Alors que son histoire d’amour avec Lord Snowdon est au cœur de la saison 3 de The Crown, portrait de la princesse Margaret, l’indisciplinée cadette de la reine Elizabeth II.
Les déboires conjugaux de la princesse Margaret, incarnée par Helena Bonham Carter, et d’Anthony Amstrong-Jones, sont explorés dès les prémices de la saison 3 de The Crown, disponible sur Netflix le 17 novembre. Des déconvenues déjà brièvement explorées dans la saison 2 du show. À tel point que des rumeurs annonçaient en février la parution d’un ouvrage rédigé par David Armstrong-Jones, son fils aîné, âgé de 57 ans, afin de défendre l’image de la princesse Margaret «abîmée» par les quolibets. Une riposte organisée contre la série The Crown et l’image véhiculée par Vanessa Kirby, alors interprète de Margaret.
«Ma mère est souvent dépeinte, que cela soit dans des livres « faisant autorité », ou dans des sitcoms, comme une « socialite » qui n’était intéressée que par les soirées», confiait alors David, vicomte de Linley, dans les colonnes du Daily Mail. Soucieux de rétablir la vérité, le fils du photographe Anthony Armstrong-Jones et de la princesse Margaret entendait souligner la «dévotion» de sa mère pour «les arts» et «ses devoirs officiels au côté de la reine».
Depuis, il a pourtant démenti dans les colonnes du Daily Mail avoir écrit une biographie de sa mère : «Je n’écris pas de livre», rétorquait-il simplement en public. «S’il y a eu une pluie de livres sur ma mère, aucun d’eux n’a vraiment su capturer son essence, mais je peux vous dire que les rumeurs sur mon envie de prendre la plume sont exagérées, car je n’écrirai pas son autobiographie», aurait-il également confié à des amis.
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« Enfant sauvage » de Buckingham
En réalité, la cadette de la reine Elizabeth II fut très tôt dépeinte comme l’«enfant sauvage» de Buckingham Palace. «Lilibet (le surnom d’Elizabeth II, NDLR) ne pensait qu’à prendre la bonne décision, raconte Marion Crawford, ancienne gouvernante, dans ses mémoires Les Petites Princesses (2003). Pour Margaret, tout était et serait toujours de l’ordre de la performance.» L’employée du palais royal se souvient d’une petite fille «maline», mais capable d’être «extrêmement fatigante».
Née le 21 août 1930 à Glamis Castle, la princesse Margaret est le premier membre de la famille royale britannique à voir le jour en Écosse depuis trois cents ans. Très complice avec sa sœur aînée, Margaret sera sa demoiselle d’honneur lors de son mariage avec le prince Philip, dix-sept ans plus tard. Et prêtera toute sa vie main forte à la souveraine. Pourtant, «la dernière vraie princesse» – comme la surnomme Theo Aronson dans son ouvrage Princesse Margaret : une biographie (2013) – se soucie bien peu des conventions.
Margaret, la princesse rebelle
La princesse Margaret rencontre les Beatles, durant la première du film Help. (Londres, le 29 juillet 1965.)
De fait, les soirées mondaines sont longtemps l’apanage de la fille cadette du roi George VI. Elle «était capable de maintenir à la fois l’image attendue d’une princesse, tout en vivant dans l’âge moderne […] et en le faisant de manière publique», s’enthousiasme Chris Granlund, le producteur de la série Princess Margaret : The Rebel Royal. Dans l’épisode 8 de The Crown, saison 1, la princesse Margaret transforme ainsi une simple cérémonie en cocktail party, le tout, contre l’avis du secrétaire privé de Buckingham.
Réputée pour avoir un style de vie décadent, la princesse passe ses soirées en compagnie de Mick Jagger, de Brigitte Bardot ou des Beatles. Si Elizabeth II prend souvent ses quartiers dans les châteaux de Windsor, en Angleterre, et Balmoral, en Écosse, la princesse Margaret s’offre quant à elle des vacances en Italie, en Turquie ou dans les Caraïbes. Et devient la cible favorite des paparazzi. La décontraction permanente de «l’enfant sauvage» tranche avec la rigueur de la reine d’Angleterre. De ces instants serait née la hantise de la souveraine : celle que sa sœur ne lui vole un jour la vedette.
Meilleure ennemie du Tout-Hollywood
Non contente de fréquenter le gratin britannique et français, la princesse Margaret s’offre un séjour au cœur du gotha hollywoodien, en 1965. À 35 ans, elle rencontre les acteurs Julie Andrews, Paul Newman ou encore Judy Garland, qui règnent en maîtres sur la Colline. L’insolence de la princesse y fait pourtant des émules. «Vous ne ressemblez pas à une star de cinéma», aurait-elle lancé à Grace Kelly (Fenêtre sur cour) durant son séjour. Devant la bague de fiançailles d’Elizabeth Taylor (Cléopâtre), elle s’exclame : «Est-ce le célèbre diamant ? Il est si gros ! Comme c’est vulgaire !». Les soirées crépusculaires et autres lendemains difficiles de la princesse, ainsi que les gros titres de la presse à scandale horrifient les diplomates britanniques. Son Altesse se verra privée d’un séjour aux États-Unis dans les années 1970.
La vie sentimentale de la princesse influe, elle aussi, sur la modernisation de la royauté. «Margaret est tombée amoureuse d’un homme plus âgé qui avait un enfant, raconte Chris Granlund. L’idée qu’une princesse se marie en dehors de l’aristocratie, à ce moment-là, était impossible.» L’homme en question : Peter Townsend, qu’elle connaît depuis qu’elle a 14 ans (il est alors écuyer de son père), et dont elle tombe éperdument amoureuse à 22 ans (il est devenu pilote émérite de la RAF).
Un amour impossible
La princesse Margaret arrive à un événement londonien avec sa fille Sarah et son fils Linley. (1967.)
«Elle était une fille d’une beauté inhabituelle, intense, restreinte à son petit visage fin et centrée sur ses grands yeux bleu violet, des lèvres sensibles, généreuses, et un teint de pêche, aurait raconté Peter Townsend. Elle pouvait déclencher un éclat de rire qui vous plie en deux mais aussi vous toucher droit au cœur.» Seul bémol, à l’époque, le héros de la Seconde Guerre mondiale est déjà divorcé et père de deux garçons.
Le public se montre pourtant favorable à l’union de Margaret et Peter, mais le cabinet du premier ministre Winston Churchill la conspue. La reine Elizabeth II, couronnée un an plus tôt – en 1953 – décide de donner son approbation à ce mariage, à condition que le couple attende les 25 ans de Margaret. Pourtant, deux ans plus tard, Margaret se trouve face au même dilemme : renoncer à l’homme qu’elle aime ou abandonner ses privilèges royaux. L’idylle s’achève en 1955.
Mariage houleux
Après cet épisode, la princesse Margaret jure qu’elle ne se mariera jamais. Pourtant, le 6 mai 1960, après avoir un temps fréquenté – l’infidèle – Billy Wallace, elle épouse finalement le sulfureux photographe Antony Armstrong-Jones, désormais connu sous le nom de Lord Snowdon, devant près de 300 millions de téléspectateurs. Leur union donnera naissance à un fils, David, le 3 novembre 1961, puis à une fille, Sarah, le 1er mai 1964. Ce qui n’empêche pas le couple de faire des vagues.
Très vite, l’union de la princesse et du photographe défraie la chronique. À l’époque, Lord Snowdon prend notamment de nombreux portraits intimes de sa femme, parmi lesquels un nu dans son bain, où elle pose coiffée d’une tiare, en 1962. Lui entretient une liaison avec l’actrice Jacqui Chan, puis le mannequin Gina Ward. Elle se prélasse sur les plages de l’île Moustique – où elle possède une villa – au côté de son petit ami Roddy Llewellyn. La princesse de 45 ans a rencontré ce jardinier de 28 ans au Café Royal d’Édimbourg, en Écosse, par le biais d’amis communs. La liaison fait à nouveau les beaux jours de la presse à scandale… et révèle les changements à l’œuvre au sein la royauté.
Une princesse « rock’n’roll »
En 1978, la princesse Margaret divorce de Lord Snowdon. Le jardinier Roddy, quant à lui, sort un album et essuie un échec commercial, avant d’épouser une dénommée Tatiana Soskin, en 1981. Vingt ans plus tard, le style de vie rock’n’roll de la princesse Margaret l’emporte définitivement. D’après le documentaire Princess Margaret : Her Real Life Story, diffusé sur Amazon Prime, la fille de la reine Elizabeth aurait continué à fumer – on dit qu’elle «grillait» 60 cigarettes par jour – jusqu’à sa mort, en dépit de ses problèmes de santé.
Le 9 février 2002, elle succombe à une attaque cardiaque, et rend son dernier souffle à 71 ans sur un lit de l’hôpital Edward VII, à Londres. Sans même se douter que, seize ans plus tard, une vedette et roturière américaine épouserait le prince Harry sous les ors du château de Windsor.
*Cet article initialement publié le 28 février 2019 a fait l’objet d’une mise à jour.
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