Luc Besson a été jugé, ce 27 novembre 2019, pour licenciement discriminatoire de Sophie F., son ancienne assistante de direction. Dix mois de prison avec sursis sont requis.
Mercredi 27 novembre 2019, se tenait l’audience de Luc Besson devant le tribunal correctionnel de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Il est poursuivi pour licenciement discriminatoire par son ancienne assistante de direction, Sophie F. Cette affaire est portée devant le tribunal suite à une enquête de l’inspection du travail. Luc Besson était absent à cause de l’opération de blocage organisée par des agriculteurs, laquelle a paralysé le périphérique parisien avec des tracteurs.
L’histoire commence il y a quatre ans, quand la quinquagénaire prend son poste chez Europacorp. « Lors du premier entretien, il m’a fait attendre quatre heures. J’aurais dû partir », témoigne à la barre Sophie F. La présidente du tribunal, Alexandra Vaillant résume « la relation de travail » entre l’employée et l’employeur : « Les demandes par SMS sur son téléphone personnel le soir, le week-end et pendant ses congés« , « les tâches relevant de la vie privée« … « Je devais retranscrire tous ses scénarios à partir de textos sur mon téléphone personnel. C’est quelqu’un qui ne me parlait pas, qui ne m’aimait pas« , déclare Sophie F. Elle est notamment en charge de l’organisation de voyages pour le couple Besson, la prise de rendez-vous chez le médecin pour les enfants, chez le coiffeur ou chez l’esthéticienne pour madame Besson…
La présidente lit une autre déclaration. L’affaire a lieu durant l’été 2015 quand Sophie F. part en vacances. Son employeur la presse par SMS : « Qui s’occupe de mes messages et par qui je passe pour organiser mes voyages pendant ton absence ? » « Il m’a appelée pour exiger un mail d’excuses si je ne voulais pas être virée« , assure-t-elle devant le tribunal. En réponse à cet e-mail versé au dossier, le cinéaste répond que Sophie F. « ne s’était pas organisée avant de prendre ses congés » et que cet e-mail a été écrit à « sa propre initiative« .
À propos de son ancienne assistante de direction, Luc Besson déclare : « Quand je l’ai rencontrée, elle venait de perdre son travail, je sais les difficultés pour une femme seule avec des enfants pour trouver un emploi. Elle était maladroite, faisait des erreurs, je l’ai soutenue longtemps.«
La situation s’envenime quand le cinéaste lui refuse trois jours de vacances à la Toussaint, en 2017 : « La goutte d’eau qui fait déborder le vase. » Elle récupère sa demande avec un « non » entouré. « Effondrée, littéralement choquée par le mépris« , témoignera une collègue présente ce jour-là. Sophie F. envoie un message à son patron : « Je ne comprends pas votre refus, je n’ai pas d’autre choix que de les prendre en raison d’une urgence familiale. Bien entendu, je resterai joignable. Pouvez-vous me donner votre accord ? » Son médecin traitant l’arrête. « J’étais devenue son esclave« , assène Sophie F.
Cet arrêt de travail, qualifié de frauduleux par Luc Besson est le point de départ de son licenciement pour « faute grave » le 9 janvier 2018. La société Europacorp estime que ce n’est qu’un alibi pour prendre ses congés. Son arrêt de travail dure finalement trois mois avec une impossibilité de reprendre le travail, selon les quatre médecins qui ont suivi la plaignante. Maître de Senilhes affirme que Luc Besson n’a pas licencié son assistante parce qu’elle était en congé maladie mais pendant son congé maladie. « Il n’y a rien de discriminant » a t-il ajouté.
L’enquête menée par l’inspection du travail conclue à un « management à revoir« , un des médecins fait état d’une réelle « souffrance« . Le procureur parle d’une « personnalité tyrannique » qui a placé Sophie F. « dans un état de sujétion permanente » et l’avocat de la partie civile, Me Mathieu Brulé, voit « une volonté punitive dans un contexte de harcèlement moral ». Après son licenciement, Sophie F. reste encore treize mois en arrêt maladie. Début novembre, elle a obtenu la condamnation de Luc Besson pour « harcèlement moral » devant les prud’hommes.
Le procureur Rémi Chaise réclame dix mois de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende à l’encontre de Luc Besson et 50 000 euros d’amende à l’encontre d’Europacorp.
Pour l’heure, Luc Besson reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés.
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