Avant de devenir le compagnon de Léa Salamé et député européen, Raphaël Glucksmann a passé plusieurs années en Géorgie. Ce qu’une partie de la gauche lui reproche aujourd’hui en plein conflit entre la Russie et l’Ukraine. Face aux attaques, l’homme politique s’est longuement expliqué sur Twitter, et il ne mâche pas ses mots.

Alors que la guerre sévit en Ukraine, le passé de certaines personnalités politiques vis-à-vis de la Russie de Vladimir Poutine resurgit et est regardé avec un autre œil. Dans ce contexte tendu, le député européen du groupe Place publique, Raphaël Glucksmann est questionné par certains sur son passage en Géorgie dans un montage diffusé sur les réseaux sociaux qui se veut humoristique. « Ne jamais demander à une femme son âge, à un homme son salaire, à Raphaël Glucksmann ce qu’il faisait en Géorgie de 2005 à 2012 », peut-on lire sur la publication qui est arrivée jusqu’au principal intéressé. Vu la gravité de la situation, le compagnon de Léa Salamé ne pouvait pas laisser passer. « J’ai vu cette chose circuler dans certains cercles ‘de gauche’, j’ai pour habitude d’ignorer les attaques et les mensonges (type Irak 2003), mais là ça touche à une fracture si cruciale que je vais le faire. Parler de mon combat. Et souligner le gouffre qui nous sépare », a-t-il posté sur Twitter ce lundi 28 février. Le premier d’une série de seize messages dans laquelle l’essayiste se défend et s’explique très précisément.

« Depuis 2000, j’ai milité contre la guerre de Poutine en Tchétchénie (100 000 personnes exterminées sur un peuple d’un million), co-fondé une association pour accueillir en Europe des étudiants tchétchènes. Cette’ gauche anti-impérialiste’ était totalement absente », a d’abord expliqué le philosophe. « Je suis parti faire un film sur les révolutions de couleur à l’est de l’Europe, en Ukraine (révolution orange) et en Géorgie (révolution des roses) », a raconté sur Twitter Raphaël Glucksmann. « Ces révolutions étaient des insurrections populaires menées par des jeunes activistes démocratiques en proie à l’hostilité féroce de Poutine. Et de toute une part de la gauche française qui les qualifiait de ‘coups d’État de la CIA’ », a-t-il ensuite rappelé, taclant ceux qui l’accusent.

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1/16 J’ai vu cette chose circuler dans certains cercles « de gauche », j’ai pour habitude d’ignorer les attaques et les mensonges (type Irak 2003), mais là ça touche à une fracture si cruciale que je vais le faire. Parler de mon combat. Et souligner le gouffre qui nous sépare. pic.twitter.com/GdYRdR41mp

Il est resté pour soutenir les Géorgiens

« Puis il y eut l’invasion de la Géorgie en 2008. J’étais coincé une nuit à un barrage militaire russe au sud de Gori avec deux autres journalistes et ma caméra. Les paramilitaires russes pillaient, tiraient… Soudain le Général Borissov, chef des forces d’invasion, vint vers nous », a confié celui qui, à cette époque-là, ne connaissait pas encore Léa Salamé. Face aux propos insultants tenus par le Général qui lui aurait lancé : « Ici c’est pas l’Europe, c’est la Russie », l’homme engagé avait alors décidé de rester sur place et de faire plus qu’un film. Raphaël Glucksmann affirme être resté pour « aider les Géorgiens ». « De 2009 à 2012. J’ai vu la légèreté des dirigeants européens depuis un pays tiers, occupé et menacé, leur aveuglement face à Poutine qui nous a menés là », a-t-il déploré sur Twitter.

« Cette part de la gauche me débecte »

« J’ai essayé de dire que la Géorgie n’était qu’une étape pour Poutine. Je fus accueilli avec scepticisme dans les chancelleries. Et avec hostilité dans cette part de la gauche, qui continue donc à délirer à ce propos (« Glucksmann agent de la CIA » est né à ce moment) », a poursuivi l’ancien mari de la femme politique géorgienne Eka Zgouladze avec qui il a eu un enfant. Une femme qui a depuis obtenu la nationalité ukrainienne. « La guerre en Ukraine clarifie tout. Je n’aurai jamais rien à voir avec ceux qui ont traité par le mépris ou la haine les révolutionnaires géorgiens, ukrainiens ou syriens. Je me moque qu’ils se disent de gauche », a posté Raphaël Glucksmann.

« Cette part de la gauche qui préfère les tyrans à ceux qui les combattent me débecte. Elle ne vaut rien à mes yeux face aux souffrances des Tchétchènes ou des Syriens. Ou face à l’héroïsme des résistants ukrainiens. Rien », a ajouté avec force celui qui partage la vie de Léa Salamé. « Je ne reviendrai plus sur mon cas personnel et je ne parlerai plus de cette gauche qu’un anti-impérialisme de pacotille conduit à nier le droit des peuples à vivre libres », a également écrit le député européen.

Article écrit en collaboration avec 6Medias

Crédits photos : PATRICK BERNARD / BESTIMAGE

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