Plush. « Peluche » en anglais, et le nom d’un film d’animation qui n’a jamais vu le jour. Dimanche 23 avril 2023, Mediapart a publié une enquête sur le financement opaque de ce long métrage animé sur un nounours en peluche. Un projet qui devait être financé grâce à la vente de NFT (cryptomonnaies), promu en mai 2022 par Kev Adams sur ses réseaux sociaux, aussi relayé par la comédienne et humoriste Camille Lellouche ou le rappeur et chanteur Gims sur les leurs.
Un préjudice d’environ un million d’euros
Le site d’investigation rappelle que selon ceux qui ont porté le plan, il aurait fallu atteindre 50 000 NFT de nounours vendus 1 250 euros pièce (soit, plus de 60 millions d’euros), pour lancer la production du film.
Comme pour un financement participatif, il était promis aux internautes investisseurs plusieurs contre-parties : leurs noms au générique, leurs avis sur le scénario via un vote, et le plus alléchant, jusqu’à 80% des bénéfices du box office, à la sortie en salle de Plush.
Mais rien ne semble s’être passé comme annoncé : le film n’est jamais sorti, et Mediapart affirme que près de 770 investisseurs ont perdu, au total, l’équivalent de près d’un million d’euros entre mai et juin 2022.
L’un d’eux, acheteurs de deux NFT Plush (soit, l’équivalent de 2 500 euros), a témoigné face caméra dans une vidéo Mediapart, en complément de l’enquête écrite. « Le fait de me dire que je vais devenir coproducteur d’un film, qu’on aura notre mot à dire, parce que c’est ce qu’ils vantaient, (…) ça m’intéressait en fait, je me disais que ça peut être top », confie le jeune déçu.
Kev Adams prend la parole
Derrière ce scandale financier, toujours selon les informations de Mediapart : Fabrien Tref, un ami de l’humoriste et comédien vivant à Dubaï, qui aurait financé l’anniversaire de ce dernier dans une villa cannoise en 2020, et surtout, n’aurait jamais travaillé dans le septième art ni même la production.
Investisseur en cryptomonnaies, fan de poker, il aurait par ailleurs été visé en 2016 par une enquête du parquet de Toulon, après un signalement sur Tracfin (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins).
« Le mauvais film de Kev Adams » : ainsi Mediapart a titré cette enquête. Alors, au lendemain de sa mise en ligne, le comique s’est emparé de ses réseaux sociaux « pour mettre les choses au clair », soulignant « l’ampleur » de cette « polémique ».
« J’ai été contacté en 2021 au sujet d’un projet de long métrage d’animation participatif. L’idée était simple : je devais prêter ma voix à un dessin animé potentiel et en faire la promotion. Autrement dit : exercer mon métier. C’est tout », se défend-t-il dans un communiqué partagé sur son compte Twitter, suivi par presque 6 millions d’abonnés.
« Contrairement à ce que certains articles font croire je ne suis pas le ‘cerveau’ d’une opération ou d’une arnaque quelconque. » Et de déplorer : « Je me retrouve aujourd’hui au cœur d’une polémique qui remet en cause mon intégrité et mon honnêteté vis-à-vis de mon public. »
« Le concept était nouveau, moderne, cool, et l’idée de partager un film avec les gens me plaisait », explique-t-il encore. Affirmant : « Je me suis assuré du sérieux du projet, j’ai même longuement parlé avec les studios (qui étaient censés produire et fabriquer le film). J’étais en confiance, entouré de professionnels. J’ai compris par la suite que leur projet était trop ambitieux et inadapté au marché des NFT et du cinéma. » L’artiste assure aussi n’avoir perçu « aucune rémunération ».
« Contrairement à ce qu’il dit, Kev Adams ne met rien ‘au clair’ sur Plush : il ne répond pas sur la société à Dubaï, les perspectives de rendement exagérées, ses liens avec son ami Fabien Tref qui pilote le projet », pointe sur Twitter Yann Philippin, journaliste et co-auteur de l’enquête Mediapart.
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