Il y a un an, elle était sacrée premier Ballon d’Or féminin de l’histoire. Ce mercredi 30 octobre, la Norvégienne Ada Hegerberg a ajouté un record à son palmarès en devenant la meilleure buteuse de la Ligue des champions. Portrait d’une femme aussi engagée sur le terrain qu’en dehors.
Plus rien n’arrête Ada Hegerberg. La Norvégienne est devenue, ce mercredi 30 octobre, la meilleure buteuse de l’histoire de la Ligue des champions féminine après avoir marqué contre le Fortuna Hjörring, son 52e but en 50 matchs. Avant de doubler la mise au retour des vestiaires. L’attaquante de l’Olympique lyonnais (OL) efface ainsi à seulement 24 ans le record de l’Allemande Anja Mittag.
Ada Hegerberg a déjà tout d’une grande. Première femme à avoir reçu le Ballon d’Or en 2018, la joueuse marque peu à peu l’histoire du football féminin. Aussi bien sur le plan sportif qu’en matière d’égalité salariale.
Le foot dans le sang
Ada Hegerbeg grandit à Sunndal, une petite ville enclavée entre un fjord et une vallée. Un environnement paisible, qui voit la jeune fille frapper ses premiers ballons sur la pelouse fraîche. «À Sunndal, tu te sens en sécurité. Tu vis en harmonie avec la nature. Tu joues avec les garçons depuis toute petite. La mixité est normale, décrit-elle, dans un entretien accordé au Monde en juin. Avec ma soeur Andrine, on a joué avec eux jusqu’à 13 ans.»
Chez les Hegerberg, on a le football dans le sang. Stein Erick, le père, est un ancien joueur de D2 norvégienne. Quant à la mère, Gerd, c’est une ex-attaquante de Toppserien, la première division locale. Biberonnée au foot, Ada suit très tôt les entraînements du père en compagnie de sa sœur aînée Andrine et son frère Silas. L’ancien joueur enseigne à ses enfants les basiques : les passes, les contrôles, les frappes. Les leçons finissent par payer. Ada se révèle «rapide, douée, fonceuse», raconte Pascal Ferré, rédacteur en chef de France Football. Sa sœur, elle aussi, commence à se faire remarquer.
En vidéo, Ada Hegerberg, Ballon d’or 2018
La gloire à Lyon
Ada n’est âgée que de 16 ans quand elle quitte le cocon familial pour rejoindre le club de Stabæk, près d’Oslo. Heureusement, sa sœur Andrine fait, elle aussi, partie de la nouvelle sélection. La jeune femme observe : «Lorsque tu as des ambitions, tu dois partir, aller dans les grandes villes, comme Bergen ou Oslo. C’est ce que j’ai fait, notamment grâce à ma famille, qui est spéciale. Mes parents ont toujours pensé hors cadre, pour que l’on se développe sportivement et humainement aussi.» S’il se trouve à plus de 400 kilomètres de ses filles, Stein Erick analyse chacun de leurs matchs, leur fait un rapport et travaille leurs «points faibles» quand elle sont de retour à la maison. Gerd, la mère, l’assure au Monde : «Sans nous, nos filles ne seraient jamais arrivées là où elles sont.»
La même année, les deux sœurs sont recrutées par le FFC Turbine Potsdam, en Allemagne. Le début d’une carrière internationale. Là-bas, Ada enchaîne les buts, se fait remarquer et part bientôt pour l’Olympique lyonnais. Elle vient compléter le trio offensif aux côtés de la Française Eugénie Le Sommer et de la Suédoise Lotta Schelin. Lors de la saison 2015-2016, la Norvégienne explose les compteurs. Ses 54 buts marqués en seulement 35 matchs font d’elle la meilleure buteuse dans chaque compétition. Hors de la pelouse, Ada apprend le français. Désireuse de tout comprendre, elle maîtrise vite la langue et multiplie les blagues dans les vestiaires à l’attention de ses coéquipières aussi talentueuses qu’elle : Wendie Renard, Amandine Henry ou Dzsenifer Marozsán.
En guerre pour l’égalité salariale
Tandis qu’elle brille avec les Lyonnaises, la sportive se met en retrait de la sélection norvégienne en août 2017 (elle avait intégré l’équipe nationale en 2011, NDLR). Un mois plus tôt, la Norvège – championne du monde en 1995, deux fois championne d’Europe (1987, 1993) et médaillée d’or aux Jeux olympiques en 2000 – s’est fait sortir dès le premier tour de l’Euro. Pour Ada, c’est certain : le manque d’engagement de la fédération est en partie responsable de cet échec. La rupture est consommée. D’autant que, par ricochet, sa sœur Andrine n’a dès lors plus été appelée en sélection.
Qu’importe, cela n’empêche pas Ada d’être sacrée Ballon d’Or féminin en décembre 2018. Une première dans l’histoire du football. «Je veux dire merci à mes coéquipières, merci à mon club, et à son président [Jean-Michel Aulas], merci à ma famille. Et je veux dire aux jeunes filles du monde entier : soyez fières de vous, foncez !», s’est exclamée l’attaquante internationale, sous les yeux de ses proches dont celui qui partage sa vie depuis 2016, le footballeur norvégien Thomas Rogne. Les deux stars du ballon rond se sont dit «oui» cet été en Italie.
Le boycott du Mondial
Aucune trace pourtant d’Ada Hegerberg, lors de la dernière Coupe du monde féminine de football en juin dernier. Et pour cause, la sportive décide de boycotter le Mondial en signe de protestation contre les inégalités salariales persistantes. À la place, les téléspectateurs de TF1 l’aperçoivent lors des émissions après-match. Et dès que l’occasion se présente, la jeune femme prône l’égalité de sexes. «Je ne me suis jamais considérée comme une femme qui joue au foot, mais comme un footballeur. La langue ne devrait pas faire de différence selon le sexe, assurait-elle au Journal du dimanche en janvier. Puis d’ajouter : le chemin est encore long pour graver l’égalité dans tous les esprits. C’est un sujet qui mérite qu’on en parle quotidiennement.» Une chose est sûre : Ada Hegerberg n’a pas encore fini de faire parler d’elle.
Source: Lire L’Article Complet