• Des figurantes auraient été victimes d’agressions sexuelles
  • Attouchements sexuels et et "bruits de porc"
  • Des professionnels du cinéma dénoncent une omerta

13 femmes accusent Gérard Depardieu. Dans une enquête édifiante signée Marine Turchi, Mediapart révèle que plusieurs comédiennes mais aussi maquilleuses, figurantes et techniciennes, auraient été victimes de violences sexuelles de la part de l’acteur.

Pour rappel, Gérard Depardieu est mis en examen pour « viols » depuis décembre 2020. La comédienne Charlotte Arnould l’accuse de l’avoir violée à l’âge de 20 ans et alors qu’elle souffrait d’anorexie mentale. Dans un deuxième article publié le même jour, Mediapart indique avoir eu accès aux images de vidéosurveillance, et aux versions de la plaignante et de l’acteur.

Des figurantes auraient été victimes d’agressions sexuelles

D’après le site d’investigation, qui a enquêté durant plusieurs mois, toutes les femmes qui ont témoigné disent « avoir subi des gestes ou propos sexuels inappropriés du célèbre acteur » et dénoncent le silence autour de ces agissements.

Les faits se seraient déroulés « sur le tournage de onze films ou séries sortis entre 2004 et 2022 ou dans des lieux extérieurs ». Mediapart précise que trois de ces femmes ont apporté leur témoignage à la justice, mais qu’elles n’ont pas porté plainte. Par peur notamment de voir leur carrière s’arrêter. 

Il a essayé d’écarter ma culotte et de me doigter.

Parmi elles, Lyla (le prénom a été modifié) est figurante sur le tournage de Big House à New York, en décembre 2014. « Traumatisée » par le tournage, celle qui était alors âgée de 24 ans raconte que l’acteur qui joue un patron de maison close aurait « mis sa main sous [sa] robe » et aurait essayé d’atteindre sa culotte. Malgré sa tentative pour le repousser, Gérard Depardieu aurait continué et serait « devenu agressif », selon son récit. « Il a essayé d’écarter ma culotte et de me doigter : j’ai compris qu’il ne jouait pas son personnage. Si je ne l’avais pas arrêté, il aurait réussi », témoigne-t-elle auprès de Mediapart.

Lyla affirme s’être plainte à la production mais ne pas avoir été écoutée. Isabel Butel, assistante costumière, raconte que l’acte aurait été banalisé par l’ensemble de l’équipe du tournage : « C’était du style : ‘Oh c’est Gérard, il est un peu taquin.' »

Le réalisateur Jean-Emmanuel Godart aurait finalement dit au héros des Misérables de se « tenir ». Il lui aurait indiqué qu’il « mettait mal à l’aise [les] figurantes », tout en ajoutant qu’il se sentait « redevable » de sa participation à son film. En mars, Lyla a transmis son témoignage à la justice , « pour aider Charlotte Arnould », ne tolérant pas le silence autour de cette affaire.

Le milieu du cinéma est rempli de Gérard, il faut parler.

Hélène Darras, figurante dans le film Disco (2008) raconte des faits similaires et évoque « la main baladeuse » de l’acteur. L’an passé, elle aussi a apporté son témoignage à la police pour soutenir la voix et la plainte de Charlotte Arnould : « Je me suis dit que je ne pouvais pas la laisser seule. Le milieu du cinéma est rempli de Gérard, il faut parler. »

Attouchements sexuels et et « bruits de porc »

Les récits de ce type sont nombreux et Mediapart précise d’ailleurs que « tous ne figurent pas dans [leur] article ». Plusieurs témoignages racontent également que l’acteur aurait tenu, en plein tournage, des propos graveleux en permanence. Et qu’il imitait des « bruits de porc en rut », des « grognements », « reniflements » et toucherait les femmes (leurs cuisses, fesses, entrejambes) devant tout le monde.

Gérard Depardieu, contacté par le média « n’a pas souhaité nous rencontrer ni répondre à [leurs] questions écrites » et « dément formellement l’ensemble des accusations susceptibles de relever de la loi pénale », selon ses avocats.

Des professionnels du cinéma dénoncent une omerta

Dans un troisième article, Mediapart évoque la « complaisance » et l’admiration sans mesure que les cinéastes portent au comédien. Le producteur Emmanuel Jacquelin se demande d’ailleurs : « Dans le monde du cinéma, comment peut-on ignorer son comportement avec les femmes ? Est-ce qu’avoir Depardieu à l’affiche de son film rendrait sourd et aveugle ? ».

Le média rappelle aussi que Gérard Depardieu a été à l’affiche de 18 films ou séries en quatre ans, tels qu’Illusions perdues (2021) de Xavier Giannoli ou Adieu Paris (2021) d’Édouard Baer.

L’homme serait vu comme un intouchable du cinéma français malgré des comportements gênants voire violents (accidents de scooter sous alcool, violences verbales envers des journalistes, …) et « sa proximité avec des dictatures ou régimes autoritaires (Russie, Tchétchénie, Ouzbékistan, Corée du Nord, Cuba, etc.) ».

Concernant la mise en examen pour « viols » de Gérard Depardieu, Fanny Ardant, amie de Gérard Depardieu – qui avait dirigé Charlotte Arnould dans une comédie musicale avant qu’elle ne rencontre l’acteur – le défend et estime qu’il « aurait pu profiter d’une ‘offrande’ et serait ‘dans l’incapacité de brutaliser une femme' ». Celle qui a témoigné à charge contre la jeune fille pense que l’accusation est liée à « un désenchantement amoureux ».

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