Ce mardi 10 juin devant la commission d’enquête parlementaire, l’ancienne procureure financière, Eliane Houlette, a assuré qu’il y avait eu « un contrôle très étroit » de la part du parquet général dans l’affaire des époux Fillon. Des accusations qui ont poussé Emmanuel Macron à saisir le Conseil supérieur de la magistrature deux jours plus tard. Trois ans après avoir été mis en examen, François Fillon a, quant à lui, retrouvé du travail dans un juteux business.

Ce jour de janvier 2017, la vie de François Fillon a été bouleversée. Alors candidat à l’élection présidentielle, l’ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy s’est retrouvé dans la tourmente après des révélations de la presse, qui assuraient que son épouse avait occupé plusieurs emplois fictifs qui lui auraient permis d’empocher, sur plusieurs années, la modique somme de 500.000 euros. Mis en examen quelques semaines plus tard, François Fillon a été évincé de la course à la présidentielle dès le premier tour. « Je vais devoir penser ma vie autrement, panser aussi les plaies de ma famille », déclarait-il à l’époque. Après avoir disparu des radars – et avant que le procès n’ait lieu au mois de mars dernier -, François Fillon a changé de voie pour embrasser une toute nouvelle carrière, comme le révélait à l’époque le Canard Enchaîné.

En janvier dernier, l’ex-candidat à l’élection présidentielle est devenu associé senior d’une société de gestion et d’investissement, Tikehau Capital, où l’accueil qui lui a été réservé était on ne peut plus glacial. Avant d’intégrer cette entreprise, François Fillon avait créé sa propre compagnie de conseil et de gestion, Apteras. Dans sa nouvelle vie, l’ex-Premier ministre mène deux missions principales, comme l’expliquait Europe 1 : analyser les projets d’investissements et assurer la visibilité du fonds hors des frontières. « C’est un vrai facilitateur », glissait l’un de ses nouveaux collègues. Un autre ajoutait : « Il connait tout le tissu économique français et bien sûr international, ça aide beaucoup ». Un business juteux pour l’ex-candidat, qui lui a rapporté près de 300.000 euros de bénéfice net sur les seize premiers mois, comme le révélait le Canard Enchaîné.

« Des pressions » et des « obstacles » durant l’enquête ?

C’est donc en heureux reconverti que François Fillon, et son épouse Penelope, ont suivi leur procès terminé le 11 mars dernier. Mais alors que le jugement des époux sera prononcé le 29 juin prochain, l’ex-procureure financière a fait de lourdes accusations. Ce mercredi 10 juin, Eliane Houlette était auditionnée devant la commission d’enquête parlementaire. A l’Assemblée nationale, l’ex-cheffe du Parquet National Financier a dénoncé les « obstacles à l’indépendance du pouvoir judiciaire » et « la pression du parquet général » lors de l’affaire Fillon.

« On peut se poser des questions. C’est un contrôle très étroit », a-t-elle poursuivi avant de les décrire : « Les demandes de précisions, de chronologie générale – tout ça à deux ou trois jours d’intervalle – les demandes d’éléments sur les auditions, sur les notes des conseils des mis en cause (…) Il y a des rapports qui étaient circonstanciés, qui faisaient dix pages ». Devant les députés, Eliane Houlette a expliqué avoir « été convoquée au parquet générale » car le « choix procédural qu'(elle) avait adopté ne convenait pas » : « On m’engageait à changer de voie ». Une semaine après les propos d’Eliane Houlette, l’Elysée a annoncé qu’Emmanuel Macron saisissait le Conseil supérieur de la magistrature « pour avis » et afin de « lever tout doute sur l’indépendance et l’impartialité de la justice dans cette affaire ».

« Il y a quelque chose de biaisé, de pourri »

Les interventions de l’ancienne procureure financière « ont suscité un émoi important » et sont « interprétés par certains comme révélant d’éventuelles pressions qui auraient pu être exercées sur la justice dans une procédure ouverte à un moment essentiel de notre vie démocratique », écrit le Palais dans un communiqué. De son côté, invité sur BFMTV, l’avocat de François Fillon a expliqué ne pas être surpris par l’audition de l’ex-cheffe du PNF. « C’est quelque chose qu’on subodorait, a assuré Antonin Levy. On sent que depuis le début, il y a quelque chose de biaisé, de pourri dans ces investigations. »

Crédits photos : ITAR TASS / BESTIMAGE

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