À l’affiche de deux films en cette rentrée, voilà maintenant plus de dix ans que Leïla Bekhti occupe le terrain. Mariée, trois enfants, amoureuse… Zoom sur la vie d’une star qui ne se la raconte pas.

“Petite, j’étais persuadée que PPDA, Cendrillon et Robert De Niro n’existaient que dans la télé”

Début 2011, Leïla Bekhti, 27 ans, est la nouvelle actrice en vogue du cinéma français depuis son césar du meilleur espoir féminin dans Tout ce qui brille, de Géraldine Nakache et Hervé Mimran. Certains lui prédisent même une carrière à la Isabelle Adjani. Rien que ça ! Mais elle ne se sent pas à l’aise dans ce milieu. Et pour cause. Au fur et à mesure de ses rencontres avec producteurs, acteurs ou réalisateurs, Leïla entend parler de personnes qui ne lui disent rien. “J’entendais Melville, j’entendais Pialat, j’entendais Sautet, j’entendais Cassavetes, j’entendais Comencini. Et un jour, j’ai eu la bêtise de demander à quelqu’un qui était Melville. La personne en a profité pour m’humilier : ‘Pardon ? Tu n’as jamais vu un Melville et tu veux faire du cinéma ?” (Vanity Fair, décembre 2019). Choquée, la jeune actrice apprend à mentir. À faire croire aux autres, et même à son fiancé Tahar Rahim, qu’elle en connaît un rayon question cinéphilie. Un jour, en larmes, elle avoue à son mari son inculture cinématographique. “Il m’a dit : ‘Habille-toi et viens.’ Nous sommes allés en scooter à la Fnac, où il a acheté une tonne de DVD. Et il m’a tout montré : Melville, Sautet, Cassavetes, Pialat, les premiers Scorsese”, se souvient-elle pour Paris Match (juin 2021). Aujourd’hui, la comédienne ne ment plus aux autres, ni à elle-même. À 37 ans, elle forme un couple uni et heureux avec Tahar et, en cette rentrée, elle est à l’affiche de deux films d’auteur La Troisième Guerre et Les Intranquilles. Au gré des interviews dans la presse ou à la télévision, la comédienne devenue star porte en elle l’assurance et la détermination d’une trentenaire épanouie et accomplie. Très loin de la fillette fascinée par la célébrité, qui regardait l’émission de Séverine Ferrer, Fan de (M6), dans l’appartement fami-lial d’Issy-les-Moulineaux puis de Bagneux (92). “Petite, j’étais persuadée que PPDA, Cendrillon et Robert De Niro n’existaient que dans la télé. Alors, à la maison, j’essayais de passer la tête derrière l’écran pour voir où ils habitaient. Sauf qu’un jour, j’ai vu Georges Pernoud, le présentateur de Thalassa, qui faisait ses courses dans un centre commercial. Ça a tout détruit. Pour moi, il n’habitait pas la même planète, il ne pouvait pas être là en vrai !” (Biba, août 2012).

SA CARRIÈRE

2006 : MAUVAISE FOI Une comédie sur les couples mixtes. Elle y incarne la sœur de Roschdy Zem. En 2012, il sera son père dans Mains armées, de Pierre Jolivet.

2008 : UN PROPHÈTE Dans ce film de Jacques Audiard au succès international, elle fait une rencontre déterminante : Tahar Rahim, qui deviendra son mari.

2010 : TOUT CE QUI BRILLE Une comédie générationnelle de et avec Géraldine Nakache. Un carton au box-office et un César à l’arrivée pour Leïla.

2012 : UNE VIE MEILLEURE Chute et renaissance de jeunes endettés tentant d’ouvrir un restaurant. Avec Guillaume Canet, elle forme un joli couple de cinéma.

2018 : LE GRAND BAIN Une comédie à succès de Gilles Lellouche où Leïla incarne une coach de natation particulièrement autoritaire. Hilarante et terrifiante à la fois.

2019 : J’IRAI OÙ TU IRAS Un road-movie de Géraldine Nakache où les deux actrices jouent des sœurs radicalement différentes. En papa poule, Patrick Timsit compte les points.

2019 : LA LUTTE DES CLASSES Avec Édouard Baer, dans cette comédie de Michel Leclerc contre les bobos et leurs contradictions face à la mixité dans les écoles.

2021 : LES INTRANQUILLES Film de Joachim Lafosse, sélectionné à Cannes, qui traite du quotidien d’une famille avec un père atteint de bipolarité. En salles le 29 septembre.

2021 : LA TROISIÈME GUERRE Sélectionné à la Mostra de Venise en 2020, un film de Giovanni Aloi dans lequel elle joue une soldate affectée à l’opération Sentinelle. En salles le 22 septembre.

À l’instar de Guillaume Canet et Marion Cotillard ou d’Yvan Attal et Charlotte Gainsbourg, Leïla Bekhti et Tahar Rahim forment un couple de stars de ciné ultra glam. Pourtant, ils ont décidé de la jouer piano, piano sur leur exposition. Ils refusent, par exemple, de se rendre aux avant-premières de films ou d’apparaître ensemble sur un red carpet. Mariés depuis onze ans, ils semblent amoureux comme au premier jour. De leur union est né en 2017 un petit Souleymane, puis une petite fille en 2019 et, en 2020, un autre bébé est venu au monde dans la plus grande discrétion. Au sujet de son mari, Leïla déclarait dans Vanity Fair, en décembre 2019 : “J’admire l’acteur, le mari, le père qu’il est, désormais. J’admire presque plus l’ami qu’il est envers moi.” Si ça, ce n’est pas de l’amour, ça y ressemble en tout cas…

Depuis 2011, Leïla est l’égérie de L’Oréal Paris. Un deal aussi fructueux que pratique, puisqu’elle profite de ce partenariat pour le coupler parfois à CéKeDuBonheur, l’association fondée par Omar Sy et qui apporte du réconfort aux enfants hospitalisés. Un deal win-win…

Onze ans d’amour avec Tahar Rahim

Leïla est la petite dernière d’une fratrie de trois enfants – Slimane et Amel, son frère et sa sœur dont elle est très proche, ont sept et huit ans de plus qu’elle – au sein d’une famille algérienne originaire de Sidi Bel Abbès. C’est d’ailleurs là-bas que les Bekhti passent tous les ans leurs vacances. “Je revois mes tantes confectionnant des gâteaux pour un mariage, chez la voisine de la voisine, comme si c’ était pour leur propre fille.” (Paris Match, juin 2021). Le père Mustapha est chauffeur de taxi, la mère Yamina travaille aux Assedic. À l’école, la chouchoute de la famille fi le plutôt droit car Slimane et Amel veillent au grain. Alors qu’elle est lycéenne, elle achète le magazine Casting, juste pour le fun, sans réellement vouloir sauter le pas. “J’achetais le magazine pour vérifier qu’il y avait bien des petites annonces qui pouvaient me correspondre. Mais je n’appelais jamais. Je le refermais et je faisais de beaux rêves.” (Elle, juillet 2012). Mais l’envie de comédie est bien là. Après un bac littéraire option théâtre, elle prend des cours d’acting tout en étant vendeuse dans la boutique de vêtements de son frère, à Orléans, ou en faisant du télémarke-ting sous le pseudonyme de Dominique Leroy. Les cours de théâtre ne vont pas bien se passer. Sa méconnaissance relative des grands suscite les moqueries de ses camarades de jeu. Leïla envisage alors de faire carrière dans le social. En 2005, incitée par une copine, elle participe toutefois au casting sauvage de Sheitan, un long-métrage horrifique réalisé par Kim Chapiron, avec Vincent Cassel. Ce projet est né au sein du collectif artistique Kourtrajmé, très branché en ce début de décennie. Bonne pioche pour Leïla… C’est le temps où le cinéma français ouvre ses portes à la diversité et la jeune comédienne cadre parfaitement avec l’envie du moment. La jeune femme enchaîne les films pour le grand et pour le petit écran jusqu’à la consécration : en 2010, elle tourne dans Tout ce qui brille, de Géraldine Nakache et Hervé Mimran, qui lui permet de gagner le César du meilleur espoir féminin. Dans la foulée, elle rencontre Tahar Rahim et décroche un contrat pour L’Oréal. Comme une vedette, ce qu’elle est désormais devenue. Mais, néanmoins, c’est une star qui paraît plus accessible que Marion Cotillard ou que Léa Seydoux. Leïla profite des médias pour se façonner une image de jeune fille cool, qui n’a pas oublié d’où elle venait et tout en relativisant cette soudaine célébrité : “Je ne crois pas qu’il y ait quelque chose à apprendre de la célébrité. Ce serait d’ailleurs malheureux. En ce moment, je regarde beaucoup de films français d’il y a quinze ans, et il y a des comédiennes extraordinaires que l’on ne voit plus du tout… Si ça leur arrive à elles, ça peut m’arriver à moi”, analysait-elle avec lucidité dans Grazia, en novembre 2012. Un détail significatif : elle a décidé de passer le premier confinement de 2020 dans un petit appartement de Mulhouse, avec un oncle à la santé fragile dont elle voulait s’occuper. Au moment où nombre de personnalités se terraient dans leurs gigantesques propriétés, Leïla Bekhti a vu les choses autrement. Comme une star de proxi-mité. ¦

Leïla Bekhti est une jeune fille très famille. Il y a notamment son frère Slimane, responsable d’une société de transport, et sa sœur Amel, traiteure, qui veillent sur elle depuis qu’elle est tout petite. Il y a également la famille qu’elle s’est choisie avec ses amis à la vie à la mort : Géraldine Nakache, Marina Foïs, Reda Kateb, Adèle Exarchopoulos, Jonathan Cohen, Gilles Lellouche, Marion Cotillard, Guillaume Canet, Édouard Baer… Tout ce petit monde se balance des fleurs dans les interviews ou se coopte sur des projets quand l’occasion se présente. Quand bienveillance rime avec business…

“Je ne crois pas qu’il y ait quelque chose à apprendre de la célébrité.”

Actrice et instagrameuse : sa page à la fois cool et glam

La jeune comédienne est connue pour son sens de l’humour. On l’a vue dans La Flamme, sur Canal +, où elle incarnait une méchante bachelorette. Elle n’hésite pas non plus à cultiver l’autodérision sur sa page Instagram pour le plus grand plaisir de ses 783 000 followers. Cinéma, mode, réseaux sociaux… Leïla Bekhti est sur tous les fronts.

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