Après deux ans de marasme dû au Covid, le théâtre français célèbre sa fête lors de la cérémonie des Molières lundi soir, avec l’espoir d’attirer à nouveau le public dans les salles. Organisés sans public en 2020 puis carrément annulés l’an passé à cause du Covid-19, les Molières seront retransmis sur France 3 à partir de 21h10, depuis les Folies Bergère à Paris. La soirée sera présentée par l’humoriste Alex Vizorek.
La 400e cérémonie pour le 400e anniversaire de Molière
Des stars comme Isabelle Huppert, Vanessa Paradis, Laetitia Casta, Pierre Arditi ou Jacques Weber figurent parmi les nommés de cette 33e édition. Elle a été rebaptisée « 400e cérémonie des Molières » pour marquer le 400e anniversaire de l’auteur du Bourgeois gentilhomme. « On veut que ce soit de la joie et une fête. On a été abattu pendant deux ans car on n’a pas pu faire notre métier, maintenant le public revient, on est en train de renaître, on est heureux, a déclaré Jean-Marc Dumontet, producteur à la tête de plusieurs théâtres parisiens et président des Molières. C’est un moment qui nous permet de nous célébrer et de nous mettre en valeur. »
La fréquentation est un enjeu de long terme pour le spectacle vivant
Selon des chiffres de l’Association pour le soutien du théâtre privé (ASTP) cités par le journal Les Echos, la baisse de fréquentation des théâtres au premier trimestre 2022 est en retrait de 44 % par rapport à 2019. La filière du spectacle vivant a d’ailleurs lancé mi-mai une campagne de communication intitulée « Retrouvons-nous » pour inciter les spectateurs à revenir dans les salles. Et au-delà de l’aspect conjoncturel lié au Covid, la question de la fréquentation est un enjeu de long terme. Selon un rapport de la Cour des comptes paru lundi, les 20-24 ans fréquentent de moins en moins le spectacle vivant dans son ensemble. « Cette évolution n’est pas sans poser question sur la pérennité des pratiques dans l’avenir », selon le rapport.
Une polémique d’avant cérémonie et un hommage à Michel Bouquet
Outre la question de la fréquentation, les Molières ont aussi été précédés d’une polémique avec le collectif #MeTooThéâtre, créé l’an dernier pour dénoncer les violences sexuelles dans ce milieu. A l’origine de ce mouvement, la blogueuse Marie Coquille-Chambel a accusé samedi la cérémonie d’avoir « censuré » le texte qu’elle et une autre militante auraient dû lire sur scène. Le collectif a appelé à un rassemblement de protestation lundi à 19h30 devant les Folies Bergère. Jean-Marc Dumontet rejette l’accusation de censure, en soulignant que ce sont les Molières qui avaient initialement invité le collectif à venir s’exprimer. Mais, selon lui, le texte proposé ne correspondait pas à l’accord conclu entre les deux parties.
En vertu de cet accord, cette prise de parole devait « éviter l’évocation de cas particuliers », a-t-il expliqué. En outre, elle devait être « centrée autour d’une proposition », à savoir « la mise en place d’un référent sur les agressions sexuelles dans chaque théâtre ou compagnie ». Transmis « très en retard », le texte du collectif « n’apportait pas de propositions », abordait « un exemple personnel » et « dénonçait la présence de violeurs dans la salle, ce qui est une assertion totalement gratuite », a déploré M. Dumontet.
Selon lui, Marie Coquille-Chambel n’a pas répondu aux relances de l’organisation dans la journée de samedi, et a « préféré s’exprimer sur ses réseaux sociaux dans la soirée ». « Personne ne nous dictera le ton ni le contenu de notre parole. C’est pour cette raison que nous avons décidé de ne pas être présentes aux Molières », a pour sa part écrit Marie Coquille-Chambel dans un billet de blog samedi, en reproduisant le texte au centre du litige.
Au-delà de cette polémique, le patron des Molières promet « un hommage fort à Michel Bouquet ». Cette figure tutélaire du théâtre et du cinéma français, qui avait joué pas moins de 800 fois Le roi se meurt de Ionesco, est morte le 13 avril à 96 ans, et a eu droit à un hommage national aux Invalides.
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