Le 3 décembre 1926, la célèbre romancière britannique, Agatha Christie, morte le 12 janvier 1976, disparaît sans laisser de traces…avant d’être retrouvée onze jours plus tard dans un état amnésique. Retour sur le seul mystère de sa vie qui n’a jamais été résolu.

Agatha Christie est reconnue comme la reine incontestée des romans policiers mais le plus grand mystère de sa vie reste, sans aucun doute, sa propre disparition en 1926. Une histoire folle qui a défrayé la chronique de l’époque et suscité l’intérêt de célèbres personnages historiques dont l’auteur, Arthur Conan Doyle qui fera appel – sans succès – à une voyante pour faire avancer l’enquête.

Tout commence en 1912, lorsque la jeune Agatha née Miller, âgée alors de 22 ans, tombe éperdument amoureuse d’un jeune et fringant aviateur prénommé Archibald Christie. La guerre éclate en 1914 et Archie est envoyé au front en France. Mais, dès sa première permission, il rentre dans la comté du Devon épouser sa jolie fiancée. Alors que son mari est au combat, Agatha s’engage comme infirmière et poussée par Margaret, sa soeur ainée qui travaille pour le magazine « Vanity Fair », achève son tout premier policier. Au total elle écrira soixante-six romans, cent cinquante nouvelles et vingt pièces de théâtre dont «La Souricière».

Agatha Christie, la reine des mystères

Réuni à la fin de la guerre, le couple s’installe à Londres où Archie accepte un poste au ministère de l’Air et Agatha signe un contrat avec la maison d’édition Bodley Head Publishing House. Leur destin semble tout tracé. Mais, en 1926, Agatha Christie change d’éditeur et reçoit une avance de deux cent livres sterling, une fortune à l’époque, et le couple quitte Londres pour une jolie maison dans le Berkshire avec leur fille Rosalind. Ils nomment la propriété Styles en hommage à son ouvrage « La Mystérieuse Affaire de Styles».

Ce nouveau confort matériel aurait dû renforcer la vie de famille des Christie mais en réalité, l’inverse se produit. Ayant connu la pauvreté plus jeune, Agatha Christie est très peu dépensière et ce trait de caractère aurait été l’une des sources de nombreuses tensions dans le couple. De nature volage, Archibald démarre une liaison avec sa secrétaire, une jeune femme de 25 ans prénommée Nancy Neele. Une infidélité qui brise la confiance de son épouse, de manière irrévocable. Un divorce se profile à l’horizon.

C’est dans ce contexte particulièrement tendu que le 3 décembre 1926, Agatha Christie disparaît sans laisser de traces. Suite à une énième discussion houleuse avec son mari au sujet de sa liaison extra-conjugale, Agatha confie sa fille Rosalind à l’une de ses domestiques et quitte le domicile, au volant de son automobile.

Les détectives amateurs s’emballent

Au petit matin du 4 décembre, le lendemain, la voiture est retrouvée encastrée dans une haie touffue. Tous phares allumés, une valise et un manteau sur le siège arrière: la conductrice semble s’être volatilisée. En quelques heures à peine, le nom et le portrait d’Agatha Christie, jusqu’alors une jeune écrivaine encore méconnue, fait les gros titres des journaux et la presse s’emballe.

Dès le départ, son mari Archie et sa maîtresse Nancy sont les principaux suspects, accusés de l’avoir tuée afin de vivre au grand jour leur amour illégitime. Des milliers de policiers mobilisés lors d’une battue citoyenne sur des centaines d’hectares de terrain et un lac voisin est fouillé méticuleusement. Les jours passent et l’inquiétude grandit: Agatha Christie reste introuvable.

Des célébrités se mêlent à l’affaire. Notamment, le fameux Arthur Conan Doyle, auteur de la saga à succès « Sherlock Holmes ». Il croit beaucoup au pouvoir des médiums et va jusqu’à confier un gant ayant appartenu à Agatha Christie à une voyante. Sans succès. Le ministre de l’intérieur de l’époque, William Joynson-Hicks est également très impliqué mais les recherches demeurent infructueuses.

Le 10 décembre 1926, le journal « The Times » rapporte que, selon les détectives en charge de l’enquête, il s’agirait d’un suicide. Plusieurs personnes ont reçu des lettres signées de la main d’Agatha Christie. A savoir son beau-frère, son mari et sa secrétaire… Les trois refuseront d’en dévoiler le contenu de ces mystérieuses missives.

Dix jours plus tard, le chef de rang d’un hôtel-spa dans le Yorkshire – soit à plus de 300 kilomètres de là où la voiture d’Agatha Christie avait été retrouvée au lendemain de sa disparition- téléphone à la police locale. Il est convaincu que la romancière séjourne dans son établissement sous un faux nom….Celui de la maîtresse de son époux : Theresa Neele. Elle prétend être une voyageuse sud-africaine et fait preuve de beaucoup d’entrain.

Divorce et amnésie

Le jour même Archibald Christie, flanqué d’officiers de police, débarque au Swan Hydropathic Hotel et observe son épouse en train de lire un journal qui traite de sa propre disparition…Une situation inattendue au point d’être digne d’un dénouement de l’un de ces « murder mystery » dont Agatha Christie a le secret. Pourtant, des témoins de la scène confieront plus tard qu’elle ne reconnaît pas Archie sur le coup et semble même un brin confuse lorsqu’il révèle enfin sa présence.

Archibald est furieux. Le lendemain même, Agatha Christie est envoyée chez sa soeur où elle est enfermée et gardée sous observation pendant quelque temps. La frénésie médiatique est telle que lors de son retour à Londres en train, des centaines de personnes se pressent à la gare de King’s Cross dans l’espoir d’apercevoir le couple à la sortie du train. Plusieurs médecins confirmeront « une totale amnésie » de l’auteure sur cette intrigante épisode de sa vie.

Archie et Agatha Christie divorcent en 1928. Archibald épousera par la suite sa maîtresse, Nancy Neele et la romancière, désormais célèbre, se remarie en 1930 avec l’archéologue Sir Max Mallowan de 13 ans son junior.

Sans trop de surprises, des dizaines de théories du complot, toutes plus folles les unes que les autres, ont vu le jour suite à sa disparition. Ni la romancière ni son mari n’offriront quelconque explication quant à ces onze jours du mois de décembre 1926. Même dans sa propre autobiographie, publiée à titre posthume en 1977, Agatha Christie ne fait aucune mention de l’étrange affaire qui continue d’obséder bon nombre de ses fans. Le mystère demeure entier.

Crédits photos : Getty Images

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