Philippe Juvin, le chef du service des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou à Paris, est revenu sur l’allocution d’Emmanuel Macron de ce 13 avril. Le professeur a notamment évoqué la potentielle réouverture des écoles, qui inquiète beaucoup de Français.
Dans son allocution du lundi 13 avril, Emmanuel Macron a donné une date pour un début de déconfinement : le 11 mai. Si le président de la République a précisé que celui-ci serait évidemment progressif, beaucoup de téléspectateurs ont cru que les écoles allaient rouvrir dans un peu moins d’un mois. Face à la colère et à l’inquiétude de ces Français, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer avait précisé dès le lendemain matin sur France 2 que le retour à l’école ne serait « pas obligatoire le 11 mai » et que « tout ne va pas se passer du jour au lendemain ». Philippe Juvin, le chef du service des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou à Paris, avait bien reçu le message du président la première fois. « Le président n’a pas dit que le 11 mai, ce serait le déconfinement général, a-t-il précisé ce 15 avril dans un livre Facebook pour Brut. Si les gens l’ont cru, c’est qu’ils n’ont pas bien compris. J’ai compris que le président disait une chose : c’est que le confinement persistait jusqu’au 11 mai, et ensuite on verrait. »
Pour le professeur Juvin, il n’est de toute façon pas envisageable de rouvrir tous les établissement scolaires d’un coup : « Il n’a pas dit : “Le 11 mai, toutes les écoles ré-ouvrent.” En tout cas, je ne l’ai pas compris comme ça. Il y aura probablement une réouverture partielle, lente, des établissements scolaires. » Le médecin a expliqué à Brut pourquoi ces lieux avaient été parmi les premiers à fermer leurs portes en mars dernier : « On sait que pour lutter contre la grippe, la fermeture des écoles diminue le pic grippal. On le sait depuis des années. Donc on s’est dit : “On va faire pareil pour le corona.” Je pense qu’on a bien fait, a-t-il confié. Mais la France ne veut pas pouvoir être confinée indéfiniment. Et donc il va falloir déconfiner, aussi, les écoles pour – non pas que les enfants s’infectent – mais pour que les parents puissent aller travailler. » Car les modalités de réouverture des écoles ne forment qu’un des nombreux rouages d’une mécanique bien plus vaste.
Le déconfinement, au sens large, sera un défi : « Tout va dépendre, me semble-t-il, de la manière dont on va le faire et des moyens qu’on mettra à notre disposition dans un mois, a expliqué Philippe Juvin. Est-ce qu’on aura des masques, est-ce qu’on sera capables de tester la population, surtout si apparaissent des clusters ? Est-ce qu’on sera capables de dépister ces clusters ? » Le chef du service des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou a rappelé que certains paramètres étaient essentiels pour espérer une sortie de la crise : « Une des conditions de la réussite du 11 mai, c’est : “Aura-t-on tous les moyens, matériels et d’organisation, qui nous manquent jusqu’ici ?” C’est ça, le sujet », a-t-il expliqué. Il faudra notamment des masques, des tests ou encore des surblouses, dont le personnel hospitalier manque toujours. « Il y a une condition pour commencer à déconfiner, c’est d’avoir le matériel qu’on nous promet pour dans un mois, a résumé Philippe Juvin. Ça, c’est fondamental. Si on ne l’a pas, ce n’est même pas la peine d’y penser. »
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