• Avec leur chanson Fulenn en breton, le groupe Alvan et Ahez représentera la France le 14 mai au concours de l’Eurovision.
  • Dans le monde brittophone, c’est la joie et la fierté qui prédominent après le triomphe du groupe breton.
  • Ce succès intervient alors que l’enseignement immersif des langues régionales a été remis en question par le Conseil constitutionnel l’an dernier.

On ne voit à chaque fois que lui. Que l’on soit sur les routes du Tour de France, en festival ou dans un stade de foot, impossible de ne pas tomber sur un Gwenn ha Du. Même dans les endroits les plus reculés du globe, les Bretons ont toujours avec eux leur drapeau noir et blanc pour marquer leur attachement à leur région. Mais derrière ce symbole, il y a aussi une langue qui compte, aujourd’hui, environ 215.000 locuteurs.

Et les gagnants d’#EurovisionFrance c’est vous qui décidez sont @alvan_music et Ahez !
Félicitations aux bretons qui nous représenteront à Turin en Mai ! 🎉🎊

Toutes les prestations de ce soir sont disponibles sur https://t.co/hbLxAmmRIW https://t.co/bGh0BEHYl4#Eurovision2022 pic.twitter.com/AoqWx6mJsU

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Longtemps méprisée et malmenée au cours de l’histoire, et même interdite à l’école, la langue bretonne tient aujourd’hui sa revanche avec le triomphe, samedi, du groupe Alvan et Ahez qui représentera la France à l’Eurovision, le 14 mai à Turin, avec sa chanson Fulenn, qui signifie à la fois étincelle et jolie fille. « C’est une langue dont on a eu très longtemps honte. Maintenant, c’est une véritable fierté de pouvoir l’apporter jusqu’à l’Eurovision », s’est réjouie Marine Lavigne, l’une des membres d’Ahez qui a écrit les paroles de la chanson.

« Cela apporte de la visibilité à la langue bretonne »

Dans le monde brittophone, c’est aussi la joie qui prédomine, même si ce ne sera pas une première pour la langue bretonne, déjà représentée par Dan Ar Braz avec la chanson Diwanit bugale (« Que naissent les enfants » en français) lors du concours de l’Eurovision, en 1996. « C’est très positif, car cela apporte de la visibilité à la langue bretonne au niveau national, mais aussi maintenant européen. Cela donne envie aux gens de l’apprendre et cela renforce la fierté d’être breton », souligne Fulup Jakez, directeur de l’Office public de la langue bretonne.

🥳 Gourc’hemenoù deoc’h @alvan_music & Ahez ha trugarez da reiñ enor d’hon yezh 👏
🥳 Félicitations Alvan & Ahez et merci de faire tant d’honneur à notre langue 👏#EurovisionFrance @EurovisionF2 https://t.co/3t1tP2UMS8

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Même fierté dans le réseau bilingue Diwan que les trois chanteuses du groupe ont fréquenté. « Elles viennent du milieu du fest-noz, mais elles ont cette fois proposé autre chose avec une musique de fusion avec l’électro, indique son directeur, Gregor Mazo. Cela représente bien ce que l’on défend à Diwan, à savoir un enracinement dans la culture locale pour une ouverture sur le monde ». « On voulait montrer qu’on peut mélanger le breton à des sons très modernes, que c’est une langue qui a sa place dans la musique, dans des concours comme ça, à la télévision, partout », a souligné la chanteuse Sterenn Le Guillou.

La polémique sur l’enseignement immersif

En Bretagne, la victoire du groupe Alvan et Ahez est d’autant plus savourée qu’elle intervient après une période agitée pour les défenseurs de la langue bretonne. Après l’adoption en avril 2021 à l’Assemblée nationale de la loi Molac en faveur des langues régionales, le Conseil constitutionnel avait, en effet, déclenché une polémique en censurant deux articles de la loi, dont l’un relatif à l’enseignement immersif.

Le député breton du groupe Libertés et Territoires avait alors enragé contre « une vision totalement dépassée » sur l’enseignement immersif. « Cela met même en insécurité tout un tas d’écoles avec un enseignement en breton, mais aussi en basque, catalan, occitan », avait-il fustigé. Après plusieurs jours de tempête, le président Macron était finalement intervenu, fin mai, pour apaiser les tensions en défendant l’enseignement immersif en langues régionales « que rien ne saurait entraver ».

« Le bilinguisme est tout à fait normal »

Pour Fulup Jakez, la désignation d’une chanson en langue bretonne pour représenter la France à l’Eurovision est donc un joli pied de nez. « On a assisté à la victoire de jeunes qui ont été scolarisés en bilingue et sont aujourd’hui parfaitement intégrés, indique-t-il. Mais il y a des des peurs infondées ou des incompréhensions sur l’enseignement immersif en France, où il y a toujours le dogme d’un état monolingue. Alors que le bilinguisme est tout à fait normal, cela existe dans la plupart des pays du monde ».

Avec le groupe Alvan et Ahez, le breton et les autres langues régionales ont en tout cas trouvé leur ambassadeur. « Il y a d’autres langues minorisées en Europe. S’il y en a au moins une qui peut se faire entendre à Turin, c’est incroyable, estime Marine Lavigne. Je suis contente de porter ce message-là, de montrer cette diversité, cette richesse, qui n’est pas souvent mise en valeur ».

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