Mardi 9 février 2021, Frédérique Dumas interpelle Roselyne Bachelot dans les colonnes de L’Obs au sujet d’un contrat de 100 millions d’euros signé entre le groupe France Télévisions et son animateur phare, Nagui. La députée espère une enquête pour vérifier si le service public a bien respecté la procédure.
- Nagui
- Roselyne Bachelot
Au cours de ces deux dernières décennies, Nagui est devenu l’une des figures incontournables de France Télévisions. Entre son programme radio La bande originale sur France Inter, et ses émissions Tout le monde veut prendre sa place, N’oubliez pas les paroles ou encore Taratata, diffusées sur France 2, l’animateur de 59 ans rassemble chaque jour des millions d’auditeurs et de téléspectateurs sur les chaînes du service public. D’ailleurs, plus de trente ans après ses débuts, il parvient chaque année à se hisser sur le podium des personnalités télé préférées des Français ! Pas étonnant donc que le groupe audiovisuel cherche à prolonger son contrat de 100 millions d’euros, signé pour lui fournir des programmes sur la période 2017-2020. Mais depuis quelques mois, ce marché est au cœur d’une vive polémique.
Après une enquête de Mediapart en juillet 2020, une plainte pour abus de confiance avait été déposée par la Confédération générale des cadres (CGC), conduisant le parquet de Paris à ouvrir une enquête préliminaire dans la foulée. Cette fois-ci, ce sont les membres de la sphère politique qui s’intéressent à l’affaire. Le 6 novembre dernier, à l’Assemblée nationale, la députée Frédérique Dumas (ex-LREM, actuellement investie au sein du Groupe Libertés et Territoires) a interpellé Roselyne Bachelot à ce sujet. Celle-ci lui a répondu dans un courrier daté du 12 janvier 2021, que L’Obs est parvenu à se procurer. Dans les colonnes du magazine, mardi 9 février, Frédérique Dumas se dit “choquée” de la réponse de la ministre de la Culture.
“Il s’agit de l’argent du contribuable !” : Roselyne Bachelot interpellée par une élue en colère
La députée des Hauts-de-Seine assure que le montant de ce contrat “n’est pas obligatoirement le sujet”, et dénonce surtout “des clauses exorbitantes du droit commun et dérogatoires par rapport aux usages professionnels” : “Il n’y a pas d’exigence d’audience, il n’est pas prévu d’audit, la commande porte sur certaines émissions dont le concept n’est pas précisé alors que le montant financier, lui, est bien garanti”, précise-t-elle. Si Frédérique Dumas concède que Roselyne Bachelot – et par extension, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie – ne sont “pas directement responsables d’un contrat”, elle estime toutefois qu’ils “le sont d’une gouvernance”. “Des représentants de l’Etat siègent au conseil d’administration de France Télévisions. Ils ont manqué de vigilance ? Le contrat leur a-t-il seulement été soumis ?”, s’interroge ainsi la députée.
Frédérique Dumas s’insurge de la réponse qu’elle a reçue de la part de Roselyne Bachelot qui, selon elle, ne fait que répéter les dires de France Télévisions. “Que l’entreprise assure qu’elle a respecté les procédures, cela ne suffit pas ! La ministre doit obtenir les preuves : convocation du comité, ordre du jour, procès-verbal… C’est une question de principe.” Et si elle se montre aussi révoltée, c’est également car la ministre de la Culture lui aurait confirmé que de nombreuses sociétés de production, dont Banijay [groupe dont fait partie Air Productions, entreprise fondée par Nagui] ne déclarent pas tous leurs comptes afin de ne pas fournir d’informations à la concurrence. Une justification inacceptable pour Frédérique Dumas : “Quand on travaille avec le service public, ce genre d’argument est inaudible. Il s’agit de l’argent du contribuable !”, a-t-elle finalement clamé.
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