Ce mardi 3 mars, le collectif #NousToutes a dévoilé les résultats d’un appel à témoignages sur le consentement auquel plus de 100 000 personnes ont participé.
La définition du « consentement » n’est visiblement pas la même pour tous. Le 10 février dernier, le collectif #NousToutes lançait un appel à témoignages sur cette notion plus que jamais d’actualité. Les résultats viennent de tomber et ils font froid dans le dos : neuf femmes sur dix y disent avoir fait l’expérience d’une pression pour avoir un rapport sexuel. Et dans 88 % des cas, c’est arrivé plusieurs fois. Plus de 100 000 personnes (dont 96 600 femmes) ont répondu à un questionnaire diffusé sur les réseaux sociaux par le collectif entre le 6 et le 17 février. C’est également les jeunes générations qui semblent être les plus concernées puisque 75 % des répondantes ont entre 15 et 35 ans.
« Cette enquête montre à quel point ce sujet est un sujet majeur pour les femmes, assure la militante féministe Caroline De Haas auprès de franceinfo. « Il y a une méconnaissance dans la société de ce que sont des rapports à égalité.« , poursuit-elle. Même constat du côté des membres du collectif. Tous soulignent en effet que « dans les rapports intimes, on est encore loin – très loin – de l’égalité« . Si les chiffres de l’enquête peuvent paraître impressionnants, ils ne sont malheureusement que le reflet de la réalité. Encore plus inquiétant, cette « pression » arrive très tôt, dès le début de la sexualité de nombreuses femmes.
Des femmes forcées à avoir des rapports sexuels
Selon l’appel à témoignages, 60 % des femmes affirment que leur première relation sexuelle a été un rapport non consenti, non désiré. « Pour 36 %, ce rapport a eu lieu avant leurs 15 ans », note #NousToutes. C’est ce qui est par exemple arrivé à Charline. Cette jeune femme de 20 ans a été violée à 15 ans par un ami de son « ex-copain ». C’était sa première fois. « On était dans son lit, il m’a déshabillée sans que je le veuille, il a mis un préservatif et m’a violée, raconte-t-elle à franceinfo. Je disais ‘non’, je le repoussais, mais il a mis tout son poids sur moi pour que je ne puisse plus bouger. » Ce viol a malheureusement eu des conséquences négatives sur ses relations amoureuses…
« Je n’étais pas à l’aise avec les hommes. Quand j’avais des petits copains, je pensais que si je ne couchais pas avec, ils ne m’aimeraient pas. J’avais une vision de la femme qui devait se soumettre au plaisir de l’homme.« , a-t-elle confié à franceinfo. Autre chiffre marquant de cette enquête: Caroline de Haas indique que « plus d’une répondante sur deux (53,2%) déclare avoir fait l’expérience avec un ou plusieurs partenaires d’un rapport sexuel avec pénétration non consenti ». Pour la militante féministe, « c’est le chiffre qui montre à quel point on a un problème grave ». Environ 67,5 % des femmes ayant témoigné auprès du collectif indiquent qu’elles ont également fait l’expérience de faits qui peuvent s’apparenter à une agression sexuelle ou un viol, avec un ou plusieurs partenaires. Parmi elles, 64,8 % expliquent que cela est arrivé à plusieurs reprises au cours de leur vie.
Mais aussi des violences psychologiques
Pour de nombreuses participantes, les violences ne sont pas que physiques, mais aussi verbales et psychologiques. En effet, environ une femme sur deux a rapporté avoir subi des remarques dégradantes lors d’un refus de rapport sexuel. Près de la moitié des sondées (49,1%) dit avoir déjà fait l’objet de paroles dévalorisantes, plus précisément d’avoir été traitées de « frigide », « coincée », « pas normale » ou encore « chiante ». Pour appuyer tous ces chiffres, les militantes appellent les femmes à témoigner sur les réseaux sociaux via le hashtag #JaiPasDitOui « pour rappeler qu’un rapport intime doit être basé sur un accord réciproque, sur le désir, le respect et le plaisir« .
Face à ce bilan, #NousToutes souhaite que l’exécutif lance une enquête représentative afin de prendre la mesure réelle du problème. Caroline de Haas estime aujourd’hui que la France est « face à un problème d’éducation de la société sur le consentement« . Le collectif réclame donc également la mise en place d’un « module obligatoire dans la scolarité sur la question du respect et sur la prévention des violences sexistes et sexuelles« .
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