GHB ne persiste pas longtemps dans le corps. Il est rapidement dégradé et éliminé par les urines, c’est pourquoi ses effets persistent rarement plus de deux à six heures.

Il n’est ainsi détectable dans le sang que quelques heures après sa prise et jusqu’à 12 heures après dans les urines. En cas de doute, mieux vaut donc se rendre rapidement dans un laboratoire ou à l’hôpital afin d’effectuer un prélèvement en vue d’une analyse toxicologique.

Seule l’analyse des cheveux – test capillaire – permet de déceler sa présence fugace dans l’organisme plusieurs semaines après. Celle-ci peut être réalisée par un institut médico-légal dans le cadre d’une enquête judiciaire. 

Des séquelles à long terme possibles

Même si le GHB se dissipe assez rapidement, en ingérer à forte dose n’est pas innocent.

Contrairement aux idées reçues, il peut en effet générer des lésions dans le cerveau susceptibles d’induire des troubles cognitifs, selon une étude de l’université d’Amsterdam, publiée en 2018 dans la revue Drug and Alcohol Dependence.

« Une baisse de mémoire à long terme, une diminution du Quotient Intellectuel (QI), une déprime ou une anxiété latente peuvent en résulter, notamment chez les utilisateurs réguliers qui sont déjà tombés dans le coma », explique Filipa Raposo Pereira, principal coauteure de cette étude.

Des travaux de recherches publiés dans NeuroImage Clinical suggèrent que la mémoire verbale est notamment altérée, avec des modifications d’activité dans certaines régions du cerveau (baisse de l’activité de l’hippocampe et hyperactivité du cortex préfrontal).

Pour toute question, contactez Drogues Info Service au 0800 23 13 13 (7j/7, appel anonyme et gratuit).

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