La Pause Simone du 27 Octobre 2022, par Chloé Thibaud

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Depuis plusieurs années, quand arrive la fin octobre, mes réseaux sociaux sont envahis d’articles aux titres de ce genre : Halloween est-elle une fête super sexiste ?“, “Costume d’Halloween sexy : d’où vient cette fâcheuse tendance ?“, “Sexy… ou sexiste ? Que cachent les costumes d’Halloween ?  Ces questionnements sont absolument légitimes. En tant que femme, en recherchant la tenue parfaite pour votre soirée du 31, vous tomberez immédiatement sur des résultats plus ridicules les uns que les autres : une momie en string, un Petit Chaperon rouge-Lolita gothique (oui, tout ça en même temps) ou encore des tenues d’écolières aux limites de la pédopornographie. De leur côté, les hommes trouveront des déguisements de bouteille d’Orangina rouge (qu’est-ce que cette pub me faisait flipper, bordel), de Grande Faucheuse, de moine démoniaque, de super-héros, de Freddy Krueger ou de Joker… bref ! Tous ces costumes renforcent les stéréotypes de genre que nous passons notre temps à combattre, et Halloween s’avère une énième occasion de dénoncer l’hypersexualisation permanente des femmes au sein de nos sociétés patriarcales.

Maintenant qu’on s’est dit ça, j’aimerais défendre le fait qu’on puisse, en tant que meuf, kiffer se déguiser en personnage sexy pour Halloween. Je ne sais pas si vous avez vu le film Lolita malgré moi  (2004, Mean Girls en langue originale) mais il y a une scène célèbre dans laquelle Cady (interprétée par Lindsay Lohan) débarque en fiancée de Frankenstein à la soirée de son lycée. Karen, sapée en “bébé souris“, lui demande : “Pourquoi t’as choisi un déguisement qui fait peur ?“. En fait, Cady a passé son enfance en Afrique et, depuis son arrivée aux États-Unis, personne ne lui a expliqué que “dans le monde des filles, Halloween est la seule nuit de l’année où une fille peut s’habiller comme la pire des chiennes sans que personne n’y trouve à redire“  (je cite la voix off). Résultat : elle se tape la honte avec son dentier dégueu et le mec dont elle est amoureuse embrasse la peste populaire, Regina George, vêtue d’un body avec pompon façon queue de lapin.

Moi, je fais plutôt partie de la team Regina que de la team Cady. #FunFact, quand j’étais encore étudiante, j’ai pécho l’un de mes ex à une soirée Putes et Macs… alors oui, le thème fait un peu mal à mon féminisme actuel (= mon mec n’est pas mon mac), mais je garde le souvenir d’un moment où je me sentais confiante et libre. J’étais dans une boîte remplie de jeunes femmes en bas résille et en soutifs qui dansaient sans craindre de se faire emmerder par des gros relous. Plusieurs fois, pour la fête de la citrouille, je me suis habillée avec des tenues dignes des clips de Lady Gaga (le budget haute couture en moins) et, bizarrement, je suis rentrée en taxi sans avoir la trouille que le chauffeur m’agresse. Comme si ces soirs-là, pour une fois, j’avais le droit à l’insouciance.

En discutant avec mon entourage, j’ai constaté qu’il y avait deux camps bien définis sur le sujet. Élisa, 32 ans, est d’accord avec moi :

Halloween c’est un peu un exutoire, tout est permis ce soir-là de l’année. C’est comme une tenue de scène, les chanteuses ne se baladent pas toute la journée en body à paillettes, mais le soir sur scène elles peuvent mettre absolument tout ce qu’elles veulent, parce que c’est pour le spectacle. Halloween, c’est une soirée de spectacle. Évidemment, à la base on est censées faire peur, mais une fois que t’as fait le zombie six fois et la momie trois fois, t’as peut-être plutôt envie de profiter de cette soirée déguisée pour te sentir jolie et sexy et ne pas te rajouter des verrues de sorcière sur la gueule alors que t’es déjà bourrée de complexes toute l’année.“

A contrario, Marianne, 30 ans, est agacée par les costumes slutty.

« Ça m’énerve quand je vois que pour les meufs c’est un prétexte pour se foutre à poil de manière complètement décomplexée. Sans doute parce que j’envie un peu ça, parce que je sais que je n’arriverais pas à le faire. Pour des meufs, ça va leur être facile de se mettre en grosse bonnasse et de l’assumer, moi pas du tout ; pour elles, ça va être dur de se ridiculiser, moi moins. Alors je préfère prendre le déguisement comme un truc ludique et m’amuser avec. J’assume de partir sur un truc qui n’a pas trop de sens, et d’ailleurs j’ai eu vachement de succès la fois où je me suis déguisée en ‘écossais zombie’, j’avais des dents ignobles et tout… Mon truc, c’est de tourner en dérision le concept, d’être plutôt second degré.“

Dénoncer le sexisme du marketing d’Halloween ne nous interdit pas d’avoir le choix d’user (ou non) de ces clichés… En écrivant ce texte, je me souviens d’une fille qui m’avait presque engueulée parce que je n’avais pas “joué le jeu“ et que je ne faisais pas peur. La vérité, c’est que nous avons toutes et tous le droit de jouer selon nos propres règles. Pour Élisa et moi, ces règles consistent à se lâcher et à se pimper comme jamais ; pour Marianne, il s’agit de se distinguer grâce à son humour et à son originalité ; enfin pour Flore, 24 ans, le but est “de faire vraiment, vraiment flipper, à base de lentilles blanches et de délires genre L’Exorciste“. Quoi qu’il en soit, un déguisement – comme tout vêtement du quotidien – n’est jamais une invitation au harcèlement et aux violences sexuelles. Et vous savez quoi ? Je crois que le costume qui fait le plus trembler le patriarcat, c’est celui de la femme qui s’assume et affirme ses droits.

Simone Kiffe : Les recommandations de Chloé Thibaud

Yeah !  Halloween, ça me donne envie de tirer les cartes. Virginie Despentes vient de signer un “Oracle Rock“ en collaboration avec la tatoueuse et illustratrice La Rata. 54 cartes superbes aux bordures rouge brillant et à l’effigie d’artistes tels que Blondie, David Bowie, Freddie Mercury, Madonna, Janis Joplin ou encore Amy Winehouse… C’est un coffret vraiment stylé, avec cet objectif revendiqué : “Être un truc marrant dans ton parcours – en aucun cas un guide suprême.“  (Guy Trédaniel éditeur)

Si l’astrologie vous intéresse, je vous conseille le beau livre Astro coach – Mieux se connaître grâce à l’astrologie de Sophie Hérolt Petitpas (paru récemment chez Webedia Books). Il est très complet et explique clairement ce qu’est le “thème astral“, avec deux chapitres que j’ai trouvé particulièrement intéressants : “Enquêter sur ses mémoires familiales“ et “Transformer ses blessures en pouvoir“… beau programme, non ? L’autrice propose des exercices, des rituels et des méditations afin de bien assimiler les connaissances acquises.

“Ne m’achète pas de fleurs, elles me donnent mal à la tête“, chante Lolo Zouaï dans le titre “Don’t buy me flowers“. L’artiste franco-algérienne vient de sortir un deuxième album (que j’attendais avec impatience) : Playgirl. Le titre que je cite est une ballade aux vibes un peu R’n’B – sa spécialité – mais il côtoie d’autres morceaux plus pop et teintés de nostalgie pour les années 2000. Si vous ne la connaissez pas, écoutez-moi ça tout de suite ! Pour info, Lolo a fait les premières parties de Dua Lipa lors de sa tournée US #LaClasse.

Si vous êtes à Paris pendant les vacances, faites un tour à l’exposition Parisiennes citoyennes ! au musée Carnavalet qui présente de nombreuses archives (photos, affiches, films mais aussi des peintures et des sculptures) sur les engagements pour l’émancipation des femmes, de 1789 à 2000. Pas de panique si vous n’avez pas le temps tout de suite, l’expo a lieu jusqu’au 29 janvier 2023 !

Le post Simone de la semaine

Cela fait quelques années qu’une théorie existe sur Internet à propos des chats et de l’idée qu’ils sont étroitement liés au sexisme. En effet, vous connaissez forcément cette expression assez répandue : “vieille fille à chat” ? Simone vous explique comment elle combine le sexisme à l’âgisme et au machisme… Pas très miaou, tout ça.

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