Diffusé le 17 octobre à 21 heures sur France 5, le documentaire In France With Madonna revient sur les relations de la chanteuse avec la France. Dans Gala, Patrick Hernandez se souvenait de l’époque où elle habitait à Paris, partageant un appartement avec l’interprète du tube Born To Be Alive.
Dans le studio de danse, les candidats se bousculent. De passage à New York à la fin des années 80 avec ses producteurs, Patrick Hernandez recrute des danseurs, mais pas seulement. Des comédiens, des jongleurs aussi. Il cherche carrément à monter une troupe un peu à la façon du Big Bazar de Michel Fugain pour l’accompagner lors de ses passages télé aux Etats-Unis.
Le Français voit grand. L’année 1979 est faste, son tube Born To Be Alive se vend comme des petits pains des deux côtés de l’Atlantique. Alors que les postulants défilent, il repère le numéro de danse d’une petite brune aux cheveux courts, en débardeur et pantalon de jogging. Une punkette, comme on en croisait à l’époque dans les rues de Manhattan, Londres ou Paris. Elle a vingt ans, s’appelle Madonna Louise Ciccone, vient de Detroit, et affirme ne pas savoir chanter.
« Elle sortait vraiment du lot »
Il insiste pourtant. « Après nous avoir expliqué que son truc était plutôt le théâtre ou le cinéma, elle se met alors à chanter Jingle Bells avec une chorégraphie très rigolote, se souvient-il. Elle sortait vraiment du lot. » Il l’invite le soir même à dîner avec ses producteurs Jean Van Loo et Jean-Claude Pellerin, à l’hôtel Pierre, le palace qui surplombe Central Park. Entre la poire et le fromage, c’est décidé : la jeune fille est engagée et repartira dans leurs bagages à Paris. Là-bas, ils vont s’occuper de sa carrière de chanteuse. Madonna agrée, elle n’a rien à perdre.
Le bilan de sa première année passée loin de chez elle n’est pas brillant. Son père lui a coupé les vivres depuis qu’elle a quitté l’université du Michigan et ses rêves de gloire à New York où elle est arrivée avec trente-cinq dollars en poche tournent au cauchemar. « Je n’y ai pas été accueillie à bras ouverts, racontera-t-elle plus tard. La première année, on m’a braquée avec un pistolet. J’ai été violée sur le toit d’un immeuble, où on m’avait poussée avec un couteau dans le dos, et mon appartement a été cambriolé trois fois. » Les seuls jobs qu’elle a dégottés sont précaires : serveuse dans un fast-food, au vestiaire d’un restaurant, ou encore modèle de nu. Alors pourquoi pas la France ?
« Une jeune femme très intelligente avec un instinct presque animal »
Pour l’heure, elle suit la troupe de Patrick Hernandez qui mène grand train sur le territoire américain, en attendant le départ. « Elle n’a jamais dansé derrière moi, précise ce dernier. Nous ne voulions pas abîmer son image. Nous voulions qu’elle enregistre un disque, et devienne une star. » On trouve pourtant encore aujourd’hui des images sur le Net prétendant le contraire. Il s’agit en réalité d’une autre danseuse brune, qui ressemble à Madonna.
Une fois à Paris, elle s’installe au 32, boulevard de Courcelles, en face du parc Monceau. Le vaste appartement haussmannien appartient au producteur Jean-Claude Pellerin. Il sert également de pied-à-terre à Patrick Hernandez, sans cesse en voyage pour la promotion de Born To Be Alive. Quand il est là, ils vont à des dîners, en boîte de nuit, font le bœuf ensemble. Mais elle reste réticente quant à son avenir de chanteuse. « Rien de ce que nous lui proposions de chanter ne lui plaisait. Trop pop, pas assez rock… Je me souviens d’une jeune femme très intelligente avec un instinct presque animal, au caractère affirmé. Très directe quand elle n’était pas d’accord. »
« Il n’y avait pas d’équivoque entre nous »
Si elle passe beaucoup de temps à écrire ses propres textes dans un petit carnet et fréquente assidûment une école de danse dans le quartier des Halles, le disque n’avance pas. Pour ne rien arranger, les producteurs ne croient pas en ses chansons. Quelques biographes de la chanteuse affirment qu’elle a eu, durant ce séjour parisien, une liaison avec Patrick Hernandez. « Ce n’est pas vrai, il n’y avait pas d’équivoque entre nous, rectifie ce dernier. Et si ça l’était, je suis un gentleman qui ne divulgue pas ce genre d’information. » Quoi qu’il en soit, ils s’envolent vers la Tunisie pour une séance photo en commun en vue d’un hypothétique lancement, et l’ambitieuse Madonna goûte au confort lié à la vie de vedette. Ça ne lui déplaît pas, mais ne lui suffit pas.
Alors que l’année 1980 approche, elle demande un billet aller-retour afin de retrouver sa famille aux Etats-Unis pour les fêtes. Avant de partir, elle laisse dans l’appartement parisien une petite valise, avec quelques affaires. « Elle n’est jamais revenue, nous ne l’avons jamais revue », s’amuse encore aujourd’hui Patrick Hernandez. En 1983, il aperçoit à la télévision une blonde qui commence à percer en chantant Holidays. Il n’est pas vraiment surpris. « A Paris, elle me disait souvent “aujourd’hui c’est toi, mais demain c’est moi” . Dans sa bouche, c’était une simple affirmation. Elle a toujours été très sûre d’elle. »
« Je préfère garder intacte l’image de cette gamine de vingt ans pleine d’énergie »
Madonna et Patrick Hernandez ne se sont jamais recroisés, même s’il a eu parfois des nouvelles via des connaissances communes. « Lorsqu’elle a chanté au parc de Sceaux en 1986, je ne suis pas allé dans sa loge. Je n’avais pas envie d’être en compagnie de ce showbiz ému qui venait baiser les pieds de la dame. » Il fait aussi remarquer qu’elle n’a jamais eu de mots déplacés à son égard, alors qu’elle a gardé une dent contre ses producteurs français.
Dans le fond, il ne tient pas plus que ça à la revoir : « Je préfère garder intacte l’image de cette gamine de vingt ans pleine d’énergie, assure-t-il. Tout comme celle du garçon de trente ans que j’étais. C’est bien mieux pour elle, et bien mieux pour moi. » Madonna était déjà ailleurs, plus loin, plus haut.
Crédits photos : GOFF INF / BESTIMAGE
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