- 1994 : mariage illégal avec la chanteuse Aaliyah
- 1996 : plainte de Tiffany Hawkins pour agressions sexuelles
- 2001 : Tracy Sampson, une stagiaire de 17 ans poursuit le chanteur en justice
- 2002 : accusations en chaîne
- 2017 : six femmes piégées dans une "secte sexuelle"
- 2018 : #MuteRKelly
- 2019 : l’année de bascule grâce au documentaire "Surviving R. Kelly"
- R. Kelly en prison depuis juillet 2019
Mercredi 18 août s’est ouvert à New York le procès de la star américaine de R’n’B, R.Kelly, Robert Sylvester Kelly, de son vrai nom. Qualifié de « prédateur » par l’accusation dès le premier jour des audiences, l’interprète du tube I believe I can fly est jugé pour avoir monté un réseau de recrutement de jeunes femmes, dont des mineures, qu’il aurait régulièrement agressées et violées de 1994 à 2008.
« Nous parlons d’un prédateur […]. Un homme qui, pendant des décennies, a utilisé sa célébrité, sa popularité et un réseau de personnes à sa disposition pour cibler, préparer et exploiter des jeunes filles, garçons et femmes, pour satisfaire ses envies sexuelles », a déclaré en ouverture du procès la procureure Maria Cruz Melendez, citée par Le Monde.
R.Kelly est accusé d’avoir agressé au moins six femmes, dont des mineures. Si toutes les charges contre lui sont retenues, l‘homme de 54 ans, qui a plaidé non coupable pour tous les chefs d’accusation (extorsion, exploitation sexuelle de mineure, enlèvement, corruption et travail forcé), risque entre 10 ans de prison et la perpétuité.
Ce procès, plusieurs fois retardé par la pandémie de Covid-19, devrait durer six à huit semaines devant un jury composé de sept hommes et cinq femmes, précise Variety. Ce n’est pas la première fois que le chanteur a affaire à la justice. Depuis 20 ans, une longue liste d’accusations et de plaintes collent à son nom.
1994 : mariage illégal avec la chanteuse Aaliyah
En 1994, Aaliyah, 15 ans à l’époque, est une star de la musique montante outre-Atlantique, et protégée du chanteur R. Kelly, âgé lui de 27 ans. Munie d’une fausse carte d’identité, la jeune fille épouse le chanteur avec lequel elle entretient une relation, prétendant avoir 18 ans.
Le mariage est finalement annulé, tout comme la collaboration entre les deux artistes. La chanteuse décède en 2001, dans un accident d’avion. Mais en 2019, cette histoire de mariage illégal ressurgit. R.Kelly est accusé de corruption à New York pour l’achat de la fausse carte d’identité d’Aaliyah.
C’est Demetrius Smith, son directeur de tournée à l’époque, qui lui aurait obtenu cette fausse carte d’identité. L’acte d’accusation reproche à R. Kelly d’avoir corrompu un fonctionnaire de l’Etat de l’Illinois en 1994 pour obtenir ces faux documents.
Selon l’accusation encore, à l’époque, la star de R’n’B voulait absolument épouser la jeune Aaliyah, mineure, pour éviter qu’elle témoigne contre lui après être tombée enceinte.
1996 : plainte de Tiffany Hawkins pour agressions sexuelles
L’affaire entre Tiffany Hawkins et R.Kelly met pour la première fois en lumière les agressions sexuelles dont le chanteur à la carrière au sommet serait coutumier.
Selon la jeune femme, R.Kelly l’aurait forcé à avoir des relations sexuelles en groupe avec d’autres adolescentes, alors qu’elle avait, comme Aaliyah en 1994, 15 ans. Un procès se tient entre les deux protagonistes ayant entretenu une relation pendant trois ans. Tiffany Hawkins aurait demandé 10 millions de dollars de dommages et intérêts mais l’affaire se règle en 1998 : R.Kelly paye 250 000 dollars à la victime après avoir trouvé un accord.
2001 : Tracy Sampson, une stagiaire de 17 ans poursuit le chanteur en justice
Tracy Sampson, une ancienne stagiaire chez Epic Records, a poursuivi le chanteur en 2001 pour « relation sexuelle indécente », affirmant qu’elle a été « traitée comme son objet sexuel personnel et mise de côté », cite la BBC.
L’affaire a finalement été réglée à l’amiable, sans que la somme versée à la victime ne soit divulguée, a rapporté le New York Times.
2002 : accusations en chaîne
L’année 2002 est marquée par les nombreuses affaires de pédopornographie et d’agressions sexuelles dont a été accusé R.Kelly.
Entre avril et mai 2002, il règle à nouveau deux affaires à l’amiable. En échange de la non-divulgation de vidéos intimes, le chanteur a payé une somme, non divulguée, aux deux femmes qui l’accusaient. La première était Patrice Jones qui l’accuse de l’avoir forcé à avorter. La seconde, Montina Woods, l’accuse d’avoir filmé leurs relations sexuelles à son insu.
En juin 2002, la star est inculpée de 21 chefs d’accusation de pornographie juvénile, impliquant des rapports sexuels, des relations sexuelles orales, des mictions et d’autres actes sexuels avec mineur.es. Son arrestation fait suite à une vidéo envoyée anonymement au journaliste du Chicago Sun-Times, Jim DeRogatis qui montrait le chanteur et une jeune fille en plein rapport sexuel. Une vidéo qui aurait été filmée par la star elle-même. La victime présumée n’a pas souhaité témoigner lors du procès en 2008, l’accusation n’a pas pu prouver qu’elle était mineure. R.Kelly a ainsi été acquitté.
Cette affaire a néanmoins permis à la police de perquisitionner le domicile du chanteur en Floride. Douze images d’une caméra saisie sur place montreraient la star ayant des relations sexuelles avec une jeune fille mineure. Il est arrêté en 2003 à Miami et est inculpé de 12 autres chefs d’accusation de pornographie juvénile.
Mais en 2004, les charges sont abandonnées. Le juge déclare la perquisition menée à l’époque invalide, raconte la BBC.
2017 : six femmes piégées dans une « secte sexuelle »
En 2017, BuzzFeed publie une enquête qui accuse le chanteur R.Kelly d’avoir piégé six femmes et de contrôler leur vie.
Les parents de trois jeunes filles accusent le chanteur de les retenir contre leur gré, dans une « secte sexuelle ». Venues pour obtenir de l’aide de R.Kelly dans leur carrière musicale, les victimes présumées ont perdu tout contrôle de leur vie : l’homme leur aurait dicté comment manger, s’habiller, quand dormir et les auraient obligées à avoir des relations sexuelles qu’il filmait.
Leur téléphone portable avait été confisqué, ce qui les empêchait de contacter leur famille et leurs amis. R.Kelly a contesté toutes les accusations de l’article.
Les femmes citées dans l’article étaient toutes majeures au moment des faits. L’une d’entre elles, Jocelyn Savage, 21 ans, nie publiquement avoir été retenue contre son gré.
2018 : #MuteRKelly
Les témoignages et accusations contre R.Kelly prennent de plus en plus de place dans l’espace médiatique. Plusieurs femmes font état de relations sexuelles alors qu’elles étaient mineures et/ou qu’elles ont été agressées sexuellement par le chanteur.
L’une d’entre elles, Kitty Jones, affirme au magazine Rolling Stone que la star l’a affamée, forcée à avoir des relations sexuelles avec d’autres femmes et agressée physiquement. Si la star de R’n’B continue de nier toutes les accusations à son encontre, #MeToo est passé par là.
L’organisation Time’s Up appelle à boycotter le chanteur, ses musiques et ses performances. Le mouvement prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux avec le #MuteRKelly. Certains services de streaming s’engagent même à cesser de promouvoir sa musique. Mais la décision a finalement été annulée.
À la même période, plusieurs membres de son personnel démissionnent. C’est le cas notamment de son avocate, son publiciste et son agent personnel. Mais rien n’arrête le chanteur qui continue de se produire malgré le train d’accusations qu’il traine derrière lui.
2019 : l’année de bascule grâce au documentaire « Surviving R. Kelly »
Il aura fallu attendre 2019 pour que R.Kelly soit véritablement inquiété de toutes les accusations contre lui accumulées sur plus de 20 ans. Et c’est grâce à un documentaire diffusé en janvier 2019 par Lifetime, que « l’affaire R.Kelly » prend une nouvelle tournure.
Surviving R. Kelly relate en six épisode et en détails les nombreuses accusations à l’encontre du chanteur. Le documentaire recueille les témoignages poignants de victimes présumées, de proches de ces dernières mais aussi des musiciens, de l’entourage du chanteur ainsi que de son ex-femme Andrea Kelly, qui affirme avoir été violentée et privée de liberté pendant une dizaine d’années.
Ce documentaire permet de mettre en relief comment R.Kelly a échappé à toute condamnation grâce à son argent, son influence et une armée d’avocats. « C’était comme ça », a déclaré son ancien directeur de tournée, Demetrius Smith. « Nous avons travaillé pour lui. C’est ce qu’il voulait et c’est donc ce que nous étions censés lui donner. »
R. Kelly en prison depuis juillet 2019
En février 2019, un mois après la diffusion de documentaire, la star est finalement inculpée à Chicago de 10 chefs d’accusation d’abus sexuel criminels aggravés : il aurait agressé sexuellement quatre femmes dans la région de 1998 à 2010, dont trois mineures. Niant à nouveau toutes accusation, il se défend dans une interview virulente à CBS This Morning.
Libéré sous caution, il est à nouveau arrêté pour pédopornographie en juillet de la même année. Les autorités fédérales l’inculpent de pornographie juvénile, d’exploitation sexuelle d’enfants, d’enlèvement, de travail forcé, de racket et d’entrave à la justice. Le jour même, un nouveau chef d’accusation est annoncé : la star, aidé par ses associés, est accusée d’avoir recruté et transporté des filles mineures au-delà des frontières de l’État à des fins sexuelles illégales, y compris la production de pornographie juvénile.
Il est également accusé d’avoir entravé le travail de la justice en détruisant des preuves et en soudoyant ou menaçant des témoins.
Ces deux inculpations distinctes sont au centre du procès qui s’est ouvert ce 18 août 2021. Derrière les barreaux depuis de mois de juillet 2019, R. Kelly s’est vu refusé à plusieurs reprises une liberté sous caution au motif qu’il présente un risque de fuite, et qu’il pourrait suborner des témoins.
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