Elle parle plus vite que son ombre, et a déjà fait rire des milliers de spectateurs et spectatrices avec son premier seule-en-scène, sobrement intitulé Un spectacle drôle. En cette fin d’année, la brillante Marina Rollman en livre les dernières représentations au Paradis latin, à Paris, entre deux chroniques à France Inter. Portrait. 

Autosuggestion

Fille d’un publicitaire et d’une touche-à-tout, elle grandit entourée de ses frères et sœurs dans un quartier résidentiel de Genève, près du parc Bertrand. Lieu phare de ses 5 à 18 ans, ce jardin public accueille ses premières fois : tour de manège, baiser, chagrin d’amour, mauvais joint. « À 12 ans, on a acheté du cannabis avec une copine. Pendant un moment, on s’est livrées à l’autosuggestion… En réalité, rien ne s’est passé. On nous avait vendu du romarin. » 

Casserole

À 20 ans, alors qu’elle est en train de rater ses études, elle participe à un concours de stand-up. Sur la scène du Ciné 13 Théâtre, à Montmartre, elle se liquéfie devant les cinq jurés silencieux éparpillés dans la salle. « Stylistiquement, j’ai fait vingt-deux trucs différents en huit minutes : un peu d’ironie, des personnages, puis une histoire… Rien n’allait. »

Quelques jours plus tard, elle découvre que sa prestation a été filmée. « Quand on me googlait, il n’y avait que ça qui sortait : une énorme casserole ! Une partie de moi est remontée sur scène cinq ans plus tard pour reléguer cette vidéo dans les limbes d’Internet. »

Fleuriste

À 12 ans, elle assiste le marchand de fleurs en bas de chez elle ; deux ans plus tard, elle donne des cours de voile – « avec mes collègues, on n’en avait rien à foutre, on revenait en gueule de bois et on fumait des clopes sur nos bateaux » – ; à 15 ans, elle est vendeuse à Septième Étage, « la boutique de sapes la plus cool de Genève ».

Adulte, elle travaille dans une épicerie iranienne qui vend aussi bien du lait concentré péruvien que des feuilles de vigne bulgares puis trouve un stage dans une boîte de prod « dirigée par des mecs cokés jusqu’à l’os qui produisaient des documentaires sur des marsouins ».

Natalie Portman

En 2011, Natalie Portman et Benjamin Millepied emménagent à Genève, où ce dernier signe deux créations des Ballets russes, Le spectre de la rose et Les sylphides. Le couple cherche quelqu’un pour garder son bébé, Aleph.

Recommandée par des amis communs, Marina passe un entretien sur Skype – « Vous aimez les enfants ? Vous ne vous droguez pas ? » – et décroche le job. « Il s’agissait surtout d’épauler Natalie et de la guider dans Genève. »

De retour à Los Angeles, le couple lui propose un poste d’assistante. « Craignant d’avoir l’illusion de bosser dans une industrie créative géniale, j’avais peur de naviguer à deux doigts de la fame et de tomber dans un cul-de-sac. » Elle refuse.

Odeurs

« Mon chien, un teckel arlequin à poils longs, est une saucisse merveilleuse qui ne sent pas bon de la bouche mais à qui je pourrais rouler des pelles car ça fait partie de ces odeurs dégueulasses qu’on adore, comme la transpiration des gens qui nous attirent physiquement. Ottavio, 3 ans, a un physique d’antiquaire milanais. Le seul problème : il aboie quand les gens arrivent. C’est un chien de droite. »

Whatsapp

Avec ses amies – la standuppeuse et réalisatrice Agnès Hurstel (Jeune & Golri sur OCS), la réalisatrice de publicité Chloé Bailly et l’humoriste et scénariste Lison Daniel (@les.caracteres) –, elles s’envoient entre « quatre et deux cents messages par jour. II nous est arrivé quelque chose de drôle et glauque récemment : pendant un couvre-feu, on s’est rendues à une boum de douze personnes et les flics ont débarqué, accueillis par un mec avec une personnalité de restaurateur gascon. Cinq minutes plus tard, ils ont enlevé leur masque et se sont mis à boire de la vodka. On avait l’impression d’être en Russie… ».

Folie

Elle écrit un long métrage, une chronique de femmes bien sous tous rapports qui basculent dans la folie, le lynchage, comme dans ses deux premiers courts métrages.

« Dans Gratitude, une professeure de yoga finit par avoir envie de buter tout le monde. Et dans Gina, une bourgeoise respectable au chevet de son mari mourant s’avère être une vraie délurée. Réaliser un film, c’est génial car ça demande d’avoir confiance en soi et d’agir comme cet homme cis hétérosexuel qui déclare : ‘Ouais, l’accouchement, je vois très bien comment ça se passe.' »

1. Les 16, 17 et 18 décembre à L’Olympia, Paris 9e .

2. Tous les mercredis sur France Inter dans La bande originale.

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