Avec leurs messages attractifs et souvent trompeurs, les étiquettes de nos produits alimentaires méritent d’être lues avec soin.

Nom et origine du produit, liste des ingrédients, valeurs nutritionnelles… Les produits alimentaires préemballés doivent respecter un étiquetage obligatoire. Ces informations ne sont pas toujours faciles à décrypter pour le consommateur. D’autres mentions – allégations santé ou nutritionnelles… sont, elles, à la discrétion du fabricant, et ont parfois tendance à nous rouler dans la farine. Apprenons à bien les lire !

Des promesses souvent peu claires

« 0 % de matières grasses », « Allégé en sucres », « Riche en calcium »… ces mentions, que l’on appelle « allégations nutritionnelles », sont réglementées par la Commission européenne depuis 2006. Elles sont rarement fausses, sauf en cas de fraude caractérisée. Néanmoins, la plupart du temps, il est difficile de savoir ce qu’elles recouvrent vraiment. « Sans sucre » ou « sans matières grasses » signifie que le produit contient moins de 0,5 g de sucres ou de lipides pour 100 g. C’est précis.
À savoir. Si la mention « sans sucre ajouté » signifie que le producteur n’a pas ajouté de sucre lors de la fabrication, le produit, comme une compote ou un jus de fruits, peut toutefois en contenir naturellement, et même beaucoup.

« Allégé », une indication très relative

Crème fraîche ou compote « allégée », une indication rassurante ? Pas sûr. En fait, cette mention indique que le produit contient 30 % de matières grasses (ou de sucre) en moins que la moyenne des produits de même gamme. Un allègement très relatif, donc. « En cas de contrôle, le fabricant doit être en mesure de prouver qu’il a fait les calculs requis, mais cela n’est pas transparent pour le consommateur », souligne Lisa Faulet, chargée de mission alimentation à l’association Consommation, logement et cadre de vie (clcv.org). « Une compote allégée en sucre peut en contenir plus qu’une compote sans sucres ajoutés », prévient Florence Foucaut, diététicienne à Paris et membre de l’Association française des diététiciens nutritionnistes (afdn.org).
À savoir. Un produit présenté comme « sans matières grasses » contient souvent davantage de sucre, et un produit « sans sucre » davantage de matières grasses ou une grande quantité d’édulcorants. Tout comme un produit « sans sel » risque de contenir davantage de sucres, ou divers exhausteurs de goût.

Allégations santé, sans intérêt

« Le véritable problème se situe dans le règlement de 2006 », précise Irène Margaritis, cheffe de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). « A l’origine, ces allégations n’auraient pas dû se trouver sur un produit au caractère nutritionnel défavorable (en gros : trop gras, trop sucré ou trop salé). Mais aujourd’hui, tous les produits, quels qu’ils soient, en ont le droit. » Certaines mentions suggèrent même un lien avec la santé, comme « Les oméga 3 réduisent les risques cardio-vasculaires » ou « Le calcium est nécessaire au maintien d’une ossature normale ». Il ne faut pas se laisser abuser par ces affirmations qui revendiquent l’effet santé d’un seul nutriment, sans considérer la globalité du produit, peut-être riche en gras, sel ou sucre.
À savoir. « Pour obtenir un bénéfice santé lié à une de ces allégations, il faudrait consommer le produit très régulièrement, ce qui est contraire au principe d’une alimentation diversifiée », affirme Irène Margaritis. « Si l’on mange de façon équilibrée, on n’a pas besoin de produits portant ce type de mention. »

Des outils à privilégier

Même s’il n’est pas obligatoire, le Nutri-Score, qui note les aliments de A à E en fonction de la qualité et du dosage des nutriments utilisés dans la confection d’un produit, s’installe progressivement en rayon. « Ce logo, développé par des scientifiques, a montré son efficacité en conditions réelles d’achat, en orientant le choix des consommateurs en fonction de la qualité du produit », indique Lisa Faulet. « Et les applications mobiles qui permettent de scanner les aliments en rayon et donnent des informations globales vont dans le bon sens pour le consommateur. » Sur ce point, la Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV) privilégie Open Food Facts, qui prend en compte le NutriScore, la transformation des produits et les additifs. »

Des fruits, surtout sur le paquet

« Les noms des produits et les visuels présents sur le paquet constituent aussi des allégations, selon le règlement européen », rappelle Irène Margaritis. « Mais les règles se prêtent aux interprétations les plus diverses. » Et c’est ainsi que l’on retrouve dans les rayons, des soupes « de légumes verts » qui en contiennent moins que d’autres légumes. Ou encore des paquets de biscuits couverts de photos de framboises alors que ces fruits sont bien peu présents dans la recette. Pour savoir ce que l’on mange, mieux vaut regarder à l’arrière de l’emballage. Quand on retourne le paquet, les informations (écrites en tout petits caractères !) sont plus fiables… Le fabricant est tenu d’y donner la liste des ingrédients, classés par quantité dans un ordre décroissant.
À savoir. Si votre pâte à tartiner préférée indique d’abord du sucre, puis de l’huile, et seulement en troisième position des noisettes, vous savez ce que vous consommez en priorité.

Identifier les additifs

C’est également dans cette liste portée au dos des emballages que l’on voit si des additifs sont présents dans la recette. Plus de 300 d’entre eux sont autorisés. Il est difficile de faire la part des choses : certains ne présentent aucun risque, d’autres sont moins recommandables. L’UFC-Que Choisir les note tous et en a établi une liste (dont 87 à éviter), qui peut être librement consultée sur quechoisir.org/comparatif-additifs-alimentaires-n56877. Ces ingrédients figurent dans la liste des composants aussi bien sous leur nom chimique (tels la tartrazine, un colorant, ou l’acide benzoïque, un conservateur), que sous leur numéro de code (un E suivi de trois chiffres). Leur DJA (dose journalière autorisée) est régulièrement évaluée… mais pas leurs effets sur la santé quand on les associe.
À savoir. Grâce à son moteur de recherche intégré, la notation effectuée par l’UFC-Que Choisir est facilement consultable en magasin depuis un mobile. Un onglet à garder en favori.

Valeurs nutritionnelles, à vos calculettes

Une autre série d’informations est obligatoire : celle des valeurs nutritionnelles, souvent rassemblées sous forme d’un tableau, comprenant la valeur énergétique (en kcal), la quantité de matière grasse ou lipides, de glucides (dont les sucres), de protéines et de sel – le tout pour 100 g de l’aliment. Votre chocolat favori affiche 566 kcal pour 100 g ? Cela correspond à plus du quart des besoins énergétiques d’une femme en une journée, et à ce que l’on dépense en une heure de course à pied. La même tablette affiche 29 g de sucre ? C’est déjà davantage que les 25 g par jour maximum que recommande l’Organisation mondiale de la santé.
À savoir. Mieux vaut en revanche éviter de regarder les chiffres par portion, qui nous donnent une impression erronée : on mange souvent bien plus que la portion indiquée.

Un « made in France » à prouver

« Tradition française », « Recette française », « Produit français »… Les consommateurs sont de plus en plus sensibles à l’origine des produits qu’ils achètent. Les fabricants l’ont bien compris, et cherchent à nous séduire avec des mentions bien souvent fantaisistes, voire carrément trompeuses, comme l’ont relevé les enquêtes de la répression des fraudes (DGCCRF). Heureusement, une lecture attentive de l’étiquetage permet souvent d’en apprendre un peu plus. Ainsi, depuis le 1er avril 2020, les produits qui vantent leur origine hexagonale par une mention ou la reproduction d’un drapeau tricolore doivent indiquer l’origine de leur « ingrédient primaire », autrement dit celui représentant plus de la moitié de la composition, si cet ingrédient n’est pas d’origine française. C’est déjà ça…
À savoir.. L’origine de la viande doit obligatoirement être indiquée dès lors qu’elle entre pour plus de 8 % dans la composition d’un produit.

Des mentions trompeuses

Un paquet de flocons d’avoine décoré d’un joli drapeau tricolore… alors que les céréales viennent de l’est de l’Europe et sont emballées en Allemagne, un miel « aux saveurs de Provence » importé du Mexique, une crème fouettée au nom qui sent bon la Normandie, fabriquée en Belgique avec du lait des Pays- Bas…L’association FoodWatch, qui lutte pour la transparence du marché alimentaire, n’en finit pas de relever des mentions trompeuses dans les rayons. Elle appelle les pouvoirs publics à oeuvrer pour une réglementation de nature à mieux protéger les consommateurs de plus en plus soucieux de l’origine des produits. L’association propose de signer une pétition en ce sens sur foodwatch.org/fr/agir/signez-nos-petitions/

Des contrôles et des manquements

60 avertissements , 71 injonctions et 17 procès-verbaux. C’est le résultat d’une enquête réalisée en 2019 par la Direction générale de la consommation (DGCCRF) portant sur les allégations santé de l’étiquetage. Les principaux manquements concernent l’utilisation d’allégations non autorisées (« pour lutter contre l’anémie »), ou encore ne correspondant pas à la composition : « source de vitamines », alors que la teneur en vitamines était trop faible.

Origine, une réglementation hétéroclite

L’étiquetage des fruits et des légumes frais vendus en vrac doit mentionner leur pays d’origine. En ce qui concerne la viande bovine, vendue à la coupe ou préemballée, les lieux de naissance, d’élevage et d’abattage sont obligatoirement renseignés. Pour les autres viandes (porc, agneau, volaille…), l’indication des seuls lieux d’élevage et d’abattage n’est obligatoire que pour les produits vendus préemballés. Pour l’huile d’olive, seules les qualités « vierge » et « vierge extra » sont tenues de préciser leur origine. La réglementation n’est pas faite pour simplifier la vie du consommateur.
À savoir. L’indication de l’origine géographique du lait, qui était en cours d’expérimentation, n’est désormais plus obligatoire à la suite d’un arrêt du Conseil d’Etat.

Des appellations officielles

Vins, fromages, charcuterie, huile d’olive… en France, comme dans les autres pays européens, un certain nombre de produits peuvent bénéficier de mentions de qualité garantissant leur origine géographique. Ainsi, l’AOP (appellation d’origine protégée) et sa déclinaison française AOC (appellation d’origine contrôlée) garantissent qualité et traçabilité des produits labellisés. Ils distinguent les terroirs et les savoir-faire, et assurent au consommateur que l’élaboration et la transformation de chaque produit concerné ont été effectuées dans une zone géographique bien définie. Moins contraignant, l’IGP (indication géographique protégée) peut être accordée aux produits dont au moins la production, l’élaboration ou la transformation est réalisée dans une zone géographique précise.

Sucre, gras, faites les calculs

Mieux vaut éviter de prendre pour argent comptant les allégations qui se trouvent à l’avant du paquet. En prenant l’habitude de regarder la liste des ingrédients, d’opter pour les produits ayant la liste la plus réduite possible, et de comparer les aliments d’une même gamme (avec le Nutri- Score, quand il est indiqué), on peut privilégier les produits de meilleure qualité nutritionnelle. Il faut être particulièrement attentif au sucre, en évaluant l’équivalence par morceaux. Sachant qu’un sucre pèse environ 5 g, on peut facilement calculer le nombre de morceaux que l’on ingérera en consommant un produit. Attention également, lorsque l’on choisit un plat à base de viande, comme le hachis parmentier, au ratio protéines/ lipides. Il doit être supérieur à 1, c’est-à-dire contenir davantage de protéines que de lipides. Et chaque fois que c’est possible, on privilégie des aliments frais en vrac que l’on cuisine soi-même !
(Merci à Florence Foucaut, dietéticienne-nutritionniste)

Bio, fiez-vous aux labels

« Naturel », « Sans pesticides »… Producteurs et distributeurs rivalisent d’imagination pour vendre des produits prétendument meilleurs pour la santé et l’environnement. Problème : en l’absence d’un cahier des charges et d’un contrôle par un organisme indépendant et agréé, ces mentions n’ont aucune valeur. Fiez-vous aux bons labels !

  • Agriculture biologique (eurofeuille) et AB (France). Ces deux labels garantissent que les fruits et les légumes sont cultivés sans produit de synthèse (pesticides, herbicides, engrais) et sans OGM.
  • Bio Cohérence et Nature & Progrès. Ces mentions intègrent les critères du bio et garantissent que les fruits et les légumes sont d’origine française et produits dans le respect des agriculteurs.
  • Demeter. En plus du cahier des charges du bio, ce référentiel distingue les productions respectant les principes de la biodynamie.
  • BioDyvin. Il distingue des vins certifiés biologiques et issus d’une agriculture biodynamique. Bio équitable en France. Ce label appliqué aux productions françaises réunit commerce équitable et agriculture biologique certifiée.

Trois réflexes à adopter en rayons

1. Regarder le prix au kg. Le volume des contenants étant libre, on peut facilement acheter un produit plus cher, simplement parce que le conditionnement n’est pas courant (par exemple 425 g au lieu de 500 g). Seul le prix au kilo ou au litre permet de comparer. Il figure obligatoirement sur l’étiquette électronique.
2. Faire attention aux « Format familial » ou « Maxi format ». Ils incitent à croire que le produit est moins cher. C’est parfois vrai, mais pas toujours. Vérifiez systématiquement que le paquet de 1 kg n’est pas plus cher que deux paquets de 500 g.
3. Se méfier des lots promotionnels. De même, recalculez constamment le prix des lots promotionnels. Dans la grande distribution, 3 produits identiques achetés séparément valent souvent moins cher que les mêmes suremballés et vendus ensemble. Idem pour le pack de 6 bouteilles « dont 1 gratuite » qui peut en fait coûter plus cher que le pack normal du fond de rayon.

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