Invitée dans C à Vous ce mardi 8 décembre, Tristane Banon a rappelé la réaction ahurissante des invités de Thierry Ardisson dans 93 Faubourg Saint-Honoré lorsqu’elle a révélé avoir été agressée sexuellement par Dominique Strauss-Kahn.

C’est une séquence devenue choquante trois ans après la tempête #MeToo. De son côté, Tristane Banon garde un souvenir vif des rires qui ont suivi ses révélations glaçantes au sujet de Dominique Strauss-Kahn sur le plateau de 93 Faubourg Saint-Honoré de Thierry Ardisson en 2007, quatre ans avant l’affaire du Sofitel. « Ils rient, ils sont curieux des détails », s’est remémorée la journaliste et romancière dans C à Vous ce mardi 8 décembre (au lendemain de la mise à disposition du documentaire Chambre 2806 : l’affaire DSK de Jalil Lespert), « après il y a ceux qui connaissent la réputation de Dominique Strauss-Kahn et il y a ceux qui, de toute façon, connaissent cette histoire-là. » Car lorsqu’elle affirmait avoir été victime d’une tentative de viol perpétrée en 2003 par l’homme politique déchu, les convives du compagnon d’Audrey Crespo-Mara étaient loin d’être surpris par ses propos. « Je suis devant eux et ils veulent juste les détails (…) c’est ça qui les intéresse, c’est le côté sulfureux, le côté croustillant », a-t-elle ajouté.

C’est ainsi que les invités de 93 Faubourg Saint-Honoré, émission disparue des écrans dès le mois de juin 2007, ont questionné Tristane Banon avec enthousiasme sur les circonstances de son agression devenue traumatisme douloureux. Mais face à Anne-Elisabeth Lemoine, la journaliste s’est souvenue d’un convive, un confrère, qui n’avait pas pu esquisser un seul sourire en écoutant son récit, accueilli par un « j’adore » de Thierry Ardisson. À savoir, Jean-Michel Aphatie. « [Il] n’a pas ri du tout et [il] a tout de suite pris la chose très au sérieux et je voudrais lui rendre hommage parce que ça a été le seul journaliste qui s’est comporté avant #MeToo comme tout le monde se comporte désormais depuis #MeToo. » Choqué, ne sachant que croire lorsque Tristane Banon sortait du silence, Jean-Michel Aphatie avait demandé à Thierry Ardisson de prendre des mesures pour que cette séquence, passée presque inaperçue, ne suscite pas la polémique. Le nom de Dominique Strauss-Kahn avait donc été censuré alors que l’animateur s’était engagé à renoncer à cette séquence.

2007, @BanonTristane raconte avoir été agressée par DSK, devant une tablée d’invités hilares.
Retour sur cette séquence ⬇️#CàVous pic.twitter.com/OTE6gB2BEp

« Si tu diffuses ça, je m’en vais »

L’aversion est toujours d’actualité pour Jean-Michel Aphatie. Dans C L’hebdo, ce samedi 5 décembre, il s’est souvenu de cette même séquence, fustigeant l’homme en noir. « Effectivement, je tairai les noms des gens qui gloussent mais certains gloussent. Et Thierry Ardisson fait partie des gens qui gloussent », s’est-il rappelé, amer. « J’ai dit à Thierry Ardisson, car c’est une émission enregistrée, ‘ce que nous avons entendu est horrible. Si tu diffuses ça, moi je m’en vais tout de suite. Je ne veux pas être le témoin, ni le complice d’un récit d’un viol. Si tu coupes la scène, je reste. »

L’introspection est aussi privilégiée du côté de Tristane Banon, l’une des premières à dénoncer le comportement déplacé de Dominique Strauss-Kahn. Car, lorsqu’elle évoquait sa propre agression dans 93 Faubourg Saint-Honoré, elle n’a pu s’empêcher de sourire. Un sourire de gêne. « Il faut toujours se méfier des gens qui sourient trop », estime désormais la principale concernée, « rien que ma voix, la façon dont je dis ça me met moi-même mal à l’aise. Je me suis retrouvée piégée (…) j’avais pas envie de parler de ça.«  Sans se douter certainement que ses déclarations permettraient, un jour, de briser un tabou. Elle a d’ailleurs porté plainte contre le politicien pour tentative de viol.

Crédits photos : Capture France 5

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