Le chanteur belge, Arno, est décédé ce samedi 23 avril, à l’âge de 72 ans. En 2016, nous l’avions rencontré pour une interview au cours de laquelle l’artiste nous avait fait des confidences sur sa vie amoureuse.
Atteint d’un cancer du pancréas depuis 2019, le chanteur Arno est décédé à l’âge de 72 ans, ce samedi 23 avril. En 2016, il nous faisait des confidences sur sa vie amoureuse. Pour notre première rencontre avec le chanteur belge, le rendez-vous est fixé dans une brasserie parisienne qui s’appelle L’Ogre. Ça ne s’invente pas ! Allons-nous être dévorée toute crue par cet « old motherfucker », pour reprendre un titre de son nouvel album ? Que nenni ! L’homme est charmant, séduisant même. Et bien des crooners pourraient s’inspirer de celui qui se décrit comme un « chanteur de charme raté », et qui a signé ce qui reste, sans doute, l’une des plus belles chansons d’amour : Les yeux de ma mère.
Gala : Vous avez écrit que « tomber amoureux n’est pas toujours romantique » ?
Arno : Être amoureux, c’est comme une migraine. Ça vient et ça passe ! Sur l’album j’ai écrit une chanson d’amour qui s’appelle Santé dans laquelle je bois « à tous les cocus du monde entier ».
Gala : Etes-vous un pessimiste de l’amour ?
Arno : Un pessimiste est un optimiste avec beaucoup de bagages, d’expériences…
Gala : Est ce que la première femme de votre vie est celle pour laquelle vous avez écrit Les yeux de ma mère ?
Arno : J’ai écrit cette chanson il y a très longtemps à cause de mon fils. J’étais parti en vacances avec lui en Grèce et sa mère – une Française d’ailleurs- m’avait demandé de lui mettre des suppositoires s’il tombait malade. J’ai essayé, j’y suis pas arrivé, et en le regardant endormi, j’ai pensé à ma mère… Cette chanson, je l’ai écrite pour sa mère, pour la mienne, pour toutes celles du monde entier quoi ! Je me souviens que ma grand-mère m’avait dit un jour : « les hommes pensent qu’ils savent tout, mais ce sont les femmes qui comprennent tout. » Ce sont les femmes qui portent tout le bazar, hein !
Gala : Vous avez grandi dans un univers féminin ?
Arno : Oui. J’ai été éduqué par des femmes : ma mère, ses sœurs, ma grand-mère … Mon père était là mais, quand il rentrait, il donnait l’argent et c’est ma mère qui s’occupait de tout. C’était elle la patronne. J’ai perdu ma mère a 24 ans, elle en avait 40. Mais mes tantes qui ont plus de 80 ans continuent de m’appeler tous les jeudis, à une heure, pour savoir ce que je fais, où je suis.
Gala : Etiez-vous un adolescent romantique ?
Arno : Non. Je ne pense pas l’être. Je ne suis ni sombre, ni désespéré, ni rêveur, je suis dans la réalité, je n’ai pas peur de ça. Et puis j’ai peut-être une forme d’autisme, c’est aussi pour ça que je suis un chanteur de charme raté et un musicien, je pense. Parce que, quand j’étais jeune, je bégayais beaucoup, j’étais timide. Les gens qui me rencontraient me trouvaient bizarre, car j’étais à la fois là et ailleurs. D’ailleurs je suis toujours un peu parti dans un autre bazar, dans mes pensées.
Gala : Quelles sont les femmes qui vous donnent envie d’écrire ?
Arno : Moi je suis lesbienne, comme je dis toujours, mais je n’ai jamais pensé à ça… Il y a une espèce assez rare de femmes qui me rend curieux, comme Angela Merkel, Hillary Clinton, ou Thatcher il y a longtemps. C’est très bizarre une femme dans la politique. J’aimerais bien savoir ce qu’elles pensent.
Gala : Ce genre de femmes peut vous séduire ?
Arno : (Il rit) Merkel pas du tout ! Thatcher non plus !
Gala : La femme de votre vie est comment ?
Arno : C’est une utopie pour moi « la femme de sa vie ». Je ne cherche pas ça.
Gala : Il y a quelques années, vous avez fait une reprise de la chanson de Pauvre diable de Julio Iglesias. Arno connaît donc Julio Iglesias ?
Arno : Ah non ! je ne le connaissais pas ! C’est le réalisateur de Guillaume et les garçons, à table !, Guillaume Gallienne, qui m’a demandé de faire une version de cette chanson pour son film. J’ai trouvé ça très drôle, d’autant que son film était surréaliste. Et moi j’aime le surréalisme.
Gala : Si je vous demandais quelle est selon vous la plus belle chanson d’amour ?
Arno : Oh ! Ce sont des questions… Je ne peux pas répondre, là, comme ça !
Gala : Etes-vous capable de pleurer devant un film d’amour ?
Arno : Non. Je suis trop réaliste.
Gala : C’est pourquoi vous chantez que, ce que vous avez retenu de votre premier baiser, c’est l’image d’une nouille sautée ?
Arno : (Amusé) Mais c’est vrai ! Je me souviens que quand la fille a rentré sa langue, c’était comme une nouille sautée dans ma bouche.
Gala : Il n’y a que vous qui pouvez écrire un truc pareil sans que l’on puisse vous en vouloir !
Arno : Un jour, une femme m’a dit : « Toi Arno, tu écris des chansons comme tu parles ». C’est vrai.
Gala : Est ce que vous aimeriez jouer dans un film romantique ?
Arno : Je veux faire ça une fois. Jouer un personnage qui n’est pas moi, c’est aussi une thérapie pour moi.
Gala : J’ai quand même du mal à croire que vous n’êtes pas romantique…
Arno : Ecoute, moi je suis amoureux de mes enfants. Ils sont ce qui compte le plus dans ma vie.
Gala : Vous en avez combien ?
Arno : Assez… J’aime mes enfants. Ils sont le plus important. Je vis pour eux. Et je n’ai que des fils. D’ailleurs, je pense beaucoup à mon père, qui est mort il y a un an, à cause de mes enfants, parce que je les vois comme mon père me voyait dans le temps. Mon père n’a jamais trompé ma mère, ça, j’en suis sûr. Elle était ce qui était le plus important pour lui. Quand elle est morte il a perdu 25 kilos. Ma mère, c’était la femme de sa vie !
Gala : Quand on a grandi avec pareil exemple, pourquoi ne pas y croire ?
Arno : Peut-être que je tiens de ma mère…
Gala : Croyez-vous qu’il y a un âge pour tomber amoureux ?
Arno : Non, ça peut arriver n’importe quand. Un jour j’ai dit ça à une copine qui n’y croyait plus. Je lui ai dit que tout pouvait arriver dans une vie qui est comme un film de cowboys, que ça pouvait même lui tomber dessus au rayon yaourt light d’un supermarché. Et je te jure que cette femme est tombée amoureuse d’un mec dans un supermarché. Ils sont ensemble depuis trois mois ! Moi, peut-être que demain je pourrais tomber amoureux… Ça m’est arrivé dans le temps ! Ah ben oui, dis !
Gala : Et ça donne quoi un Arno amoureux ?
Arno : Je me souviens, il y a très longtemps, je dinais avec une femme, les yeux dans les siens, j’étais paralysé, et je suis resté la fourchette bloquée pendant 5 minutes dans la bouche ! C’est elle qui m’a dit : « Arno, enlève ta fourchette » (il se marre). Si tout le monde était comme moi, on serait dans la merde hein !
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