Nos confrères de « Paris Match » ont laissé la parole à Marine Lorphelin dans les pages de leur nouveau numéro. L’ancienne Miss lutte tous les jours contre le coronavirus en tant qu’interne à l’hôpital. Elle raconte son quotidien rythmé par des décès, des petites victoires et des incertitudes.
Depuis le début de la propagation du coronavirus en France, Marine Lorphelin se retrouve en première ligne et se mobilise au quotidien pour contrer l’épidémie. Interne au sein d’un établissement de la Fondation Cognacq-Jay, en périphérie parisienne, l’ancienne Miss de 27 ans ne compte plus ses heures. Mais entre deux gardes, elle a trouvé le temps de raconter à quoi ressemble une journée type pour nos confrères de Paris Match. Dans son édito, Marine Lorphelin évoque ses doutes, ses craintes mais aussi sa difficulté à être confrontée à autant de décès, elle qui se prépare à devenir médecin généraliste. Surtout que pour la jolie brune, tout est allé très vite dès le début. « Mon service de médecin interne a été le premier à accueillir des patients Covid-19. J’étais un peu déboussolée, car je n’avais pas l’habitude de gérer autant de détresses respiratoires. (…) Il fallait agir vite« , livre-t-elle.
La fiancée de Christophe explique avoir « six ou sept patients » à sa charge. « Ça ne paraît pas énorme, mais, quand l’état d’un ou de deux d’entre eux se détériore, ça le devient rapidement« , explique-t-elle. S’ajoute à ce stress, le manque de contact humain qui joue sur le moral. « Pour rendre visite aux patients, je dois superposer des couches de protection : surblouse, tablier en plastique, charlotte, lunettes… On porte jusqu’à trois paires de gants, les uns par-dessus les autres. On a chaud. (…) Privés de tout contact, les malades vivent cette épreuve dans une solitude profonde, les couches de protection faisant autant barrière à l’humain qu’au virus. Ils me complimentent parfois sur mes yeux. C’est tout ce qu’ils voient de moi. »
Difficile de ne pas avoir envie de baisser les bras face à cette catastrophe dans les hôpitaux. « Je me suis d’abord dit qu’on n’allait pas s’en sortir« , reconnaît d’ailleurs Marine Lorphelin. D’autant plus que les malades graves se multiplient, incitant la jeune femme à prendre les devants. « Aujourd’hui, c’est nous qui nous retrouvons à faire des soins palliatifs. Je me souviens des premiers patients que nous avons accompagnés jusqu’à la fin. Bien entendu, je ne suis pas seule, je travaille avec mon médecin senior. Mais comment dire à quelqu’un qu’il est sans doute perdu ? A la fac de médecine, on apprend à examiner, à soigner. J’avais déjà fait face à des décès, mais là, en tant qu’interne, j’ai cette part de responsabilité d’annoncer parfois de mauvaises nouvelles.«
Durant ses gardes de 24h, le plus dur reste la nuit pour Marine Lorphelin, « entre 2 et 6 heures du matin« . Et pour cause, elle se retrouve en équipe très réduite pour tout gérer, à la fois les patients Covid-19 mais aussi les entrées aux urgences. « Dès que le téléphone sonne, le stress monte. Un traumatisme au genou, une prescription pour des antidouleurs, une sonde urinaire à poser à 4 heures du matin, une montée de fièvre soudaine… Cette variété contribue à l’intérêt des urgences mais, en tant qu’interne, la peur de ne pas savoir gérer m’habite encore. (…) Avec le manque de sommeil, je suis à fleur de peau. » Seul moment de répit pour Marine Lorphelin ? Lorsqu’elle peut enfin rentrer chez elle, au petit matin, et qu’elle téléphone à son chéri Christophe, confiné en Nouvelle-Calédonie. « On ne s’est pas vus depuis la mi-janvier. Impossible de prévoir nos retrouvailles. Mais le savoir en sécurité me réconforte. (…) Arrivée à la maison, je suis encore en train de lui raconter ma garde et je finis souvent par m’endormir au téléphone. »
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