Décennie des formes rebondies et de la couleur puissante, de l’audace et de l’anticonformisme, elle a marqué l’histoire du design. Ultime statement du moment, le sacre des années 70 convoque un vocabulaire créatif caractéristique d’une époque éprise de liberté dans sa transversalité. Profitant d’un regain d’intérêt grandissant, le mobilier star signé Pierre Paulin, Michel Ducaroy, Mario Bellini ou encore Afra et Tobia Scarpa s’est peu à peu inscrit dans notre répertoire commun, donnant à découvrir des meubles et objets jugés unanimement iconiques. L’occasion de découvrir 10 pièces emblématiques des années 70, fruits de ce que cette décennie ultra prolifique a produit de plus exubérant et significatif. 

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Fauteuil Pacha, Pierre Paulin

C’est un classique du design qui porte bien son nom. Avec son allure vaporeuse invitant à la paresse, le fauteuil “Pacha” synthétise toutes les obsessions de son créateur Pierre Paulin. En 1975, le designer français imagine une assise dépourvue d’angles et de piètement dont la silhouette rebondie semble être empruntée au geste du sculpteur. Symbole d’une ère nouvelle, le charismatique Pacha sera érigé au rang de “moderne avant l’heure”. Réédité depuis 2018 par le danois Gubi puis boosté par la mouvance seventies dont s’éprennent les intérieurs contemporains, il connaît un franc succès notamment dans sa version laine bouclée. Fort de ce retour sur le devant de la scène design, toute la tribu des Pacha (Pacha Lounge Chair, Pacha Ottoman, Pacha Sofa) a même pris ses quartiers d’été. 

Lampe Nesso, Giancarlo Mattioli

Voluptueuse, pop, futuriste et intrigante, la lampe “Nesso exprime brillamment l’esprit des seventies. Inspirée d’un champignon psychédélique, d’une méduse ou d’un nombril selon les versions, celle qui signifie “lien” et “cordon” en italien fut l’étendard lumineux de son créateur. L’architecte Giancarlo Mattioli, membre du groupe Gruppo Architetti Urbanisti Città Nuova, imagine cette lampe de table en 1967 et remporte dans la foulée le premier prix du concours Studio Artemide / Domus à Milan. Proposée dans deux couleurs révélatrices d’une époque, orange et blanc, la “Nesso” se compose d’une cloche en résine ABS translucide qui dissimule son ampoule, offrant un doux halo lumineux. Souvent copiée mais jamais égalée, cet exemple de fonctionnalité produit par Artemide peut se targuer d’éclairer les collections permanentes du Metropolitan Museum of Art et du MoMa à New York. 

Fauteuil Soriana, Afra & Tobia Scarpa

Baptisé “Soriana” en référence aux “surian”, (chats provenant de Syrie qui auraient sauvé Venise de la grande invasion des rats au début du XIXe siècle), ce canapé iconique dévoile des courbes généreuses, un revêtement épais et un matelassage percutant enlacés par des broches métalliques. Un nom anticonformiste et une silhouette décontractée qui ensemble convoquent d’emblée une ostensible langueur. Récompensée du prestigieux prix Compasso d’Oro, cette pièce aux volumes cultes fut imaginée en 1969 par le couple de designers italiens Afra et Tobia Scarpa. Façon méridienne, canapé ou fauteuil, la collection “Soriana” est naturellement devenue l’emblème d’une époque. En 2021, Cassina lui a redonné vie en employant des matériaux respectueux de l’environnement, faisant souffler un vent de modernité sur ce symbole inaltérable.

Tabouret Tam Tam, Henry Massonnet

Rendu célèbre par Brigitte Bardot qui posa à ses côtés en couverture de magazine, le tabouret “Tam Tam” est l’un des symboles vibrants des seventies. Imaginé en 1968 par Henri Massonnet, ce petit phénomène pop marqua la décennie suivant sa création avec le panache des icônes. Il faut dire qu’il compile de tels atouts séductions qu’il en est célébré au musée. Maniable, confortable, économique, démontable et léger, ce tabouret de légende vendu à plus de 12 millions d’exemplaires siège aujourd’hui dans les collections permanentes du MoMa à New York et du Musée des Arts Décoratifs à Paris. Toujours édité par Stamp Edition, le “Tam Tam” est fabriqué dans la même usine de l’Ain et dans le même moule n°169 qui a vu naître le modèle original. Une success story à la française qui a su séduire toute une génération et plus encore. 

Canapé Togo, Michel Ducaroy

Si un seul classique parmi les classiques devait être retenu, ce serait lui. Avec son assise en mousse, ras du sol et dépourvue d’angle, le “Togo” a déboulonné un à un tous les codes, marquant l’esthétique des années 70 et plus largement l’histoire du design. En 1973, Michel Ducaroy imagine “un tube de dentifrice replié sur lui-même” catalysant à merveille les désirs de changement d’une époque en ébullition. Depuis sa création, ce canapé édité par Ligne Roset s’est écoulé à plus d’1000000 d’exemplaires dans près de 72 pays. Best-seller légendaire disponible en 800 coloris, en cuir ou en tissu, en version canapé d’angle, lounge, fauteuil et même mini, vintage ou flambant neuf, le “Togo” profite d’un éventail de possibilités infinies. Une remarquable adaptabilité calquée sur les envies du moment qui fait de lui une pièce moderne pour toujours. 

Chaise Wiggle, Frank Gehry

Si l’on connaît surtout Frank Gehry pour ses réalisations architecturales spectaculaires, le Musée Guggenheim à Bilbao, le Walt Disney Concert Hall à Los Angeles et la Fondation Louis Vuitton à Boulogne-Billancourt en tête, il n’en demeure pas moins un designer de génie. Pour preuve, l’architecte américano-canadien auréolé du prix Pritzker imagine la “Wiggle Side Chair” en 1972, qui 50 ans après sa création demeure indélébile. Fruit d’une longue expérimentation de nouvelles techniques de production axée sur des matériaux peu coûteux, cette assise sculpturale donne à découvrir une facette inédite du carton. Pour sa chaise réalisée en hommage à la “Zig Zag” de Gerrit Thomas Rietveld, le créatif a utilisé d’épaisses plaques de carton laminées collées entre elles. Résultat ? Une silhouette ondulée qui malgré la nature malléable du carton bénéficie d’une solidité à toute épreuve, au sens propre comme au figuré. 

Miroir Ultrafragola, Ettore Sottsass

Profitant d’un revival tonitruant, le miroir “Ultrafragola assume au premier degré son charisme pop enrobé de courbes sinueuses imaginées en 1970 par Ettore Sottsass. Témoin vibrant et lumineux de l’œuvre de ce membre fondateur du collectif Memphis, ce miroir ondulé est une représentation physique des préceptes d’un style devenu iconique dont l’intention première était de : casser les codes bourgeois par l’objet, fuir la banalité du quotidien et libérer les énergies positives à travers des créations géométriques, colorées et inédites dans le paysage du design. Produit par Poltronova, cet objet extravagant dont le cadre en résine blanche opaline renferme un système LED rose s’inspire des grands miroirs en bois dorés à la feuille d’or. Une réinterprétation sexuée unique en son genre qui en fait l’un des objets les plus prisés des amateurs du design postmoderniste. 

Canapé Camaleonda, Mario Bellini

Témoin d’une exubérante liberté créative, le canapé “Camaleonda” imaginé par le designer milanais Mario Bellini convoque tout un imaginaire seventies dès le premier coup d’œil. Ingénieux néologisme entre le mot “caméléon” et “onda” (vague en italien), son nom suffit à symboliser la modularité rebondie de sa silhouette iconique. Doté de crochets et d’anneaux qui garantissent l’interchangeabilité de ses différents modules, le “Camaleonda” possède une infinité de possibilités d’associations et de revêtements disposés à magnifier sa précieuse forme capitonnée. Si son auteur fut plusieurs fois auréolé du Compasso d’Oro, ce canapé a eu l’occasion d’asseoir sa légende dès 1972 grâce à sa présence remarquée dans l’exposition “L’Italie et le nouveau paysage domestique” au MoMa à New York. En 2020, B&B Italia ne s’y est pas trompé en le choisissant de le rééditer et de l’empanacher de matériaux durables. 

Lustre Gaetano Sciolari

À la fois décoratifs et Art déco, mêlant le verre au métal, l’ensemble des luminaires signés Gaetano Sciolari convoquent une modernité sans âge. Architecte de formation, le designer reprend l’entreprise familiale de production de luminaires après le décès de son père et propulse le nom Silorari au rang des plus grands. Collaborant avec des éditeurs de renom, Stilnovo, Boulanger et Stilkronen en tête de liste, l’entrepreneur habile et créatif de génie réussit le pari d’inscrire ses luminaires dans le répertoire visuel de l’Amérique des années 70. Si bien que ses créations ont été aperçues dans la série Dallas. Aujourd’hui, les lustres Sciolari, qu’ils soient en chrome ou dorés, à feux multiples ou franchement graphiques, sont entrés au panthéon du design vintage, s’arrachant parfois à prix d’or.  

Fauteuil Up, Gaetano Pesce

Figure de proue d’un design engagé et politique, le fauteuil “Up” imaginé par Gaetano Pesce est bien plus qu’une simple assise, c’est un symbole d’émancipation. Derrière la silhouette voluptueuse de celle que l’on surnomme la “Mamma” se dissimule une métaphore de la condition féminine. Si le dossier et les accoudoirs tout en rondeurs représentent la poitrine et les hanches, le repose-pied en forme de boulet retenu par une chaînette symbolise le poids des injonctions machistes dont les femmes étaient victimes. Animé par l’envie de créer un siège auto-gonflant, le designer italien a dessiné “Up” pour l’éditeur Cesare Cassina (C&B, futur B&B Italia) à l’aube des années 70. Ou la naissance d’un siège hors normes pour une décennie qui l’est tout autant. 

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