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L’amblyopie, c’est une acuité visuelle basse sur 1 ou 2 yeux. Chez l’enfant, ce problème peut être soigné s’il est traité avant 6 ans.
Qu’est-ce que l’amblyopie ?
L’amblyopie, c’est d’abord un handicap : les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) la définissent comme une » baisse plus ou moins marquée de l’acuité visuelle, sans lésions apparentes de l’œil, et qui ne peut être compensée optiquement « .
Qu’est-ce que ça signifie ? » En clair, une personne qui souffre d’amblyopie a une acuité visuelle médiocre (entre 1/20ème et 4/10ème) sur un œil ou sur les deux, sans être aveugle : cette anomalie ne peut pas être corrigée à l’aide de lunettes ou de lentilles – ce n’est pas comme une myopie ou un astigmatisme » explique Véronique Morin, orthoptiste.
Il existe deux types d’amblyopie :
- L’amblyopie anatomique apparaît lorsqu’une anomalie est présente sur la chaîne visuelle – c’est-à-dire : le » circuit » qui relie l’œil au cerveau et qui nous permet de voir. Cette anomalie empêche une vision de qualité d’un œil ou des deux.
- L’amblyopie fonctionnelle résulte d’un problème survenu pendant la petite enfance. Explication : à la naissance, Bébé a une acuité visuelle de 1/20ème, ce qui signifie qu’il voit 20 fois moins bien qu’un adulte. La vue de l’enfant se développe au cours de ses 6 premières années : lorsque tout va bien, l’enfant acquiert peu à peu une vision normale. Mais si l’enfant présente un problème à la naissance et que celui-ci n’est pas corrigé, il peut développer une amblyopie fonctionnelle : son acuité visuelle n’a pas progressé, sur un œil ou sur les deux.
Quelles sont les causes de l’amblyopie et qui est concerné ?
L’amblyopie anatomique peut se déclarer à tout âge : elle résulte généralement d’une pathologie de l’œil (la DMLA, la rétinopathie diabétique et la cataracte étant les causes les plus fréquentes) mais peut aussi découler d’un trouble neurologique (par exemple : une tumeur au cerveau ou une atrophie du nerf optique).
L’amblyopie fonctionnelle, quant à elle, apparaît chez l’enfant âgé de 0 à 6 ans. Cette anomalie découle de la non-prise en charge d’un problème de vue : le plus souvent, il s’agit d’un strabisme non-corrigé qui entraîne le développement de l’acuité visuelle d’un œil au détriment de l’autre. Plus rarement, l’amblyopie fonctionnelle peut résulter d’une cataracte congénitale, c’est-à-dire présente dès la naissance de l’enfant.
À savoir : d’après une étude parue en 2014 dans le Journal Français d’Ophtalmologie, l’amblyopie serait la cause la plus fréquente de mauvaise vision monoculaire chez l’enfant. Ainsi, 3 % à 5 % des enfants de moins de 6 ans seraient concernés.
Symptômes : comment se manifeste l’amblyopie ?
Si l’amblyopie est binoculaire, c’est-à-dire qu’elle touche les deux yeux, la personne est malvoyante :
- la vision est floue et ce n’est pas » mieux » de près ou de loin,
- aucune correction n’améliore la vision,
- il est impossible de lire, de conduire, de reconnaître un visage…
Si l’amblyopie est monoculaire, c’est-à-dire qu’elle touche un œil sur les deux, la personne est dans l’incapacité de percevoir les reliefs :
- la personne se cogne souvent, elle tombe, elle heurte les meubles,
- de nombreux métiers sont interdits : laborantin, conducteur de poids lourds, grutier, chirurgien, pilote d’avion…,
- la vision est » à plat » : il n’y a pas de perception en 3 dimensions.
À savoir : « l’amblyopie est un réel handicap qui a un impact lourd sur la vie quotidienne, affirme Véronique Morin. Si l’on extrapole un peu, avec l’espérance de vie qui augmente (mais qui majore aussi la prévalence des pathologies dégénératives du système visuel…), on peut estimer que les amblyopes fonctionnels ont environ un risque multiplié par 2 de subir une cécité avec l’âge, ce qui peut mettre leur autonomie en danger. «
Prévention : 3 signes d’alerte à surveiller pour prévenir l’amblyopie chez son enfant
Attention ! » Un enfant qui ne voit bien qu’avec un œil (amblyope monoculaire) ne se plaindra pas puisqu’il n’aura jamais connu une vision » normale » : c’est le rôle des parents et des professionnels de santé de surveiller le bon développement de la vue chez les plus jeunes ! » souligne Véronique Morin.
Voici 3 signes d’alerte à surveiller : s’ils apparaissent chez l’enfant (même de façon minime ou une seule fois), il est nécessaire de prendre rendez-vous chez un médecin ophtalmologue !
- Il a un œil qui louche
Un œil qui louche (qui » part » sur le côté ou qui regarde vers le nez) est un symptôme à ne pas ignorer : il peut être question d’un strabisme qui, en l’absence de correction, pourra évoluer en amblyopie.
« Il existe un test très simple pour savoir si votre enfant a un strabisme ou pas, affirme Véronique Morin. Prenez son visage en photo de face avec le flash puis regardez le cliché : si les reflets du flash sont bien au milieu des yeux, tout va bien. S’il y a un décalage, même minuscule, il faut consulter sans tarder. «
- Il tourne la tête pour mieux voir
Pour regarder la télévision ou observer un objet, l’enfant tourne ou penche la tête, se cache un œil ou encore ferme un œil : » ce symptôme signifie sans doute qu’il y a une différence d’acuité visuelle entre les deux yeux de l’enfant et c’est un motif de consultation rapide » développe la spécialiste.
En effet, cela peut signifier qu’un œil se développe au détriment de l’autre… et aboutir à une amblyopie.
- Il est » maladroit »
Il se cogne partout, il tombe sans cesse, il se prend les pieds dans les tapis, il se prend régulièrement les coins de table, les portes…
» De nombreux parents consultent en disant » mon enfant est maladroit » : ce symptôme peut révéler une mauvaise perception des reliefs donc, encore une fois, une différence d’acuité visuelle entre les deux yeux » explique l’orthoptiste. En clair, il faut consulter…
Et chez l’adulte ? » Il est difficile de repérer les premiers symptômes de l’amblyopie chez l’adulte car ceux-ci sont très progressifs… et on s’y adapte ! » précise Véronique Morin. Toutefois, si vous avez l’impression de » perdre » votre vue, si vous voyez parfois » flou » avec un œil ou les deux, si vous vous sentez mal à l’aise lorsque vous conduisez de nuit (les lumières vous gênent, vous plissez les yeux…) un rendez-vous chez l’ophtalmologue s’impose – surtout si vous avez 45 ans et plus !
Traitement : comment soigne-t-on l’amblyopie ?
Pour l’amblyopie anatomique, il faut traiter le problème à l’origine du déficit d’acuité visuelle binoculaire ou monoculaire : » si votre amblyopie est liée à une cataracte, elle disparaîtra naturellement après l’opération chirurgicale, illustre Véronique Morin. En revanche, si vous avez une amblyopie anatomique liée à une DMLA ou à une rétinopathie diabétique, il sera seulement possible de freiner la perte d’acuité visuelle. «
Bonne nouvelle : lorsqu’elle est prise en charge suffisamment tôt, l’amblyopie fonctionnelle chez l’enfant peut être soignée en l’espace de quelques mois seulement. » Attention : il faut traiter le problème avant l’âge de 6 ans, car ensuite le système visuel ne peut plus évoluer et l’amblyopie devient permanente ! » nous avertit l’orthoptiste.
Comment se déroule la prise en charge ? « Primo, l’enfant sera (si besoin) équipé de lunettes : celles-ci seront à porter en continu, pas seulement pendant l’école ou devant la télé ! «
Ensuite, il sera question de » forcer » l’œil qui ne s’est pas développé à rattraper son retard : » pour cela, on utilise la technique de la pénalisation : on masque le » bon » œil à l’aide d’un cache ou de verres opaques (ou encore en le rendant temporairement malvoyant à l’aide de gouttes), ce qui oblige le cerveau à utiliser le » mauvais » œil. «
Ça fonctionne ? Oui ! « On estime que, si le traitement est bien suivi et que la prise en charge est précoce, on regagne 1/10ème d’acuité visuelle par semaine de pénalisation. «
Le conseil de la pro : « l’amblyopie est un handicap grave. Il est donc recommandé de faire un dépistage avant l’âge de 3 ans (il est inscrit dans le carnet de santé de l’enfant) et de rendre visite à son ophtalmologue au moins tous les 3 ans à partir de l’âge de 45 ans. «
Merci à Véronique Morin, orthoptiste, optométriste et opticienne, responsable de formation pour l’Association Nationale pour l’Amélioration de la Vue (ASNAV).
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