• James Gray évoque son enfance dans le New York des années 1980.
  • Dans « Armageddon Time », le réalisateur donne de beaux rôles à Anne Hathaway, Jessica Chastain, Anthony Hopkins et Jeremy Strong sans compter Banks Repeta qui incarne son alter ego.
  • On s’explique mal pourquoi ce très beau film a été ignoré par le jury cannois.

Mais qu’avaient donc dans la tête et dans les yeux Vincent Lindon et son jury pour laisser repartir bredouille Armageddon Time de James Gray ? Le réalisateur d’Ad Astra se penche avec une sensibilité rare sur sa propre enfance et « l’âge où les enfants perdent leur innocence et se trouvent confrontés à leurs premières responsabilités » comme il l’a expliqué à 20 Minutes après le passage du film à Cannes.

« J’évoque ma famille, précise-t-il et ma vie à New York dans les années 1980, mais je crois que ce que je raconte va bien au-delà de ma propre expérience. » Il est facile de se sentir proche de ce bambin (excellent Banks Repeta vu dans Black Phone) qui grandit dans une famille aimante composée de parents joués par Jeremy Strong et Anne Hathaway et d’un grand-père incarné par Anthony Hopkins.

Une histoire d’apprentissage

« Je m’inscris en faux contre l’idée que les enfants sont des créatures qui naissent parfaites, s’amuse James Gray. Ils apprennent – ou pas – le sens de la justice et du bien au gré de leur propre expérience. » Son alter ego comment par se conduire de façon peu glorieuse, notamment face au racisme dont est victime un camarade noir, avant d’acquérir des valeurs plus généreuses. « L’innocence des enfants me semble une notion bourgeoise, insiste James Gray. Les bambins n’évoluent de façon positive que s’ils reçoivent une éducation solide de la part de leur entourage. Je dois beaucoup à ma famille. » L’enfant apprend durement la réalité de la vie notamment face à un père parfois violent parce qu’il ne sait pas par quel bout prendre ce gamin brillant mais rebelle qui s’oppose à toute autorité.

« C’est la première fois que je parle ouvertement de moi-même, sans avancer masqué, pour montrer ce qu’était ma vie à l’époque en espérant que le public s’y retrouvera, » avoue James Gray. Jessica Chastain dans un rôle surprenant et une séquence de cambriolage au suspense haletant prouvent que le cinéaste a gardé tout son talent pour surprendre et charmer. « Mes personnages sont des gens qui font ce qu’ils peuvent, précise-t-il. Parfois, leurs efforts payent et parfois non, mais il y a quelque chose de sublime dans cette quête. »

On ne peut que regretter que l’amour puissant qui se dégage d’Armageddon Time n’ait pas touché le jury cannois. Reste à espérer qu’un succès massif de ce beau film en salle réparera quelque peu cette cruelle injustice.

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