Après le scandale lié à l’empoisonnement d’un bébé dans une crèche People & Baby, l’établissement du groupe où a eu lieu le drame a été définitivement fermé.
- Bébé empoisonné au Destop
- 5000 euros pour retirer son enfant de la crèche
- Recrutement de personnel non qualifié
En juin dernier, l'empoisonnement d'une fillette de 11 mois au sein d'une crèche People and Baby ayant entraîné sa mort, avait déclenché un scandale et une vague d'émotions. Dans la foulée, des actes de maltraitance et de violences commises sur de jeunes enfants avaient été dénoncés aux autorités par plusieurs familles. Depuis, quelques mois après les faits, France Info nous apprend que la crèche People & Baby en question, située dans le 3e arrondissement à Lyon, a fermé définitivement ses portes. Une décision anticipée par le groupe le 8 août 2022, alors que la métropole de Lyon en a fait récemment la demande à la préfecture du Rhône. D'autres éléments liés au jour du drame viennent par ailleurs d'être dévoilés.
Bébé empoisonné au Destop dans une crèche People & Baby : que s'est-il passé ?
Dans cette affaire, en plus de l'enquête judiciaire, une enquête administrative avait été lancée par la ville de Lyon. Selon les conclusions rendues dernièrement, plusieurs manquements ont eu lieu ces dernières années de la part du groupe People & Baby. D'après France Info qui a eu accès à ces informations, le jour du drame, le 22 juin 2022, "la composition de l'équipe et de l'encadrement de la crèche était conforme à la réglementation", même si la PMI, habilitée à contrôler les crèches, ne savait pas précisément qui travaillait dans l'établissement à ce moment-là. Car ces deux dernières années le groupe de crèches n'a pas mis à jour les changements qui ont eu lieu dans les équipes. Pour exemple, le nom de la responsable de la structure lyonnaise n'était pas connu.
Pour rappel, le bébé est décédé après avoir été aspergé et forcé à ingérer de soude caustique. La puéricultrice en charge du bébé a avancé être excédée par ses pleurs. Le bébé est alors décédé sans avoir pu être réanimé et la puéricultrice a été mise en examen pour "homicide volontaire sur mineur de moins de 15 ans." Pour son avocat, l'état psychologique fragile ainsi que d'éventuelles erreurs d'appréciations quant à ses compétences sont à l'origine du drame, plutôt qu'une intention de donner la mort. Compte tenu de sa fragilité et "d'un contexte personnel particulier", elle n'aurait jamais du être seule avec bébé, avance-t-il. Le 2 juillet dernier, la préfecture du Rhône a pour sa part acté la fermeture administrative de l'établissement pendant trois mois. Avant la fin de ce délai, la structure est cependant définitivement fermée, par décision unilatérale du groupe.
Près de 5000 euros pour retirer son enfant de la crèche
Après la mort d'un bébé empoisonné avec du Destop dans une crèche People & Baby à Lyon en juin dernier, des parents ont voulu retirer leur enfant des crèches appartenant à ce groupe. C'est le cas d'Alizée, maman d'un bébé de 12 mois, qui a confié à RMC qu'elle avait été très surprise voire choquée par la réponse de la structure où est accueilli son enfant. "On leur a fait un mail, on a envoyé notre demande de résiliation (…) On s'est dit que ça allait marcher, qu'on voulait finir à la fin du mois, qu'ils allaient forcément trouver quelqu'un en septembre… La réponse du groupe, c'est non. C'est 90 jours et avant le 1er juin, donc on va vous retirer votre caution. C'est une caution de 2.500 euros et deux fois un Smic, puisqu'un mois à la crèche, c'est un Smic. Donc quasiment 5000 euros", a expliqué la jeune maman qui a décidé de saisir un avocat même si les conditions de résiliation sont notées noir sur blanc dans le contrat d'inscription.
Recrutement de personnel non qualifié dans les crèches
Alors que le secteur de la petite enfance accuse une baisse d'attractivité ces dernières années, concrétisée par près de 9000 postes vacants selon une enquête de la Caisse nationale des allocations familiales, un arrêté, qui est entré en vigueur le 31 août 2022, autorise désormais le recrutement de personnel non qualifié. Si l'arrêté précise qu'il s'agit d'une mesure d'exception, l'assouplissement des conditions d'embauche dans les crèches et autres établissements de la petite enfance va permettre au tout-venant d'y postuler, et de se faire embaucher. Plus besoin des diplômes et des formations nécessairement requis pour pouvoir s'occuper des plus petits : c'est à la crèche en manque de personnel d'organiser un parcours d'intégration de 120 heures à sa nouvelle recrue.
Autre critère obligatoire pour pouvoir recruter des profils inexpérimentés, prouver une recherche de personnel infructueuse pendant au moins trois semaines. Une mesure qui ne satisfait que très partiellement les professionnels du secteur, ayant identifié l'origine de la crise. Si la puériculture ne séduit plus, c'est qu'au regard des responsabilités et de l'engagement qu'elle demande, le travail n'est pas valorisé avec un salaire de 2000 euros brut par mois en moyenne.
Pour relancer le secteur, le ministre de l'Education avait annoncé en juillet dernier le déblocage de deux millions d'euros pour financer une campagne de valorisation et d'attractivité des métiers de la petite enfance. Il avait également évoqué plusieurs pistes pour garantir la qualité d'accueil des tout-petits, comme l'obligation de créer un conseil des parents dans toute crèche, la création d'un système de signalement et de suivi national des incidents, ou encore des contrôles et des évaluations des établissements et des personnels non seulement renforcés, mais prenant également en compte la satisfaction des parents. Des pistes évoquées aux côtés des membres du Comité Filière petite enfance, après le scandale People and Baby.
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