Même si l’intervention chirurgicale garde encore la main, la prise d’antibiotiques permet de l’éviter dans certains cas.
Douleurs vives irradiantes dans la fosse iliaque, « en bas, à droite », vomissements, nausées, constipation ou diarrhée, fièvre modérée (38,5 °C), ventre dur… Si les signes d’une appendicite aiguë sont plutôt bien connus, leur banalité rend difficile à diagnostiquer l’inflammation de cette petite excroissance du côlon. Fréquente, elle touche principalement les enfants, les ados et les jeunes adultes de moins de 30 ans et peut avoir diverses causes, à vrai dire pas toujours clairement identifiées. Il peut s’agir d’une infection de l’intestin, d’une maladie inflammatoire, voire de parasites. Des résidus de matières fécales peuvent également obstruer l’appendice et être à l’origine d’une prolifération bactérienne. En général, on retire en urgence l’appendice infecté. Avec près de 70 000 interventions chaque année, c’est d’ailleurs l’une des opérations les plus courantes en France. Mais ce paradigme pourrait changer avec la mise en place d’un traitement antibiotique comme alternative à l’intervention chirurgicale.
Des études à l’appui
« Dans les pays nordiques, comme en Suède, le traitement médicamenteux est proposé systématiquement en première intention et l’on n’opère que s’il échoue », explique le Pr Corinne Vons, chef du service de chirurgie digestive de l’hôpital Jean-Verdier, à Bondy. Ce médecin a mené un essai clinique en 2011, publié dans la prestigieuse revue scientifique britannique The Lancet, montrant la possibilité d’utiliser un antibiotique simple (amoxicilline + acide clavulanique) pendant huit à quinze jours, en remplacement de la chirurgie. En 2015, une étude finlandaise a également confirmé ces conclusions. Les chercheurs ont sélectionné 500 patients ayant une appendicite aiguë sans complication, autrement dit sans que l’infection ait gagné le péritoine (péritonite), la membrane qui tapisse la cavité abdominale. La moitié a été opérée, l’autre moitié a pris un traitement antibiotique pendant au moins huit jours. En conclusion : plus des deux tiers des patients soignés avec les médicaments ont été parfaitement guéris.
Une surveillance nécessaire
« Ces résultats confirment l’idée qu’il existe deux formes d’appendicite : celles qui, au scanner, montrent d’emblée des signes de complications, comme une perforation de l’appendice aboutissant à un abcès ou une péritonite généralisée, et celles dont l’infection est limitée à l’appendice, pour lesquelles des antibiotiques pourraient suffire à traiter la crise, explique le Pr Vons. Des études épidémiologiques ont en effet démontré qu’il n’y avait pas d’évolution d’une forme à l’autre, mais qu’il s’agissait bien de deux appendicites aiguës avec une physiopathologie différente. » Pour autant, ce scénario ne fait pas encore consensus chez les médecins. Et, pour l’heure, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande encore d’opérer systématiquement les appendicites aiguës. Toutefois, les pratiques changent petit à petit. « Lorsque l’imagerie ne montre pas de complications, l’hospitalisation n’est plus systématique, observe le Pr Philippe Godeberge*, gastro-entérologue à l’Institut mutualiste Montsouris, à Paris. Mais les patients sous antibiotiques (voie orale ou injectable) doivent être surveillés pour contrôler leur température et l’évolution des symptômes. Si, au bout de quarante-huit heures de traitement il n’y a pas d’amélioration notable, la chirurgie est alors envisagée. » Il faut aussi consulter après la cure pour vérifier que tout est rentré dans l’ordre.
Vive la coelioscopie !
C’est désormais la méthode la plus utilisée pour une opération de l’appendicite: le chirurgien pratique trois petites incisions de quelques millimètres au niveau de l’abdomen, par lesquelles il introduit à la fois ses instruments et une caméra. Un gaz est injecté pour gonfler l’abdomen et permettre de retirer l’appendice infecté en seulement trente minutes.
*Auteur, avec Caroline Balma-Chaminadour, de Qu’est-ce que tu as dans le ventre ? Hachette
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