Les LGBTI phobies tuent et ruinent des vies. En ce mois des Fiertés, nous vous partageons la lettre de Romain Costa à son bourreau, un jeune garçon aux regard d’ange, comme lui, qui a pourtant transformé sa scolarité en enfer.
Pas de confinement pour les LGBTI phobies. Les attaques homophobes et transphobes ont connu une recrudescence importante en 2019 et nul doute que ce fleau continue de progresser. L’association SOS Homophobie, dans son rapport 2020, communiqué en mai dernier, dresse un bilan affligeant. Les témoignages d’actes anti-LGBT ont augmenté de 26 % en France l’an passé. Sur internet, les signalements ont explosé avec une hausse de 56 %. Dans une société qui se dit et se veut de plus en plus inclusive, ces chifffres sont innaceptables. L’association met également en évidence, des LGBTIphobies signalées de plus en plus dans le cadre de l’école. Les insultes homophobes, souvent banalisées, restent particulièrement fortes : 18 % des lycéens ou étudiants LGBT déclarent avoir été insultés au cours des 12 derniers mois, rapporte une étude de l’IFOP réalisée en 2018 pour la Fondation Jean-Jaurès et la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH).
En ce mois des Fiertés, l’influenceur Romain Costa a partagé son histoire sur les réseaux sociaux, qui fait tristement écho à ces chiffres insupportables. Son histoire, c’est celle d’un enfant humilié, maltraité, abîmé pour toujours. Puisse cette lettre à son bourreau alerter, bouleverser les parents qui la liront et les autres. Pourqu’aucun autre jeune garçon ou jeune fille LGBTQI ne croise plus jamais un « Gauthier »
« Tu étais blond, comme moi. Tu avais les yeux bleus, comme moi. Tu étais issu d’une bonne famille, comme moi. Tu avais 12 ans, comme moi.
Sauf que toi, tu aimais les filles. Sauf que toi, personne ne t’insultait dans la cour de récré. Sauf que toi, tu ne t’es sûrement pas rendu compte de tout le mal que tu m’as fait en me traitant continuellement de « pédé ». Sauf que toi, tu n’étais pas persécuté.
C’est toi, Gauthier, que je vois quand je ferme les yeux et que je repense à tout ce que j’ai enduré, enfant, adolescent.
C’est toi, Gauthier, que je vois quand je me fais aujourd’hui agresser, insulter, rabaisser. C’est toi et toute ma vie ce sera toi et ton visage machiavéliquement angélique qui restera gravé dans mon esprit : une peine maximale, la perpétuité.
Toi, tu m’as sûrement oublié.
Toi, tu ne te souviens probablement pas des insultes que tu me lançais. Toi, tu n’as jamais été inquiété. On ne t’a jamais repris sur ce que tu disais. Pire, souvent, toi, le caïd bourgeois de la cour de récré, on t’écoutait, on te suivait, on t’adulait.
Moi, je rentrais chez moi et je pleurais. J’avais envie de me tuer. Je constatais à chaque instant cette “anormalité” que toi, Gauthier, tu ne cessais de me rappeler. Comme si ma sensibilité t’attaquait, toi, dans ta virilité. Comme si mes 12 ans valaient bien moins que les tiens.
Sais-tu à quel point il est dur de se demander si ses proches vont continuer de nous aimer lorsqu’un jour on va leur annoncer le nom de notre moitié ? Te rends tu compte qu’à chaque instant, dans la rue, j’ai peur de rencontrer un Gauthier, plus violent que celui que tu as été ?
As tu conscience que tes mots m’ont brisé et qu’il m’a fallu un temps fou pour arrêter de me détester ?
As tu déjà réalisé que tu aurais pu me tuer et que cette putain d’homophobie que l’on t’a inculqué, tu l’as probablement gardée et que peut être même que tu continues à la diluer ?
Mais toi, Gauthier, peut être qu’aujourd’hui tu peux devenir un allié.
Peut être que toi, l’enfant blond, comme moi, aux yeux bleus, comme moi, qui a grandi, mûri, comme moi, tu peux dire à tous les Gauthier que ça doit cesser. Que ce combat qui n’est pas le tien, tu vas t’en emparer et tu vas faire en sorte que plus personne ne donne l’envie à un enfant, de 12 ans, de se tuer.
Alors à toi, Gauthier, que j’ai un jour décidé de pardonner, je te demande de te lever. Je te demande de t’insurger, de te rendre compte que tu es privilégié. Que toi, avec tous les Gauthier, tu as le pouvoir de nous aider, de supporter, d’éduquer.
Car la lutte pour l’égalité, elle ne peut pas être gagnée que par ceux qui sont concernés. Elle a besoin d’être portée par ceux qui en sont le plus éloignés et par toi, Gauthier, le jeune garçon de 12 ans qui je l’espère est devenu un adulte intelligent.
Cette lettre, je te l’écris à toi, Gauthier. A toi et à tout ceux qui dans leur vie, ont un jour été un Gauthier. »
Pour célébrer le mois de fierté, un média m’a demandé d’écrire une lettre ouverte sur un thème lié à la lutte LGBT+. Cette lettre, je te l’écris à toi, Gauthier. A toi et à tous ceux qui dans leur vie, ont un jour été un Gauthier. Je vous laisse écouter la suite mais il est important de se rappeler que l’homophobie est présente partout, dans tous les milieux, à tous les âges, dans toutes les cultures. Que l’homophobie tue. Directement, institutionellement à certains endroit. Mais elle tue aussi par d’autre biais et le harcèlement dans les écoles est bien souvent pris à la légère. Le taux de suicide chez les jeunes LGBT+ est bien plus élevé que chez le reste de la population du même âge. Pour que cette homophobie cesse, il n’est pas seulement de notre ressort, à nous, membres de la communauté LGBT+, de faire prendre conscience, d’ouvrir les yeux, d’éduquer. Ce travail, il doit être fait avec le soutien d’alliés. Tout le monde peut l’être. Tout le monde devrait l’être. Rendez-vous sur mon autre compte @_jamesdine_ pour donner de la visibilité à vos baisers, à nos baisers et suivre la reprise des dîners, dès que nous le pourront. (Sur cette photo, j’ai un peu moins de 12ans mais visiblement déjà un gout prononcé pour le drama ? / le morceau de musique est « experience » de Ludovico Einaudi).
Une publication partagée par Romain Costa (@romaincosta_) le 14 Juin 2020 à 11 :48 PDT
Romain Costa a lancé le mouvement James Dine, un compte Instagram pour s’exprimer, témoigner, se retrouver. Un espace de convivialité virtuelle mais qui très vite est devenu réel. Depuis plusieurs années déjà il s’engage dans des actions qui lui tiennent à coeur autour des thèmes LGBTQA+ et plus particulièrement autour des actions menées par une association : le Refuge.
Le Refuge accompagne et héberge les jeunes gays, lesbiennes et personnes transidentitaires en errance en leur permettant de sortir de la situation de rupture dans laquelle ils se trouvent. C’est la seule structure en France, conventionnée par l’État, à proposer un hébergement temporaire et un accompagnement social, médical, psychologique et juridique aux jeunes majeurs victimes d’homophobie ou de transphobie.
« Tout comme ces jeunes qui parfois ne savent pas vers qui se tourner, se sentent seuls, démunis, vous êtes nombreux à m’écrire chaque jour pour me dire que vous manquez de soutien et d’écoute. Que vous aussi vous avez peur, que parfois vous aussi vous auriez bien besoin d’un peu de courage. Alors quoi de mieux que de se retrouver pour en parler ? En parler et dîner, entre amis. « James Dîne », un clin d’oeil à l’acteur James Dean, est né. L’idée ? Inviter tous les mois cinq jeunes du Refuge ainsi que cinq personnes parmi mes abonnés pour être ensemble, discuter, se sentir moins seuls, partager un moment de convivialité et parler d’une autre manière de la communauté LGBTQA+. »
Quelle place pour la communauté LGBT+ dans les séries aujourd’hui ?
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