La journaliste et présentatrice de «Zone Interdite» sur M6 nous raconte son quotidien en confinement.

Paris Match. Comment se passe votre confinement ?

Ophélie Meunier. Il se passe à la fois très correctement car je suis en forme, bien entourée et que je continue à travailler ponctuellement… Et en même temps, comme pour beaucoup d’entre nous, j’ai hâte de ressortir et surtout d’échapper à cette situation. Hâte que tout cela soit derrière nous. J’ai décidé de rester chez moi à Paris car je savais que j’allais continuer à travailler, que je devrais me rendre à la rédaction pour présenter le 19.45 sur M6 pendant les vacances de Pâques. Je dirais qu’il m’a bien fallu deux bonnes semaines pour trouver un nouveau rythme, une nouvelle routine de journée pour m’adapter à cette vie confinée. Maintenant ce nouveau quotidien est ma normalité.

Êtes-vous confinée seule ou à plusieurs ?

Je suis confinée en famille. Nous sommes avec mon mari (Mathieu Vergne, ndlr), notre fils (Joseph, qui fêtera son premier anniversaire en juin, ndlr), les deux grands fils de mon mari nés d’un premier mariage et ma chienne Palo, à la maison. C’est un sacré truc de se retrouver ensemble dans un même lieu sans sortir ou presque 7/7, H24. Nous qui sommes deux gros bosseurs, en temps normal on ne passe pas tout ce temps à la maison ! De notre domicile, nous travaillons, on gère les enfants, notre quotidien, nous ne voyons plus personne. Situation totalement inédite. On passe un temps fou sur les écrans d’ordinateur et les téléphones à travailler et à communiquer. Ces fameux téléphones qu’on aurait tant aimer lâcher avant sont devenus nos seuls outils pour rester en contact avec le monde extérieur et s’assurer que nos proches vont bien.

Comment occupez-vous vos journées ?

Avec un enfant en bas âge les journées sont très rythmées et chargées. Ce qui permet de ne pas (trop) voir le temps passer. Je me lève en même temps que mon fils vers 8h. Je m’occupe de lui, de son petit-déjeuner, on joue un peu, et deux à trois fois par semaine, je fais une petite séance de sport. Ensuite pendant la sieste du matin de Joseph, c’est le top départ pour le boulot. Soit des réunions sur Zoom, des docs à visionner, des textes à écrire, des interviews à préparer… J’essaye de ne pas perdre une minute de ce temps très précieux. Chaque jour, je cuisine matin, midi et soir, chose que je ne faisais qu’occasionnellement avant. A cela, il faut ajouter une nouvelle organisation concernant les courses et la gestion des repas. Mais c’est un plaisir ! Après le déjeuner, re-sieste pour le petit l’après-midi, retour au boulot. A son réveil, tout s’accélère, goûter et jeux en essayant d’assurer les coups de fil professionnels ou mails à traiter. En fin de journée, je fais un grand tour dehors avec ma chienne et quelques courses si besoin. Puis bain de mon petit, dîner, et dodo. C’est alors que ma deuxième journée commence. Quand bébé dort, je finis le travail que je n’ai pas pu terminer en journée, nous dînons avec mon mari et le soir, nous regardons des films («Les Misérables», «Le meilleur reste à venir», «JFK», «Mon Inconnue») ou des séries («Elite», «Casa de Papel», «The Morning Show», «Fauda») ou Zoom avec les amis ou la famille. Ça c’est le rythme quand je ne vais pas à la rédaction. La semaine où j’ai présenté le 19.45 sur M6, le rythme ressemblait à celui d’avant le confinement : partir le matin à 9h de la maison et rentrer à 21h. Entre-temps, un JT a été fabriqué par la rédaction. Idem les deux samedis où j’ai présenté le «Journal Inattendu» sur RTL en remplacement de Vincent Parizot, là aussi, je passais une partie de mes journées à la rédaction.

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Cette situation vous permet-elle de plancher sur de nouveaux projets ou sont-ils momentanément en suspens ?

Avec notre tout petit qui est à un âge où l’on demande beaucoup d’attention, je ne me suis pas lancée dans de nouveaux projets personnels. Mon mari et moi alternons en journée pour assurer chacun notre travail. De plus, pour moi, l’inspiration vient souvent du contact, des échanges et des rencontres extérieures. Cela est impossible en ce moment ! Ce que nous vivons est plutôt un temps pour se recentrer sur soi et profiter de son premier cercle familial.

Comment pensez-vous que votre fils ressente les choses à son jeune âge ?

Je parle tant que je peux à Joseph. A son âge, évidemment qu’il ne comprend pas les mots, mais je suis persuadée qu’il comprend l’intention. Je ne sais pas exactement ce qu’il ressent de tout ça car pour lui les journées sont les mêmes qu’avant en termes d’activités et de rythme, si ce n’est qu’il sort un peu moins qu’avant. Pour être prudents, nous avons préféré demander à sa nounou de rester chez elle le temps du confinement.

« J’espère avoir l’occasion de sortir grandie de cette période »

Qu’est-ce qui vous frappe dans cette situation ?

Je suis frappée par la rapidité à laquelle tout cela est arrivé sans que nous ne l’ayons vu venir. Frappée aussi de vivre, humainement, une situation inédite. J’espère avoir l’occasion d’en sortir grandie. C’est difficile pour tout le monde d’être privé de liberté, privé de ses proches, vivre au ralenti ou à l’arrêt professionnellement. Cela va totalement à contre-courant du monde dans lequel je suis née et où j’ai appris à grandir. La situation est si triste, tous ces décès de soignants à bout de souffle, tous ces travailleurs qui prennent des risques pour que l’on ait accès aux produits de première nécessité ou pour nous informer. C’est une situation qui provoque auprès de beaucoup, quelle que soit la situation, une profonde angoisse. Cette expérience difficile imposée à tous n’est pourtant pas insurmontable. Je suis frappée par l’acceptation de chacun, malgré la difficulté, on est là, on avance, on vit, on écoute les recommandations sanitaires et on attend que ça passe.

Quelles sont vos activités préférées pour vous détendre ?

Ce sont les petites séances de sport, les films ou séries et parfois, en guise de défouloir, on se met tous dans le salon et on se lâche un quart d’heure sur de la bonne musique ! En plus des balades avec ma chienne, je fais ma spécialité : le pad thaï aux poireaux.

Quelle est la première choses que vous ferez en sortant ?

Tant de choses ! Difficile de se projeter car on ne sait pas vraiment l’étendue de notre liberté. Alors j’essaye d’y penser le moins possible. Mes proches me manquent énormément, j’adorerais les voir physiquement. Ma famille, mes amis, nous aurons besoin de nous retrouver les uns chez les autres dès que l’on sera sûrs que cela sera sans risques. Mes parents vivent à Barcelone, ce n’est pas évident de faire le pronostic de les revoir rapidement… Dès que possible, je prendrai un billet d’avion pour qu’ils viennent nous retrouver.

Prenez-vous des initiatives pour tenter d’améliorer la situation ? Si oui, lesquelles ?

La première est de rester chez moi. C’est le cas pour tous mais c’est important de le dire car plus le temps passe, plus la discipline est dure à respecter. On se mobilise pour aider financièrement les hôpitaux de France. Je suis marraine de l’association Autour des Williams, qui regroupe des familles avec des enfants atteints du syndrome de Williams Beuren. La vie confinée avec des enfants handicapés n’est pas simple, comment leur expliquer pourquoi leur quotidien a changé ? Je passe des petits moments avec eux connectés sur Zoom pour discuter, rire, échanger. Cela n’améliore pas la situation générale certes, mais ça met un peu de soleil dans le quotidien pas toujours évident de ces familles-là.

Quelles leçons importantes, selon vous, devons-nous tirer de cette crise sanitaire ?

Nos dirigeants devront clairement être au rendez-vous de l’hôpital. Il faut avant tout que nous tirions une très grande leçon sur le fonctionnement de notre système de santé. Il n’est pas acceptable que dans un pays comme le nôtre, nous ne soyons pas mieux armés pour faire face à ce genre d’événement exceptionnel. Les professionnels de santé étaient à bout de souffle avant l’épidémie, ils assurent incroyablement bien la gestion de cette crise de tout leur cœur et de toutes leurs forces. A l’avenir, nous leur devons les améliorations qu’ils réclament depuis longtemps. Plus de reconnaissance, de meilleurs salaires, une meilleure organisation. Cet évènement est une leçon immense. Cela va améliorer l’environnement de vivre sans notre activité à outrance. Il faudra, dans le futur, qu’à l’échelle planétaire nous prenions des décisions pour le protéger et le respecter. La faune et la flore revivent depuis le confinement, la pollution diminue, tout cela est bon pour nous, pour notre santé. Essayons de préserver cela pour l’après-Covid19. C’est une leçon aussi pour nos relations humaines. Nos proches nous sont si précieux, ils contribuent à notre équilibre. Ce sera intéressant de voir comment nous évoluerons dans le monde d’après. Je nous souhaite en tous cas d’être capables de savoir profiter, le plus longtemps possible, des plaisirs les plus simples de la vie.

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