C’est un roman d’initiation que notre collaborateur Fabrice Gaignault signe avec La vie la plus douce*. Celle d’un jeune bourgeois qui se cherche dans la France des années 70, entre expériences trash et burlesques.
Un livre autobiographique, aussi, dont les mots et les traits d’esprit apaisent les blessures intimes, comme nous l’explique l’auteur.
Autobiographie et thérapie
Marie Claire : Votre livre retrace la trajectoire d’Adrien, fils d’une mère gravement dépressive et d’un père séducteur invétéré. S’agit-il d’un récit autobiographique ?
Fabrice Gaignault : Oui, c’est autobiographique mais la distanciation me permettait d’aller plus loin. Je parle de Saint-Tropez et non de Guéthary où, à partir de l’adolescence, j’ai passé une partie de l’été.
Mais le Saint-Tropez de ces années-là raconte une époque, les femmes bronzaient seins nus, sans aucune charge érotique, tout le monde s’en foutait, y compris le garçon que j’étais. Le vertige de l’intime peut sembler narcissique, évoquer sa première branlette par exemple.
Au fond, je raconte comment se construit un homme. J’aimerais que les femmes le lisent.
Le livre est une suite d’aventures invraisemblables. Tout y est vrai ?
Quasiment. On habitait au dernier étage d’un hôtel particulier avec vue sur Matignon et mon frère, « le démon », junkie et mafioso, a un jour tiré sur le parc du Premier ministre. C’est vraiment arrivé.
Le passage de la maladie de votre petit frère est déchirant, comme la dépression de votre mère suite à la mort de son troisième enfant. Écrire est-il thérapeutique ?
La vie de ma mère a été une longue agonie, j’ai été très impliqué dans sa maladie. Beaucoup de gens me voient comme un mondain, autrement dit un type superficiel.
Les mots de ce livre sont ma profondeur, mon honnêteté, et oui, ils ont un rôle thérapeutique
Les mots de ce livre sont ma profondeur, mon honnêteté, et oui, ils ont un rôle thérapeutique, bien plus que les deux fois où j’ai vu un psy après la mort de ma mère.
Vous avez une longue carrière dans la presse, mais le livre se termine avant votre premier job de journaliste. Pourquoi ?
Oui, je suis entré à Newlook, puis j’ai travaillé à Playboy et ensuite chez Elle et Marie Claire. Cela fera l’objet d’un autre livre.
(*) Éd. Grasset, 20,90 €. Parution le 22 janvier
Ce papier a été initialement publié dans le numéro 833 de Marie Claire, daté février 2022.
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