Ce lundi 1er mars, le tribunal judiciaire de Paris a condamné Nicolas Sarkozy à trois ans de prison, dont un ferme, dans l’affaire dite des « écoutes ». Son avocate, maître Jacqueline Laffont, a annoncé qu’il ferait appel de cette condamnation, et se montre déterminée à aider l’ancien chef d’Etat à prouver son innocence.

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  1. Nicolas Sarkozy

Coup de tonnerre au tribunal judiciaire de Paris. Nicolas Sarkozy a été condamné à trois ans de prison, dont un ferme, dans l’affaire dite des « écoutes » ce lundi 1er mars. Dans la tourmente, l’ancien président de la République peut compter sur son avocate, maître Jacqueline Laffont, présente à ses côtés à l’annonce du verdict, qui a fait savoir que l’ancien chef d’Etat ferait appel de cette condamnation. Après ce « jugement extrêmement sévère » et « totalement infondé et injustifié », Nicolas Sarkozy « est calme mais déterminé à poursuivre la démonstration de son innocence », a-t-elle assuré rapporte Le Monde.

Jusqu’ici femme de l’ombre, cette avocate de 60 ans vient de prendre la lumière pour la première fois en défendant Nicolas Sarkozy dans l’affaire des écoutes. L’ancien Président a confié sans hésitation son destin à ce ténor du barreau aguerri. Il avait d’abord choisi son époux et associé Pierre Haïk. Ce dernier, empêché par la maladie, n’a pas pu assurer sa défense. Mais lorsque Jacqueline Laffont a précisé à l’ancien chef de l’Etat qu’il était libre de s’adresser à un autre cabinet, il a opposé un non catégorique. Emu d’abord par les dommages de la maladie d’Alzheimer qui ont rattrapé le célèbre avocat. L’une des grands-mères de son épouse Carla Bruni a été atteinte, il est vrai, par ce mal et la chanteuse s’investit depuis des années pour l’association pour la recherche sur l’Alzheimer.

Elle formait un duo soudé et complémentaire avec son mari Pierre Haïk, désormais empêché d’exercer

Mais l’ex-Président fait surtout une confiance absolue à Jacqueline Laffont, une femme au regard clair, pour le représenter dans cette épreuve judiciaire. Jugé pour corruption et trafic d’influence, il est soupçonné d’avoir promis une promotion à un magistrat contre des informations dans le dossier Bettencourt. Nicolas Sarkozy savait cependant que l’avocate aimait rester en retrait depuis nombre d’années même si elle était une alliée de poids pour son mari. A lui les envolées lyriques dans le prétoire, à elle la traque des vices de forme et le défrichage du code de procédure pénale. Si dissemblables, ils se sont toujours complétés à merveille.

Ils se sont rencontrés en 1984, lorsque Jacqueline, après ses études de droit à Toulouse, est venue frapper boulevard Saint-Michel, à la porte du cabinet de Pierre Haïk, de dix ans son aîné. Elle a alors 23 ans, ils sont engagés l’un et l’autre sentimentalement – elle vit en couple et il est marié et père de deux filles –, mais la passion emporte tout. Fille d’un officier militaire, qui a vécu à Phnom Penh dans son enfance, amoureuse de l’œuvre de Camus, elle est séduite par ce rapatrié d’Algérie au parcours intellectuel riche. Le bouillonnant avocat a suivi les séminaires de Lacan, fait partie de groupe d’information sur les prisons initié par Michel Foucault. Il ne rechigne pas à défendre des voyous.

Jacqueline Laffont ne respire que pour son métier mais n’est pas prête à sacrifier sa famille

Le couple a deux fils. Il se spécialise dans les affaires politico-financières. Leurs clients sont souvent des hommes de pouvoir. Parmi eux : l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, les anciens ministres Charles Pasqua ou Michel Roussin, le grand patron Jean-Marie Messier. Comme son mari, Jacqueline Laffont ne respire que pour son métier mais n’est pas prête pour autant à sacrifier l’équilibre de leur famille.

Leur cercle d’amis comprend Enrico Macias mais aussi d’autres as du prétoire comme Hervé Temime ou Thierry Herzog. Quand ces messieurs aiment occuper le devant de la scène, Jacqueline Laffont, reste, elle, souvent un pas en arrière. La notoriété ne l’attire pas. Même si elle a eu pour client Nicolas Hulot et conseille Alexandre Benalla. Son calme à toute épreuve et sa capacité à décortiquer les dossiers ont été des atouts lors du procès de Nicolas Sarkozy. Comme Sisyphe, elle fait rouler méthodiquement son rocher. Sans Pierre à ses côtés, celui-ci lui paraît bien lourd. Mais cette camusienne le sait : « Il faut imaginer Sisyphe heureux ».

Article de Candice Nedelec issu du numéro 1438 de Gala paru le 31/12/2020

Crédits photos : Panoramic / Bestimage

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