À l’affiche de deux films américains cet automne, l’actrice de 42 ans est la nouvelle Frenchie qui compte à l’international. Portrait d’une battante aussi sympa que talentueuse que le cinéma a bien failli ne jamais remarquer !

“Je me rappelle qu’en approchant de la quarantaine, je me disais que chaque film serait mon dernier”, confiait Meryl Streep au Wall Street Journal, en 2016. Depuis toujours, dans le cinéma en général et à Hollywood en particulier, être une actrice de plus de quarante ans vous range automatiquement dans la catégorie des seconds rôles, au mieux, quand vous n’êtes pas carrément estampillée du label “périmée” !

Heureusement, les choses changent (timidement) depuis quelques années. Les vieilles habitudes ont cependant la vie dure… Alors imaginez donc que vous ayez plus de 40 ans, que vous soyez étrangère – Française en l’occurrence – jolie et racée, certes, mais sans correspondre aux clichés des gravures de mode aux traits lissés par les meilleurs chirurgiens du monde : a priori, vous n’avez aucune chance de vous faire remarquer par les producteurs et autres réalisateurs de la Mecque du cinéma mondial, non ? Et pourtant, c’est exactement ce qui arrive à Camille Cottin depuis deux ans ! À 42 ans, l’ex-Connasse de Canal + est en train de devenir la nouvelle coqueluche frenchy des Américains. Jugez plutôt : ces jours-ci, elle donne la réplique à Matt Damon dans Stillwater et, fin novembre, elle sera à l’affiche du prochain Ridley Scott, House of Gucci, dans lequel elle ne jouera rien de moins que la rivale de Lady Gaga et séduira le nouveau sex-symbol, Adam Driver. Ah, entre-temps, Camille a également obtenu un rôle récurrent dans l’excellente série américano-britannique Killing Eve. Marion Cotillard aurait-elle du souci à se faire ? Peut-être pas, mais avec Camille Cottin, tout semble pouvoir arriver. “Est-ce que ça me faisait rêver de tourner en Angleterre ou aux États-Unis ? La réponse est oui, absolument, confessait l’actrice dans Première le mois dernier. Est-ce que je pensais que ça allait se produire ? Pas du tout.” Camille jure même qu’elle n’a jamais eu de plan de carrière.

Sa carrière

2013-2015 : CONNASSE : Désopilante en Parisienne odieuse et terriblement snob, dans cette minisérie diffusée dans Le Grand Journal, sur Canal +, et filmée en caméra cachée. Succès immédiat.

2015 : CONNASSE, PRINCESSE DES CŒURS: L’adaptation sur grand écran de la série à sketchs connaît un joli succès en salles avec plus d’1,1 million d’entrées.

DEPUIS 2015 : DIX POUR CENT : Elle explose dans le rôle d’Andréa Martel, agent de stars lesbienne, cynique et volcanique, qui sait aussi être touchante dans cette série de France 2 désormais distribuée à l’international sur Netflix.

DEPUIS 2020 : KILLING EVE : Dans la 3e saison de cette série américano-anglaise, la comédienne joue Hélène, l’une des responsables du réseau d’assassins auquel est affiliée Jodie Comer, alias Villanelle. Rôle qu’elle reprendra dans la 4e saison.

2020 : LES ÉBLOUIS : Camille est surprenante et très juste dans ce film de Sarah Suco, interprétant une mère de quatre enfants blessée par la vie, qui entre dans une secte et entraîne avec elle toute sa famille, pour le pire.

2021 : STILLWATER : L’actrice campe Virginie, une mère célibataire marseillaise qui se prend d’amitié pour un Américain – incarné par Matt Damon – dont la fille est accusée de meurtre dans ce drame de Tom McCarthy.

2021 : HOUSE OF GUCCI : Elle sera la rivale de Lady Gaga dans le cœur d’Adam Driver dans le biopic sur le couturier et homme d’affaires Maurizio Gucci, réalisé par Ridley Scott, qui devrait sortir en novembre prochain.

Camille Cottin: 100 % chic fille !

On veut bien la croire mais tout de même, pour en arriver là, celle qui, il y a neuf ans encore, jouait dans Le Jour où tout a basculé, une fiction réalité scénarisée bas de gamme de France 2, a cravaché. Camille n’est pas une enfant de la balle, elle a vécu l’enfance aisée de ceux qui grandissent dans une famille bourgeoise et cultivée à tendance bohème. Elle voit le jour le 1er décembre 1978 à Boulogne-Billancourt, aînée d’une grande famille recomposée. Son père, Gilles, est dessinateur et peintre. Il quitte sa mère alors qu’elle est enceinte d’elle, mais sans fracas. Il aura ensuite deux autres filles et un garçon. Sa mère lui donnera une petite sœur, Avril, avec son beau-père, un analyste financier dont elle restera très proche mais il décède alors que Camille n’a que 20 ans. “Ma mère est très libre, nomade, sans filtre, elle dit tout ce qu’elle pense. En même temps, elle nous a donné une éducation rigoureuse, attentive au respect des règles, des horaires, des devoirs à faire”, explique l’actrice dans Madame Figaro, en 2019. La maman sera tour à tour assistante d’archéologue, prof d’espagnol, documentaliste ou encore employée dans une galerie d’art. Lorsque Camille a 12 ans, la famille quitte la rue Montmartre, au centre de Paris, pour Londres. Six ans plus tard, la jeune femme rentre en France son bac en poche et après avoir suivi un stage de théâtre d’un mois à Berkeley, en Californie. Excusez du peu. Pas particulièrement scolaire, elle s’inscrit pourtant en fac d’anglais où elle obtiendra une maîtrise, en parallèle de ses cours de théâtre, sa vraie vocation. Elle n’a pas encore 20 ans mais elle sait déjà arbitrer entre ses passions et la prudence, sans rogner ni sur les unes ni sur l’autre. Durant des années, elle sera donc prof d’anglais pour des établissements privés la journée et comédienne dans des spectacles autoproduits avec une bande d’amis les soirs et les week-ends. Elle joue l’été à Avignon, conduit le camion de la troupe, aide à monter les décors. Artiste et pragmatique. Polyvalente, déjà. Camille alterne les pièces classiques et les comédies de boulevard puis intègre la troupe de Pierre Palmade en 2009. Il lui faudra attendre quinze ans après ses débuts avant d’être remarquée par des caméras de télévision, avec la série Connasse sur Canal +. “À 30 ans, je me suis dit que la notoriété n’arriverait pas, que je devais faire une croix sur le cinéma et la télé, et m’épanouir dans le théâtre”, confie-t-elle dans Psychologies Magazine, en 2018. Lorsque la reconnaissance arrive enfin, Camille a 35 ans. Le public aime l’odieux personnage qu’elle incarne dans Connasse, mais c’est surtout son rôle d’Andréa Martel, l’agent de comédiens dans la série Dix pour cent qui la consacre à partir de 2015. Au cinéma, c’est un peu plus compliqué. Les films français dans lesquels elle joue ne sont pas toujours de grands succès. Qu’importe, Dix pour cent suit son bonhomme de chemin à l’international avec sa diffusion sur Netflix, et Camille avec. Jouer aux côtés de Matt, Brad ou Adam ne lui a pas pour autant fait enfler les chevilles. Les pros qui la connaissent vantent son calme et son respect du travail des autres. Camille, elle, continue d’aller chercher ses enfants à la sortie de l’école dans le neuvième arrondissement qu’elle n’a pas quitté, elle voit toujours ses copines parmi lesquelles Camille Chamoux ainsi qu’Éloïse Lang et Noémie Saglio, les créatrices de Connasse, et elle aime le même homme depuis vingt ans (voir encadré). “Je suis plutôt une sédentaire. J’ai besoin de structure”, expliquait-elle à Psychologies Magazine, en 2018. Camille a déjà su jouer les pestes, les dilettantes comme les mères de famille illuminées à l’écran. Désormais, être une star internationale pourrait bien devenir son nouveau rôle de composition. ¦

Le succès à 35 ans

Vingt ans d’amour et deux enfants avec Benjamin

“Adolescente, je n’avais pas des relations amoureuses très épanouissantes”, confie Camille dans Psychologies Magazine, en 2018. Elle vit sa première vraie histoire après le lycée et part un temps vivre en Espagne avec ce premier amour. C’est en l’an 2000, en rencontrant Benjamin Gauthier avec sa troupe de théâtre, qu’elle va trouver l’homme de sa vie. Il est architecte, ils ont deux enfants, Léon Gabriel, né en 2009 et Anna Paloma, née en 2015, et ils s’aiment comme au premier jour. Mais pas question de mariage pour autant ! “Je suis contre. D’abord parce que, même si j’envisage de passer le reste de ma vie avec lui, je veux sentir cette part de liberté que les générations précédentes nous ont permis d’acquérir. Cette possibilité de (se) dire que si je ne suis pas heureux ou heureuse, je pars”, expliquait-elle dans Psychologies Magazine en 2018. Il est prévenu !

Ses looks

Le style à la française “Mon style ? Ce n’est pas tout à fait clair ! Comme je me déplace en scooter, je dirais décoiffée et dans un look casual que je rehausse de jolies pièces”, déclarait Camille dans Figaro Madame en 2014. Depuis ses débuts, elle arbore le look archétype de la Parisienne tendance bobo, élégante et cool à la fois. Élancée et racée, tout lui va, le casual comme la haute couture, comme elle l’a prouvé sur le tapis rouge à Cannes cette année. Chanel ne s’y est pas trompé puisqu’il a fait d’elle l’égérie de la montre J12 en 2018 et elle a récemment fait la couverture de Style, le supplément mode, beauté et lifestyle du Sunday Times. La grande classe !

Topless devant Brad Pitt !

Camille a donné la réplique à Brad Pitt dans Alliés, de Robert Zemeckis, en 2016, mais ce n’était pas la première fois qu’elle croisait la route du sex-symbol ! En 2008, donc bien avant d’être célèbre, elle avait tourné avec lui dans une pub pour des téléphones japonais, réalisée par Wes Anderson, dans laquelle elle tombait carrément le haut devant lui ! En 2016, elle racontait même dans La Parisienne : “Brad avait du mal à s’en souvenir alors j’ai commencé à m’embrouiller, parce que c’est Brad Pitt quand même, et j’ai précisé ‘Mais tu sais, j’étais topless !’ Bref… Il a rigolé et moi je me suis bien tapé la honte !”

Prête à quitter la France ?

Camille a beau adorer Paris et la stabilité, elle songe apparemment de plus en plus à quitter la capitale et la France, et pas seulement pour sa carrière ! “J’ai deux enfants et je serais heureuse de leur offrir l’opportunité de grandir un temps à l’étranger, confiait-elle au magazine Madame Figaro, fin août. C’est merveilleux de pouvoir changer de décor et de culture, comme je l’ai fait adolescente en Angleterre. Mon conjoint adore voyager et comme il est architecte, il peut construire des maisons partout.” Londres, Hollywood ou encore ailleurs ? À suivre…

A voir aussi : 

Marie-Pierre Galinon

Source: Lire L’Article Complet