Dans Notre dame, son sixième film, Valérie Donzelli joue le rôle-titre, celui d’une architecte submergée par le quotidien, accaparée par son ex et par ses enfants. Quand, elle est choisie pour réaménager le parvis de Notre-Dame, tout s’accélère… Un ouragan dont l’actrice-réalisatrice se sert pour, à nouveau, tout oser.
Madame Figaro. – Paris est un personnage central du film. Pourquoi ce choix ?
Valérie Donzelli. – Paris m’a toujours fascinée : c’est la ville dont je rêvais, celle que j’ai adoptée, celle qui exacerbe le bon comme le mauvais. Il était important d’en montrer la beauté, car je l’ai toujours associée à la liberté et à la richesse intellectuelle, mais je ne pouvais pas en occulter la cruauté, la violence et la nature anxiogène. Selon moi, 2015 a été un point de bascule vers l’horreur avec cette mise sous tension post-attentats, mais avec aussi la gentrification, la hausse des prix…
Pourquoi avoir choisi Notre-Dame comme épicentre de l’histoire ?
Quand je me suis demandé quel projet d’architecture pourrait être plausible dans Paris, le réaménagement du parvis de Notre-Dame s’est imposé. Il s’agit d’un édifice religieux très ancien et je savais qu’un apport moderne à son environnement pourrait être sujet à polémique. L’actualité m’a d’ailleurs rattrapée : la question se pose aujourd’hui pour la reconstruction de la flèche.
Faire de votre héroïne une architecte, c’est un clin d’œil à votre passé ?
J’ai étudié l’architecture pendant un peu plus de deux ans, à l’époque où je ne m’autorisais pas complètement à être actrice. J’ai vite réalisé que je n’avais pas le talent pour devenir une grande architecte. Or, je voulais être Jean Nouvel ou rien ! Choisir ce métier pour mon héroïne, c’était une manière détournée de parler de moi en me protégeant. Il y a un parallèle évident entre un cinéaste et un architecte : leurs travaux artistiques sont soumis au regard des autres et à la critique.
Dans le film, il est question de charge mentale, du sexisme dans le milieu professionnel… Une revendication féministe ?
Oui, mais une revendication douce. Très peu de femmes architectes gagnent des concours, c’est un fait ! Par ailleurs, je voulais parler des femmes de ma génération qui ne pensent pas toujours à elles parce qu’elles n’ont pas le temps de s’arrêter, parce qu’elles doivent gérer pour les autres. Le film s’appelle Notre dame pour cette raison. C’est un chemin vers la réappropriation : mon héroïne est la dame de tout le monde, sauf d’elle-même.
Yavait-il avec ce film le désir de revenir à quelque chose de plus fantaisiste ?
Après Marguerite & Julien, je n’avais ni l’énergie ni la volonté de me plonger dans un film dur. Je voulais au contraire aller vers une comédie pure, m’amuser, ne rien m’interdire.
Avec, par exemple, une séquence musicale ?
J’intègre chansons et chorégraphies dans mes films pour combler une double frustration : celle de ne pas savoir chanter et danser, et celle de ne pas faire de comédie musicale, un genre que je place au-dessus de tout. J’adorerais en réaliser une, mais c’est un exercice si exigeant qu’il en devient effrayant.
Notre dame, de et avec Valérie Donzelli, Pierre Deladonchamps, Thomas Scimeca, Bouli Lanners, Virginie Ledoyen, Philippe Katerine…
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