En ces temps troublés, le chanteur de 74 ans se dit directement impliqué…
Il célèbre cette année ses cinquante années de carrière avec un coffret de l’intégrale de ses chansons en seize CD intitulé Chemins d’écriture, un livre et, surtout, un concert exceptionnel qu’il a donné le 2 novembre aux Folies Bergère, à Paris… Et ce soir-là, c’est un public debout qui a ovationné Yves Duteil, resté de loin le plus humble et le plus discret des chanteurs français ! À 74 ans, l’auteur du Petit Pont de bois et de La Tarentelle n’en revient toujours pas de voir ses fans chantant avec lui tous ses tubes, titres intemporels qui lui survivront sûrement.
“C’était tabou”
Heureux de tout cet amour qu’il accepte avec toute la modestie qui le caractérise, le chanteur est aussi terriblement inquiet de contempler l’autre versant de l’âme humaine, celui qui pousse les hommes à prendre les armes et à embraser la planète : « On tue au nom de la vie, vient-il de confier dans Le Parisien. On emprisonne au nom de la liberté. On ment au nom de la vérité. C’est difficile d’y voir clair. » Ô combien difficile en effet d’être confronté au conflit d’une rare violence qui enflamme le Proche-Orient, donnant lieu, par un honteux ricochet, à une recrudescence des actes antisémites. Des faits qui touchent plus particulièrement celui qui se trouve être le petit-neveu du capitaine Dreyfus, rendu célèbre par sa triste affaire et le J’accuse d’Émile Zola !
Horrible histoire que celle de cet officier juif qui, en 1894, avait été faussement accusé d’espionnage et envoyé au bagne en Guyane, avant d’être réhabilité douze ans plus tard. « Mon père était un taiseux et n’en parlait jamais, a expliqué l’artiste à nos confrères. C’était tabou. La souffrance a été très grande dans ma famille. Ma grand-mère était la sœur de la femme d’Alfred Dreyfus. Je ne suis pas lié à lui par le sang, mais un héritage s’est transmis de façon mystérieuse. J’ai éprouvé le besoin de vivre dans la lumière de Dreyfus plutôt que dans l’ombre de l’Affaire. Sa petite-fille m’a guidé dans les lectures. J’aime profondément sa langue, quand il parle de l’intangible souveraineté de l’âme. »
Clara MARGAUX
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