La campagne Octobre Rose a pour objectif d’inciter au dépistage du cancer du sein mais aussi d’informer les femmes : elles sont plus de 59 000 chaque année en France à affronter ce diagnostic traumatisant.

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Pourquoi le dépistage par mammographie fait-il encore polémique ?

L’Assurance Maladie offre une mammographie tous les deux ans aux femmes de 50 à 74 ans, tranche d’âge considérée comme la plus à risque pour le cancer du sein. De nombreuses études ont démontré que ce dépistage organisé permet un diagnostic plus précoce et qu’il sauve des vies. Des détracteurs, peu nombreux mais très actifs, brouillent ce message de santé publique. « La polémique vient du fait qu’il existe des mammographies pour lesquelles il persiste un doute et qui amènent à réaliser des biopsies qui vont inquiéter certaines femmes inutilement », précise le Pr David Khayat, cancérologue. Et l’imagerie médicale occasionne le diagnostic de cancers qui ne se seraient pas développés. C’est moins de 5% pour les cancers du sein. « Tous les gens qui conduisent n’ont pas d’accident de voiture mais on demande à tous de mettre la ceinture de sécurité. Avec le dépistage, c’est pareil : il y a un petit pourcentage de patientes traitées pour rien, mais est-ce que cela vaut le coup de laisser les autres en danger ? », interroge le Pr Khayat.

Est-ce que l’hormonothérapie a des effets secondaires ?

Elle est prescrite après un cancer du sein, pendant 5 à 10 ans, pour empêcher la récidive. Douleurs articulaires, bouffées de chaleur, déprime, prise de poids, libido en berne… Les effets secondaires sont très variables : certaines femmes sont peu gênées quand d’autres s’estiment lourdement handicapées. À tel point que ces traitements sont abandonnés par près de la moitié des patientes, selon certaines études. Certaines femmes affirment même qu’elles préfèrent retrouver leur libido quitte à risquer une rechute ! « Tout dépend de la force de persuasion du médecin et de son habileté à gérer ces effets secondaires : à part prescrire de l’activité physique pour atténuer les douleurs, un régime pour la prise de poids, éventuellement certains antidépresseurs ou de l’acupuncture pour les bouffées de chaleur, les solutions restent souvent limitées. Pourtant l’hormonothérapie est un traitement dont l’efficacité est parfois supérieure à celle de la chimiothérapie, il faut donc tout faire pour convaincre les patientes », souligne le Dr Jean-Michel Vannetzel, cancérologue, Président de l’Institut du Sein Henri Hartmann.

Les soins de support sont-ils bénéfiques?

Acupuncture, relaxation, hypnose, musicothérapie, yoga, tai-chi, méditation ou encore homéopathie permettent de mieux traverser l’épreuve du cancer en améliorant la qualité de vie. « Beaucoup de patientes rapportent que l’acupuncture réduit les nausées induites par la chimiothérapie, même si ce n’est pas formellement prouvé. Consulter un sexologue permet de renforcer les liens du couple mis à l’épreuve par le cancer du sein, et c’est important », précise le Pr Khayat. Attention toutefois aux charlatans qui demandent d’interrompre les traitements mis en place par les cancérologues. Et à ceux qui préconisent le « jeûne thérapeutique » qui n’a pas fait la preuve de son efficacité !

L’alimentation prévient-elle le cancer ?

Tout et son contraire ont été dit sur l’alimentation : non, la viande rouge ne favorise pas le cancer du sein, le sucre ne nourrit pas uniquement les cellules cancéreuses mais toutes les cellules de l’organisme, et les aliments ultra-transformés, malgré leurs défauts nutritionnels évidents, n’ont pas démontré formellement qu’ils augmentent le risque de cancer du sein. « Il n’existe pas d’aliments miracles, hormis peut-être la grenade qui semble être capable de réduire la fréquence des cancers liés aux hormones. Pour la prostate, cela a été démontré mais de façon moins claire pour le sein. En revanche, le surpoids augmente le risque de cancer du sein et de rechutes. Car le tissu graisseux envoie dans la circulation sanguine diverses substances – dont l’IGF1 – qui favorisent la croissance des tumeurs », précise le Pr Khayat.

L’alcool est-il un facteur de risque de cancer du sein ?

Sans conteste… Selon Santé publique France, 8 100 cancers du sein sont imputables à l’alcool. « L’éthanol est dégradé par le foie en acétaldéhyde, reconnu comme cancérigène. Par ailleurs, l’alcool augmente le taux d’œstrogènes qui stimulent les cellules cancéreuses dans le sein », explique le Dr Jean-Michel Vannetzel, cancérologue et président de l’Institut du sein Henri-Hartmann.

Autre mécanisme indirect : « Un verre d’alcool représente environ 70 kcal. Or, le surpoids augmente le risque de cancer du sein », souligne le cancérologue. En outre, les dernières études montrent que les jeunes femmes qui commencent à boire dès l’adolescence seraient plus exposées au risque de cancer du sein.

L’activité physique est-elle essentielle dans la guérison d’un cancer du sein ?

« C’est un traitement important. Mais pour qu’il soit efficace, il faut « mouiller son maillot » au moins 2h30 à 3h par semaine de façon intense », avertit le Dr Vannetzel. Toutes les études convergent : une activité physique régulière diminue de 30% environ le risque de développer un cancer du sein, surtout après la ménopause. Et jusqu’à 50% le risque de récidive. « Elle réduit, chez les femmes, la production des estrogènes, de l’insuline mais aussi d’autres hormones issues du tissu graisseux qui favorisent la croissance de cellules cancéreuses déjà présentes dans l’organisme, normalement détruites par le système immunitaire», développe le Dr Vannetzel.

L’activité physique a aussi cet avantage : elle évite le surpoids, qui est un facteur de risque démontré de cancer du sein.

Peut-on avoir un enfant après un cancer du sein ?

Plusieurs études internationales l’ont démontré : d’une part, la grossesse n’augmente pas le risque de récidive pour les femmes ayant eu un cancer du sein. D’autre part, la chimiothérapie et la radiothérapie n’entraînent aucun risque pour l’enfant à naître. « Attention, pour les cancers hormono-dépendants, la grossesse implique un arrêt temporaire de l’hormonothérapie. Et les femmes jeunes, qui doivent subir une chimiothérapie, se voient proposer auparavant une congélation des ovocytes, car ce traitement peut rendre stérile », précise le Dr Vannetzel. Dans ce cas, ces patientes devront recourir à des FIV avec des stimulation hormonale a minima avant la réimplantation de l’embryon, de façon à ne pas augmenter le risque de récidive, procédure à mettre en place par des équipes spécialisées, à discuter au cas par cas.

L’institut Rafaël à la pointe pour les soins de support

Ce centre pilote, dirigé par le Dr Alain Toledano, propose une prise en charge innovante, pendant et après les traitements du cancer, grâce à une vingtaine de cancérologues, de médecins spécialisés et d’une équipe paramédicale d’environ 80 soignants. Objectif : réduire le stress, déceler et traiter la dépression, optimiser la nutrition, soulager les effets secondaires, prendre en charge la sexualité souvent perturbée par la maladie, répondre aux problématiques sociales d’isolement, de retour à l’emploi… Les patients bénéficient de consultations de sexologie, de psychologie, de séances de kinésithérapie, d’acupuncture, de yoga, d’activité physique adaptée, d’ateliers de cuisine … Le credo de l’Institut Rafaël : une médecine centrée sur l’individu et son projet de vie, plutôt que sur la maladie. Depuis sa création en 2018, il a accompagné plus de 1 500 patients et offert 12 000 soins.

www.institut-rafael.fr/

Des résultats encourageants

Le dernier grand rendez-vous annuel de l’Asco (American Society of Clinical Oncology) a apporté un espoir important aux 20 % des femmes atteintes d’un cancer du sein dit « triple négatif », un cancer agressif qui touche généralement des patientes jeunes. Une étude a en effet confirmé les résultats très prometteurs du traitement associant chimiothérapie et immunothérapie. Cette combinaison peut prolonger de 30 % la durée de vie sans rechute, par rapport à la chimiothérapie seule.

A lire

L’Enquête vérité : vous n’aurez plus jamais peur du cancer, du professeur David Khayat, éditions Albin Michel.
Le Cancer pour les nuls, du professeur David Khayat et Nathalie Hutter-Lardeau, aux éditions First.

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