Si l’on connaît les dangers pour le fœtus d’une consommation élevée d’alcool, devons-nous réellement nous abstenir pendant neuf mois ? En cette Journée mondiale de sensibilisation au syndrome d’alcoolisation fœtale, on fait le point avec une gynécologue.

Ce mercredi 9 septembre a lieu la Journée mondiale de sensibilisation au syndrome d’alcoolisation fœtale. L’alcool durant la grossesse est un sujet on ne peut plus délicat. Tout en mettant en garde contre les dangers d’une consommation élevée – notamment sur le développement du fœtus -, certains gynécologues et certaines sages-femmes sont plus modérés que d’autres. Qu’en est-il vraiment ?

Je peux boire au tout début de la grossesse avant que le bébé ne se forme ?

Le cerveau du fœtus n’étant pas encore formé, on se dit souvent qu’il n’est pas si grave de se laisser tenter par un verre d’alcool. Sans oublier que certaines femmes ne savent pas dès les premières semaines qu’elles sont enceintes et continuent donc de boire en toute innocence. La gynécologue Carole Maitre rassure : «La consommation d’alcool en début de grossesse comporte moins de risques, car nous en sommes effectivement au stade de la division cellulaire. Donc si une maman a bu pendant le premier mois, ce n’est pas si grave. Mais comme nous ne savons pas actuellement définir un seuil de sécurité en dessous duquel l’alcool n’est pas dangereux, il vaut mieux s’abstenir de boire dès que l’on a fait un test qui s’est révélé positif. Et, de manière absolue, à partir du deuxième mois de grossesse. Dès six semaines, on entend une activité cardiaque, et les hémisphères cérébraux se forment dès douze semaines.»

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Je peux boire un verre de vin rouge ou une coupe de champagne car ils sont moins nocifs ?

Même enceinte, on se verrait bien boire un verre exceptionnellement le soir du 31 décembre, de préférence une coupe de champagne à un verre de vodka. La gynécologue le confirme : «Le danger pour le bébé dépend du taux d’alcoolémie et de la quantité d’alcool ingérée. Alors boire une coupe de champagne ou un verre de vin n’est pas si grave, surtout si c’est durant le premier trimestre. Mais il vaut mieux, bien sûr, s’abstenir.»

Je dois même éviter de manger des plats cuisinés à l’alcool ?

Coq au vin, bananes flambées, baba au rhum… l’alcool utilisé en cuisine est-il aussi nocif pour le fœtus ? «Pendant la cuisson, l’alcool ne disparaît pas totalement : le baba au rhum par exemple est fortement arrosé d’alcool. De plus, tout dépend du métabolisme de la mère, de son poids et de sa capacité à éliminer l’alcool. Par précaution, il vaut mieux s’abstenir. Moins on absorbe d’alcool, mieux c’est. N’oublions pas que le placenta ne filtre rien, le foie du fœtus absorbera donc directement l’alcool.»

En fin de grossesse, je peux me permettre un verre parce que le bébé est formé ?

Même si le cerveau du bébé est formé en fin de grossesse, la consommation d’alcool peut entraîner des pathologies. «Le cerveau du fœtus pendant le troisième trimestre n’est toujours pas capable de supporter l’alcool, mais les risques sont différents. Plus que des anomalies organiques, l’alcool provoquera des troubles comportementaux. L’enfant pourra souffrir du syndrome d’alcoolisation fœtale, d’hyperactivité par exemple, de soucis de concentration ou encore de modifications du faciès», explique la gynécologue.

*Initialement publié en 2015, cet article a fait l’objet d’une mise à jour.

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