Il nous a quittés mais nous fait toujours autant rire ! Le maître de la comédie s’en est allé le 27 janvier 1983, faisant couler des larmes pour la première fois sur les joues de ceux qui l’aimaient…
Auréolé d’une formidable carrière consacrée à faire rire, l’inoxydable comique préféré des Français a dû attendre longtemps que les professionnels du cinéma lui rendent hommage, bien obligés de s’incliner enfin devant l’immense succès populaire. Jamais récompensé pour l’un de ses films, Louis de Funès aura attendu son 66e anniversaire pour recevoir un César d’honneur, des mains de son idole : Jerry Lewis. Pudique et timide à la ville, à l’opposé de ses grands rôles exubérants, l’immense acteur a été terrassé deux ans plus tard, le 27 janvier 1983, par une crise cardiaque, il y aura bientôt quarante ans. De son vrai nom Louis de Funès de Galarza, d’origine espagnole, il continue de s’adjuger les meilleures audiences à chaque fois que ses films sont rediffusés. Héritier de la grande tradition burlesque, passionné de jazz, l’acteur a démarré comme pianiste dans des bars parisiens avant d’enchaîner de petits rôles.
Claude Autant-Lara lui a offert l’un de ses premiers grands rôles au côté de Jean Gabin dans La Traversée de Paris. Bien plus tard, Jean Girault le transformera en gendarme pour l’éternité, avant La Grande Vadrouille réalisée par Gérard Oury et L’Aile ou la Cuisse signée Claude Zidi. « Boudés par la critique, ses succès continuent de faire rire les enfants de tous âges. Louis de Funès est un Trésor national ! » estime notre confrère Alain Kruger qui lui a consacré une première grande rétrospective à la prestigieuse Cinémathèque française, il y a deux ans. Louis de Funès aura tourné plus de 140 films, réunissant jusqu’ici plus de 400 millions de téléspectateurs et 270 millions en salles, rien qu’en France. Chapeau, maréchal des logis-chef Ludovic Cruchot !
©Begoin
Louis de Funès aura incarné à merveille les personnages les plus méchants et les plus injustes, se moquant d’eux au passage par ses célèbres mimiques. Ses films sont des succès partout dans le monde. Pendant la guerre froide, mais aussi en Espagne sous Franco, le grand acteur est devenu un exutoire contre la tyrannie. Avec lui, les menteurs, roublards, ronchons, grognards, grognons, égoïstes, colériques, racistes, méprisants ou obséquieux deviennent presque sympathiques…
4 mai 1965, à l’aéroport d’Orly
La brigade de Saint-Tropez au grand complet s’envole pour l’Amérique. De gauche à droite, Michel Galabru, Guy Grosso, Michel Modo, Christian Marin, Jean Lefebvre et Louis de Funès, sur le chariot à bagages.
Octobre 1968, avant-première à Paris du Gendarme se marie
Louis est venu avec son épouse à la ville, Jeanne Barthélemy, qui lui a donné deux enfants. L’acteur s’est marié une première fois en 1936 avec Germaine Carroyer, la mère de son fils aîné, Daniel, décédé en 2017, à l’âge de 79 ans. Le père et le fils se sont peu vus. Surnommé le fils caché, Daniel a affirmé qu’il a appris le décès de son père à la radio…
5 mars 1973, Paris
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Rencontre au sommet entre Alice Sapritch, Louis de Funès et Gérard Oury qui les a réunis deux ans plus tôt dans La Folie des grandeurs. Yves Montand incarne Blaze, le domestique du très méchant don Salluste. Alice Sapritch, qui a tourné aussi dans Sur un arbre perché au côté de Louis, livre une inoubliable composition en dona Juana.
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Quand il ne tournait pas, l’acteur cultivait son jardin secret : les plantes et les roses en particulier. L’une d’elles porte d’ailleurs son nom. Dans le potager et le parc de son château près de Nantes, Louis de Funès a été un précurseur de l’écologie : « Je n’utilise aucun engrais chimique. Je laisse les insectes se balader sur mes arbres et les oiseaux manger mes fruits. Ils m’en laissent toujours assez ! Les plantes sont plus robustes ! » Son mot d’ordre : « Plutôt planter mes choux que bâcler un film ! »
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Maurice Chevalier et Louis de Funès sur les planches de Deauville, le 14 juin 1966. Le premier a été de ceux qui étaient persuadés du talent de l’acteur, l’incitant à ne pas abandonner. Selon le biographe Jean-Marc Loubier qui a écrit deux livres sur Louis de Funès, les deux amis se rendaient fréquemment à la maison de retraite des vieux comédiens pour visiter leurs aînés, laissant souvent des chèques très conséquents, totalement à l’opposé de la supposée avarice de l’acteur.
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Ils ont formé le duo star du cinéma pendant plus de trente ans. Bourvil et Louis de Funès ont tourné une dizaine de films dont La Grande Vadrouille, mais aussi Le Corniaud et La Traversée de Paris. Parfois bougon sur les tournages, De Funès retrouvait le sourire grâce à son copain. Bourvil lui chantait sa célèbre chanson : « Bzz, bzz, bzz, les abeilles/Elles vont par cent et par mille/Sur les fleurs qui s’ouvrent à peine… » Ça marchait à tous les coups !
©Begoin
Dans les coulisses de Hibernatus sorti en salles en 1969, avec l’inénarrable Paul Préboist et Claude Gensac, qui a si souvent joué sa femme à l’écran.
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Des milliers d’anonymes sont venus lui dire adieu le 29 janvier 1983 en l’église Saint-Martin du Cellier (Loire-Atlantique) où il vivait, à quelques encablures, dans son château de Clermont. Seuls Michel Galabru et Colette Brosse représentaient le monde du spectacle… Des obsèques simples comme sa dernière demeure, selon ses volontés. Dans le petit cimetière de la commune, pas de pierre tombale mais un rectangle végétal et une croix, « dans la sobriété élégante des cimetières militaires ». Son épouse, Jeanne, l’a rejoint en 2015, à l’âge de 101 ans.
©Begoin
Né en deuxième noce en 1949, Olivier de Funès, qui a été pilote de ligne pour Air France, a partagé dans sa jeunesse l’affiche avec son père dans six films dont Le Grand Restaurant, Les Grandes vacances, L’Homme orchestre et Sur un arbre perché. Olivier est aujourd’hui administrateur de l’association qui gère le très beau musée Louis de Funès à Saint-Raphaël. Son frère, Patrick, est médecin et écrivain.
FRANÇOIS PERRET
Photos Collection privée Ici Paris
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