Autorisée par l’agence fédérale des médicaments (FDA – Food and Drug Administration), la pilule abortive pourrait souffrir de la décision prise, vendredi 24 juin 2022, par la Cour Suprême américaine. Dans les neuf États où l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est désormais prohibée, l’accès à l’avortement médicamenteux pourrait subir le même sort.
Et seulement quelques heures après l’abrogation de l’arrêt Roe vs. Wade, le 24 juin 2022, le président Joe Biden et son administration se sont engagés à protéger la pilule abortive, dernière échappatoire pour des milliers de résidentes du Missouri, de l’Utah ou encore de la Louisiane.
Pourtant, selon les médias locaux, les gouverneur.e.s de ces États entendent barder d’obstacles l’accès à ces pilules, les érigeant comme leur dernier cheval de bataille, avant une pénalisation totale de l’IVG sur le territoire.
La pilule abortive : zone grise du droit à l’avortement
Depuis l’annonce du 24 juin, la demande de ces pilules autorisées jusqu’à la dixième semaine de grossesse explose. Selon le New York Times, quelques heures seulement après la décision, l’organisation Just the Pill, qui délivre ces médicaments dans plusieurs Etats américains, a noté près de 100 demandes de rendez-vous supplémentaires.
Selon le Guttmacher Institute, elle est la méthode utilisée dans plus de la moitié des avortements aux Etats-Unis. « Pour une majorité de femmes, l’avortement médicamenteux est l’option la plus favorable, notamment lorsque les cliniques se trouvent trop loin de leur domicile », explicite l’institution.
Aux prémisses de la pandémie de Covid-19, un système d’envoi postal a été mis en place, pour faciliter l’accès à la pilule abortive et qui permettait aux femmes d’avorter chez elles, après une autorisation médicale, obtenue par visioconférence. C’est cette organisation que 19 États menacent désormais.
Ainsi, dimanche 26 juin 2022, la gouverneure du Dakota du Sud, Kristi Noem, a affirmé que les IVG médicamenteuses à domicile étaient des “interventions médicales très dangereuses” et qu’elles devraient uniquement se faire sous supervision médicale. Aucun consensus médical ne vient appuyer ses dires.
« Un marché gris de la pilule abortive devrait se développer, car les défenseurs et les patients s’arrangent pour que des envois difficiles à détecter soient envoyés par la poste, dans les États où l’avortement est interdit », alerte le Washington Post. En somme, la pilule abortive deviendrait, si les Etats l’interdisent, un objet de contrebande.
L’administration Biden tente de faire barrage
Malgré son impuissance, le président démocrate Joe Biden a réaffirmé son opposition, face à cette révocation du droit à l’avortement. Il aurait demandé aux autorités sanitaires du pays de s’assurer que l’accès à ces pilules abortives ne soit pas entravé, selon les informations du New York Times.
« Nous sommes prêts à travailler avec d’autres branches du gouvernement fédéral qui cherchent à utiliser leurs pouvoirs légaux pour protéger et préserver l’accès aux soins reproductifs », a déclaré Merrick Garland, le ministre de la Justice, lors d’une conférence de presse. « Les États ne peuvent pas interdire le mifepristone (pilule abortive, ndlr) sur la base d’un désaccord avec le jugement d’expert de la FDA sur sa sécurité et son efficacité« , a-t-il rappelé.
Mais le journal américain prévoit déjà « un bras de fer juridique à venir, où l’engagement pro-IVG du département de la Justice pourrait bien être supplanté par le jugement fédéral ».
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